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La longue et pénible agonie du Parti Québécois — de 1995 à aujourd’hui

Depuis l’échec référendaire de 1995, le Parti québécois est en déclin. La première élection après cette défaite (1998), le Parti Québécois (PQ) a obtenu une majorité parlementaire, mais a perdu le vote populaire. Son purgatoire s’est poursuivi le 14 avril 2003 lorsqu’il perdit le pouvoir aux mains des libéraux de Jean Charest.

Depuis ce temps, le parti souverainiste a vu ses appuis fondre comme neige au soleil d’une élection à l’autre. Cette formation politique a même atteint un plancher historique lors du dernier scrutin. Les péquistes ont fait seulement élire dix députés, le même nombre que QS, il fallait le faire. Maintenant, plusieurs observateurs politiques pensent que ce qui fut un grand parti est condamné à disparaitre et qu’aucun des quatre aspirants chefs ne pourra renverser la vapeur. Comment expliquer cette descente aux enfers ? Allons voir cela de plus près.

Le déclin de sa raison d’être

Tout d’abord, depuis sa création en 1968, le but principal du Parti Québécois est l’indépendance du Québec. C’est un peu en partie grâce à ce projet, mais surtout à cause du déclin de l’Union nationale, dans les années 60 et 70, que les troupes de René Lévesque ont pu prendre rapidement le pouvoir en 1976. Cependant, il faut admettre que les problèmes de corruption du gouvernement Bourassa ont contribué au triomphe péquiste. Malgré tout, le parti subit deux retentissants échecs : les défaites lors des référendums sur la souveraineté en 1980 et en 1995.

Les questions des deux référendums ne portaient pas clairement sur l’indépendance pure et le camp souverainiste a quand même été vaincu. Combien de Québécois voteraient OUI à une question claire ? : Voulez-vous que le Québec devienne un pays indépendant, oui ou non ? Selon moi, le OUI obtiendrait maximum 30 % des votes. Donc, c’est perdu d’avance et le PQ devrait passer à autre chose. Les Québécois ont clairement exprimé deux fois leur souhait de demeurer dans la fédération canadienne. Le gros problème du PQ est le fait qu’il n’a jamais compris le message du peuple québécois. Alors, il a continué de parler de souveraineté et d’en faire la promotion. De ce fait, les Québécois nationalistes ont arrêté de l’écouter et de s’y intéresser. Alors, ils ont décidé d’appuyer d’autres partis nationalistes comme l’ADQ et la CAQ. En conséquence, tant et aussi longtemps que le PQ refusera de remettre en question son article un, il sera condamné à la marginalisation à court terme et à l’agonie à moyen terme.

Un nationalisme mou

Subséquemment, avant 1995, le PQ prônait un véritable nationalisme fort et décomplexé. Mais, tout a changé le soir du 30 octobre 1995. Dans son discours de défaite, Jacques Parizeau a dit que le OUI a perdu à cause de l’argent et du vote ethnique. Depuis ce temps, le PQ est hanté par cette déclaration controversée de son ancien chef. Ultérieurement, les péquistes se sont éloignés du nationalisme québécois. Surtout lors du passage houleux d’André Boisclair à la tête du PQ (2005 à 2007). Ce dernier s’est distancié du nationalisme. Lors de la crise des accommodements raisonnables, ce dernier a laissé toute la place à Mario Dumont.    La position molle du chef péquiste a été catastrophique pour le PQ, car l’ADQ a terminé devant lui lors des élections de 2007, et ce, grâce à son discours identitaire fort. Cependant, il y a eu un petit réveil nationaliste lors de l’épisode de la Charte des valeurs. Mais, Pauline Marois a déclenché des élections hâtives et le poing levé de PKP en faveur de la souveraineté a fait couler le navire péquiste. 

Néanmoins, le successeur de Mme Marois, Jean-François Lisée, s’est éloigné du nationalisme et désavoué l’ancienne proposition de son parti sur la laïcité. De ce fait, le nouveau chef a adopté une position tiède et morne sur cette question. Cela n’a pas plu aux Québécois et ils ont porté au pouvoir la CAQ le 1er octobre 2018 et la CAQ est devenue la principale force politique du mouvement nationaliste. Donc, l’impopularité de sa raison d’être et son rejet du nationalisme expliquent très bien le déclin du Parti québécois.

