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La télévision traditionnelle se meurt, et ce n’est pas sans raison

Chaque jour, de nouvelles informations concernant l’avenir précaire de la télévision circulent. Si ce n’est pas le retrait d’une émission, on parlera de coupures de postes, ou bien la qualité plus que douteuse de plusieurs programmes. Si le phénomène est mondial, il semble particulièrement exacerbé au Québec. Voyons voir pourquoi la télé québécoise vit des moments difficiles.

Nous avons appris récemment que la moyenne d’âge des téléspectateurs de Noovo serait de 50 ans, TVA, 57 ans, et Radio-Canada, 58 ans. Cela se reflète dans l’offre des téléséries au Québec. Par exemple, TVA offrira des téléromans adaptés à un public de retraités avec Julie Le Breton, mais avec un quota de « diversité » pour donner un vernis de modernité à une télé en manque d’inspiration.

Il y a à peine quelques années, des petites chaînes telles qu’Évasion osaient essayer de nouveaux concepts. De nos jours, ils se contentent de faire passer des séries américaines doublées ou encore des téléréalités étrangères. Pourtant, si l’on regardait Évasion, c’était pour avoir une vision québécoise du voyage et des autres cultures.

Mais le pire, c’est probablement TVA et Radio-Canada. Ces chaînes ne se soucient même plus de se donner une apparence d’objectivité quand ils traitent de sujets de société. C’est de la propagande mur à mur. TVA fait dans le sensationnalisme, tente de faire peur à sa clientèle vieillissante. On l’a vu avec la pandémie, qui a franchement dérapé à tous les niveaux. TVA récolte aujourd’hui une bonne partie de la haine et du ressentiment qu’ils ont semé chez les « covidiots » et autres « touristatas ».

Les vedettes de la chaîne, qu’il s’agisse de Mario Dumont ou Charles Lafortune, se plaignent du mauvais traitement qu’ils subissent sur les réseaux sociaux et de l’avenir inquiétant de la télé au Québec. Pourtant, n’est-il pas venu à l’esprit de ces animateurs vedettes que les Québécois sont une petite nation, et qu’ils n’aiment pas que l’on se moque qu’eux?

Quant à Radio-Canada, elle défend le plus sérieusement du monde un agenda libéral autoritaire. Avant le mandat minoritaire de Trudeau, la boîte essayait de se donner une apparence de respectabilité. Maintenant elle ne fait plus semblant. Passez quelques minutes sur leur site. Vous verrez des « nouvelles » qui semblent être des reprises de Vice ou d’Urbania.

On peut dire aussi que le petit milieu des artistes, surnommé de façon péjorative la « clique du plateau », s’est vraiment aliéné une bonne partie de la population sur les agendas pandémiques et « woke ». Les humoristes, de même que les chanteuses, n’hésitent plus à se moquer publiquement d’une partie de la population sur leurs réseaux sociaux. Dans une société qui valorise la cohésion, est-ce que ce comportement pourrait en effet contribuer à un sentiment grandissant de haine envers ceux-ci?

À une certaine époque, les Québécois de tous les âges regardaient leur télé. On se souvient tous des Bougon, de Radio Enfer, même du Coeur a ses raisons. Qu’est-ce qu’il s’est passé depuis? Il faut dire que la compétition des sites de streaming américains n’a pas aidé un Québec en retard sur la numérisation de ses œuvres. Par exemple, il est difficile de nos jours de regarder de nouveaux films québécois sans passer par une plate-forme difficile d’utilisation.

Ou peut-être tout simplement que la jeunesse québécoise ne s’intéresse pas au contenu québécois, car il n’est pas pertinent pour lui? C’est possible. Dans l’ère des films Marvel et de Netflix, il est difficile d’attirer un public québécois pour regarder des téléromans qui ont pour seul argument moderne de mettre en tête d’affiche des quotas ethniques.

Un paradoxe de la télé québécoise, c’est qu’elle met de l’avant la « diversité » qui touche nos vies, mais ladite diversité ne regarde tout simplement pas la télé d’ici après s’être plainte pendant des années « qu’elle ne se sentait pas représentée ». Les jeunes québécois vont aussi voir ailleurs.

De même, il n’existe plus de bonnes émissions d’affaires publiques et politiques. Il ne reste que Tout le monde en parle qui dure depuis 20 ans maintenant. On sent un Guy A blasé de toutes ces années à voir défiler des invités tous plus idéologues les uns que les autres. À chaque fois qu’une nouvelle soupe du jour fait les manchettes, qu’il s’agisse du racisme systémique ou des théories du genre, Radio-Canada invite toujours les mêmes universitaires et autres idéologues libéraux libertaires.

Dans un marché aussi compétitif, les artistes québécois devraient arrêter de blâmer les GAFAM et regarder dans leur cour. Au lieu de toujours demander des subventions ou de nouvelles lois liberticides au nom de la culture, c’est à eux de trouver la solution pour renouer avec le public. La télé d’ici a au moins deux décennies de retard à rattraper si elle ne veut pas s’évaporer avec la génération boomer. Le temps est compté.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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