Le bateau de la CAQ coule : François Legault a-t-il quitté le gouvernail?

Le vendredi, 9 août dernier, le Québec subissait les restes d’un ouragan qui allait emporter avec lui des pertes considérables pour de nombreux citoyens. Mais c’est surtout de la réaction de François Legault qu’il faudrait parler. Le capitaine Legault a-t-il renoncé à mener son bateau dans la tempête pendant que celui-ci prend l’eau? Oui, c’est ce qui est arrivé. Et ce n’est pas la première fois.

Il n’y pas eu grand-chose ces derniers temps dans l’actualité politique : de nouvelles candidatures toutes plus prévisibles les unes que les autres chez les libéraux, Québec Solidaire qui tente d’exister malgré l’ennui que provoque leur course au « porte-parolat féminin ». Mais au moins, ces gens tentent d’exister malgré leur impopularité. On ne peut pas en dire autant de François Legault.

Celui-ci semble depuis au minimum un an être sur le cruise control, à gérer le Québec comme on le ferait avec un CPE. Mais l’affaire, c’est que la maison est en feu, ou bien le bateau prend l’eau dans la tempête. Au lieu d’être un leader et de s’imposer comme l’homme de la situation, François Legault nous parle de sa passion pour les livres. C’est très bien les livres, car justement au Québec, le goût de la lecture n’est pas tellement encouragé. Mais ce n’est pas le sujet.

François Legault a paru insensible aux pertes qu’ont subies les sinistrés. Au lieu de cela, il parle du 12 août comme de la journée pour acheter un livre québécois. Valérie Plante, qui n’est pas la politicienne la plus proactive normalement, a fait preuve de plus de leadership que le capitaine Legault. Il faut quand même le faire. Le slogan du premier ministre n’était pas justement, « continuons »?

Continuer quoi? D’abdiquer devant le fédéral qui grignote nos compétences? De toujours quémander sans jamais avoir quoique ce soit à se mettre sous la dent? François Legault, qui avait demandé aux Québécois un mandat fort pour négocier avec Ottawa, a eu ce qu’il voulait. Il a obtenu l’une des plus fortes majorités de l’histoire du Québec moderne. Mais qu’a-t-il fait de ce rapport de force? Rien.

C’est même pire que ça. Nous sentons que sur tous les dossiers, il est sur le cruise control, en cachant les problèmes sous le tapis en espérant qu’ils soient oubliés. Mais contrairement à la croyance populaire, les Québécois ont la mémoire longue. Ils savent lorsqu’on leur ment. Prenez Northvolt par exemple. Qu’est-ce qu’il se passe avec l’entreprise suédoise qui a reçu des milliards en subventions du gouvernement québécois? Rien. Le projet est en péril. Et il est probable que les Québécois ne revoient jamais la couleur de leur argent.

Le gouvernement de François Legault est comme un bateau, disons un Titanic, beau, grand et fort. Du moins en apparence. Mais à peine parti en mer, il frappe des obstacles, qui font entrer de l’eau dans la coque. Au lieu d’être le meneur d’hommes qu’il devrait être, François Legault espère qu’en bouchant les trous avec du tape, personne ne remarquera qu’il continue à couler. Mais voilà, c’est trop tard.

Que fait François Legault? Il abandonne son équipage en train de couler, et dit aux citoyens de ramer. C’est un peu comme ça qu’il faut voir ce premier ministre. Il était sûr de lui-même, mais à force de se confronter aux réalités du pouvoir, il a fini par s’en ficher royalement. Peu importe que le gouvernement fédéral envahisse nos compétences. Peu importe que des catastrophes naturelles touchent le Québec. Et tant qu’à faire, peu importe de jouer au casino avec l’argent des contribuables.

François Legault nous fait presque regretter « l’efficacité » d’un Philippe Couillard avec qui au moins on savait à quoi s’en tenir. Les gens détestaient la déconnexion du docteur Couillard, ainsi que sa gestion calamiteuse du système de santé. Mais Couillard, contrairement à François Legault, n’a jamais caché son aversion pour le Québec français. Les gens savaient que Philippe Couillard n’était pas un hypocrite. Il jouait à visage découvert. Vivement les élections de 2026, car les deux prochaines années seront longues. Très longues.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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