Est-il trop tard pour le parti fondé par René Lévesque ? Il est minuit moins une. Ce parti a encore une chance d’être revigoré, mais il doit faire deux choses.

Tout d’abord, le PQ doit mettre de côté son projet d’indépendance et devenir une formation politique très nationaliste. Devant le nationalisme mou et de façade de la CAQ[1], le PQ pourrait se démarquer en adoptant des positions audacieuses comme une laïcité pure à la française, la défense du fait français au Québec[2] et le fait de choisir une immigration qui est compatible avec nos valeurs[3].   De ce fait, aux yeux de cet électorat, le PQ pourrait redevenir la véritable force du nationalisme québécois. De plus, ce dernier pourrait adhérer et prôner un conservatisme identitaire.

Ensuite, le recentrage du discours péquiste sur les plans social, économique et environnemental serait nécessaire. Actuellement, le PQ flirt avec le socialisme. On dirait qu’il veut être aussi à gauche que QS. Un virage vers le centre rejoindrait une majorité de Québécois qui sont des modérés. De plus, une politique d’exploitation des ressources naturelles (tout en respectant l’environnement, serait rafraichissante pour le PQ au lieu de s’opposer idéologiquement à tout projet en ce sens. Cela permettrait à la nation québécoise de devenir riche et prospère. Avec cet argent, le PQ pourrait prôner une baisse du fardeau fiscal des Québécois, qui sont les plus taxés en Amérique du Nord. Pareillement., d’autres mesures pourraient se retrouver dans le programme du PQ : l’abolition des subventions aux entreprises jumelées avec une baisse d’impôts de celles-ci. Comme cela, le Parti québécois se rapprocherait de la classe moyenne et des PME.

Le PQ est sur la voie de la disparition politique. S’il ne se réforme pas, il ne survivra pas. J’estime que l’abandon du projet souverainiste, un virage nationaliste et un recentrage dans les autres domaines sont primordiaux pour ce parti et sa survie en dépend. Le prochain chef va-t-il s’engager dans cette voie ?

Sylvain Gaudreault n’adhère pas du tout au conservatisme identitaire et il est très gauche sur le plan social et économique. J’estime que seul Frédéric Bastien pourrait enclencher ce virage nationaliste. Mais, sa profession de foi à l’indépendance est un obstacle à ce changement. Donc, pour répondre à la question, non, je ne vois pas personne qui serait en mesure de faire cette conversion nécessaire. Ce n’est pas une bonne nouvelle, car la CAQ est seule sur la patinoire en ce moment et sa tiédeur nationaliste va empêcher le Québec d’avancer sur le plan identitaire…

En terminant, la nation québécoise doit se doter d’un véritable programme nationaliste afin de renforcer la langue française et assurer le caractère laïc de l’État québécois.   Voilà ce que désire le peuple québécois : une nation québécoise fière, riche et prospère à l’intérieur d’un Canada paisible. Face à la tiédeur caquiste, le Parti québécois pourrait devenir la courroie de transmission de l’État-nation québécois. Malheureusement, son obsession référendaire l’aveugle et l’empêche de voir la réalité. Pendant ce temps, c’est la nation québécoise qui en paie le prix…


[1] Qui est caractérisé par une position molle sur la laïcité et son désir de ne pas mettre en place des mesures fortes pour défense le français, etc.

[2] Cela va passer par l’amélioration de l’apprentissage du français au primaire et secondaire. De plus, une baisse importante du seuil d’immigration est nécessaire afin d’arrêter le déclin de la majorité historique francophone.

[3] La langue française devrait être le premier critère de sélection. Donc, on devrait choisir des gens en provenance de pays francophones comme la France, l’Algérie, La Roumanie, etc.

Simon Leduc

Ancien éditeur en chef du Prince Arthur Herald et ex-blogueur au Huffington Post Québec. Chroniqueur pour le journal Contrepoids et blogueur.

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