L’avenir du Québec inspire confiance malgré tout, celui du Canada, beaucoup moins

Le Québec fait officiellement partie du Canada, mais ces deux sociétés fonctionnent de façon distincte. Même si certains pensent que le Québec est lentement en train d’être absorbé par le Canada postnational de Justin Trudeau. Celui-ci fait mieux que la plupart des provinces canadiennes dans de nombreux domaines, et cela donne confiance que malgré la crise économique actuelle, il s’en sortira. Ce qui est beaucoup moins certain pour le Canada. Voici pourquoi.

Tous les indicateurs sont au rouge au Canada anglais : le coût de la vie explose, encore plus qu’au Québec. La crise du logement est telle que certains Ontariens ou Britanno-Colombiens viennent vivre dans la belle province en espérant y dénicher un logement moins cher que chez eux. Promenez-vous dans n’importe quelle ville du « ROC », vous y trouverez des centres où s’agglutinent des zombies en manque de drogue.

Même à Ottawa, on peut y constater qu’il y a déjà une sacrée différence avec Montréal. Est-ce parce que l’État-providence est mieux développé au Québec qu’ailleurs au Canada? C’est possible. Dans un récent article du Journal de Montréal, un sans-abri, qui parcourt le Canada avec son chien, disait qu’à Vancouver, il n’y avait que deux classes sociales : les riches et les pauvres.

Et que l’hostilité des provinces anglophones à l’égard des sans-abri était bien réelle. Au Québec, il est hébergé chez des gens qui appuient son projet d’ouvrir des refuges pour sans-abri autorisant les chiens. Au Québec, les enjeux d’itinérance touchent la population en général. Les gens n’hésitent pas à donner. Ou même à acheter un repas aux gens de la rue.

D’où la réflexion qui me fait dire que nous avons encore au Québec une cohésion qui fait cruellement défaut dans le « ROC ». Lors du décès de Karl Tremblay, le légendaire chanteur des Cowboys fringants, c’est tout un peuple qui lui a rendu hommage. Leur dernier grand concert sur les plaines est déjà inscrit dans l’histoire comme un moment de communion du peuple québécois envers l’un de ses grands groupes.

Dans nos régions, nous sommes solidaires des gens dans le besoin. Sur Facebook, lorsque quelqu’un demande de l’aide pour nourrir ses enfants, plusieurs répondent à l’appel. Un homme croisé à Sherbrooke, qui est originaire de ma ville natale (La Baie au Saguenay) me disait que maintenant, depuis la pandémie, les gens de notre ville ne se plantaient plus les uns les autres. Qu’ils ont choisi de s’entraider dans l’adversité.

Alors qu’à l’inverse, ce que nous constatons du Canada anglais, c’est un terrible manque de cohésion. À Toronto, le maire doit avertir ses « citoyens » de ne pas déféquer sur les plages du lac Ontario. Mais de qui parle-t-on ici? Sûrement pas des quelques anglophones de souche qui restent dans la ville. Mais plutôt de communautés venues d’ailleurs qui n’ont pas le même respect minimal de l’hygiène publique.

Les tensions ethniques se multiplient à Toronto et ailleurs au Canada. Déjà, entre les communautés du sous-continent indien. Entre sikhs et hindous. Mais même entre partisans et opposants au Parti communiste chinois. Au Québec, voyons-nous de tels faits divers? Le peuple québécois est encore assez majoritaire pour assurer un semblant de cohésion entre les différentes communautés.

Les musulmans commencent lentement à accepter le fait qu’ils ne pourront pas exiger éternellement des accommodements religieux aux Québécois. Ceux qui décident de rester au Québec sont généralement des gens honnêtes et travailleurs. Quant au français, notre langue nous protège paradoxalement des pires dérives de l’Amérique du Nord anglophone. Tout comme notre hiver. Le français continuera d’être parlé ici pendant des générations, car ceux qui n’acceptent pas l’état de fait que nous sommes ici chez nous quittent après quelques années.

D’où l’importance parfois de relativiser le discours décliniste sur la langue française. Le français est parlé par la grande majorité des nouveaux arrivants qui viennent vivre au Québec, et ceux-ci parlent bien souvent le français à leurs enfants, qui étudient également dans la langue de Michel Tremblay à l’école. Le Canada anglais n’a certes pas de problèmes à imposer chez lui l’anglais. Mais il ne peut utiliser ce critère comme un moyen de filtrer le bon grain de l’ivraie.

L’intégration en français est plus exigeante au Québec, mais celle-ci est plus gratifiante. Des immigrants, et des enfants d’immigrants à qui je parle régulièrement, me disent que c’était un bon choix de venir vivre au Québec. Qu’ils se sentent inclus dans la communauté s’ils font l’effort d’apprendre le français. Qu’ici, une culture vibrante est palpable au quotidien. Ce qui est beaucoup moins le cas de l’Alberta.

Donc, c’est pour ces raisons que je crois que le Québec a un avenir. Mais que je suis beaucoup plus sceptique quant au Canada. Bien sûr, le Canada commence à prendre conscience du problème que représente l’arrivée massive d’immigrants tous en même temps, mais ceux-ci peuvent plus difficilement faire valoir des arguments d’ordres culturels pour imposer des règles de « vivre-ensemble ». Ce qui est paradoxalement est un avantage pour le Québec.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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