La sinophobie : l’arme de la Chine pour faire taire les critiques

Ça revient constamment lorsque les médias ou des militants dénoncent les actions illégales du Parti communiste chinois dans nos pays ou bien en Chine. Le mantra est toujours le même : vous êtes sinophobes, des racistes qui attaquent les Asiatiques. De nos jours, personne ne souhaite être qualifié de raciste, et le PCC est parfaitement capable d’utiliser cette attaque disqualifiante pour faire taire les critiques des défenseurs des droits de la personne ou les médias. Explication.

Justin Trudeau a bénéficié de l’appui du PCC présent au Canada par une importante et riche diaspora. La Chine bénéficie ici de plusieurs consulats, d’une ambassade, de nombreuses associations communautaires, étudiantes, commerciales et culturelles. Plusieurs de ces organisations travaillent au sein de ce qu’on nomme le Front Uni. Le PCC voit les Chinois à l’étranger comme étant une diaspora à soumettre à sa volonté. Malgré des différences politiques et nationales, le PCC considère chaque chinois comme étant un sujet du Parti, même s’il n’a pas d’ancêtres proches ayant vécu en République populaire de Chine. L’unité du peuple chinois étant avant tout ethnique.

Or, le régime chinois sait très bien comment culpabiliser les Occidentaux et faire taire les critiques. Lors des premières vagues de la pandémie de Covid-19, de malheureux faits divers ont impliqué des Asiatiques qui furent victimes d’agressions physiques ou verbales. Ce fut là une occasion en or pour le PCC de créer une campagne qui s’organisait autour du slogan Stop Asian Hate. Ils considéraient les asiatiques comme devant être protégés par le Parti communiste chinois, même si leur pays d’origine est probablement une cible des visées expansionnistes du Parti à l’étranger.

C’est comme ça que l’argument du racisme a été utilisé à toutes les sauces par le régime chinois. Pour diffamer, disqualifier. Par exemple, parmi les attaques les plus perverses, le PCC affirme que d’utiliser l’acronyme anglais CCP serait raciste, car il serait utilisé par les médias occidentaux pour disqualifier le Parti. Ils souhaitent qu’on utilise CPC (Communist Party of China) car il est utilisé de manière officielle dans les communications du gouvernement depuis quelques années, faisant remonter les articles élogieux au sommet des recherches sur Google. Or, CCP était utilisé lors des communiqués officiels du ministère des affaires étrangères jusqu’à récemment. Et ça c’est sans compter la bande de trolls ou armée des 50 cents qui qualifie toute critique de la Chine de raciste ou sinophobe.

De même, les médias officiels chinois ont fait beaucoup de reportages sur les tensions raciales aux États-Unis et la violence contre les Afro-Américains. Bien sûr, pour n’importe qui d’honnête intellectuellement, c’est l’hôpital qui se moque de la charité. En effet, lors de la première vague, des incidents ont circulé sur les réseaux sociaux des observateurs de la Chine montrant des actes racistes à l’égard de noirs vivants là-bas. Des gens expulsés de chez eux, des affiches pour empêcher les noirs et les étrangers en général de rentrer, des insultes sur la rue. Et ça, c’est seulement pour la pandémie. Nous ne parlerons pas des camps de prisonniers pour la minorité ouïghoure. Seule la Chine est allée aussi loin dans une entreprise de génocide culturel lors des dernières années. Et ces gens ont le culot de dénoncer le Canada concernant la mise à jour de l’histoire des pensionnats autochtones.

Justin Trudeau n’a fait que reprendre la propagande du PCC pour justifier l’appui de la Chine pour sa campagne électorale. En misant sur le racisme contre les Asiatiques, il tente encore une fois de noyer le poisson face aux allégations très graves d’ingérence de la Chine dans notre processus démocratique. Trudeau devra répondre un jour de ses actes. Il ne pourra pas éternellement faire appel à la peur du péril jaune pour avoir mis ainsi notre démocratie en danger. De même que la Chine en accusant tout le monde de racisme va produire le même effet que les militants woke : créer un vrai racisme là il n’existait pas avant.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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