Les dépenses de l’agence gouvernementale USAID qui ont été mises en lumière par le DOGE piloté par Elon Musk ont fait beaucoup jaser. 3 millions de dollars ont été investis pour promouvoir l’action climatique centrée sur les filles au Brésil [avec le programme Climate Conversations for Girls]; 1,5 million de dollars octroyés pour promouvoir l’inclusion LGBTQ+ en Serbie. Qu’en est-il au Canada? Dans son financement d’initiatives à l’étranger, on constate la récurrence de certains thèmes. Sans surprise, le gouvernement Libéral a privilégié les programmes socialement progressistes.
Certaines initiatives sont parrainées par l’ONU. Par exemple: 20 millions de dollars alloués à l’Initiative mondiale du FNUAP pour une éducation complète à la sexualité dont la durée s’étend de juin 2024 à mars 2027. Le projet cible 10 pays, dont l’Argentine, le Bénin, la Colombie, l’Éthiopie, le Ghana, le Malawi, la Moldavie, les Philippines, la Tunisie et la Zambie. Il s’agit d’un « programme d’enseignement et d’apprentissage sur les aspects cognitifs, émotionnels, physiques et sociaux de la sexualité, [qui] permet aux jeunes de protéger et défendre leur santé, leur bien-être et leur dignité ». Leur site précise que « l’éducation complète à la sexualité doit reconnaître les besoins uniques des apprenant·e·s, notamment des groupes de jeunes vulnérables: LGBTQI+ (particulièrement les jeunes transgenres) ». Notez que le programme fait emploi de la novlangue et qu’il se soumet au barème hiérarchique intersectionnel.
On retrouve aussi une multitude de programmes LGBTQ+, comme « Visages pour l’égalité des genres » qui s’intéresse au combat pour les droits des personnes LGBTQ2I+ en Amérique centrale. Le Canada accorde 3,5 millions de dollars à ce projet, qui vise la mise en œuvre de stratégies nationales pour la reconnaissance légale de l’identité de genre en El Salvador, au Guatemala, au Honduras et au Nicaragua. 1 million de dollars est alloué à Voies d’avenir pour les personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres et intersexuées, pour effectuer des sondages sur les besoins, les stratégies et les capacités des organisations et réseaux LGBTI dans le monde entier. 2 millions et demi pour l’initiative Connecter les voix pour l’inclusion socioéconomique et les droits des personnes LGBTQI en Asie. Ce projet vise à soutenir les droits des personnes lesbiennes, gaies, bisexuelles, transgenres, queers et intersexuées (LGBTQI) en Asie. « Au moins cinq bénéficiaires de sous-subventions sont des organisations LGBTQI dirigées par des femmes et des organisations de femmes lesbiennes, bisexuelles et transgenres ». Non seulement finance-t-on des initiatives à l’étranger, mais celles-ci sont complètement régies par les dogmes du féminisme intersectionnel.
Plus de 4 millions sont destinés aux fonds d’affectation spéciale pour la normalisation de Bangsamoro aux Philippines. Il s’agit d’une initiative de la Banque Mondiale qui « vise à aider les anciens combattants du Front de libération islamique Moro (MILF – Moro Islamic Liberation Front) et leurs communautés à atteindre la qualité de vie inclusive et pacifique à laquelle ils aspirent ». Le montant est en partie destiné aux subventions pour le soutien socioéconomique des anciens combattants du MILF. Bien que le groupe ne soit plus impliqué dans des actes terroristes, ni dans des combats contre le gouvernement philippin depuis la signature d’un accord en 2014, on peut se demander en quoi ce financement bénéficie aux contribuables canadiens. Des critiques argueront que c’est peut-être un peu hâtif pour s’engager à aider un groupe responsable d’attaques sur plusieurs villages chrétiens en 2008, causant des dizaines de morts et le déplacement de milliers de personnes. Le MILF a peut-être renoncé au terrorisme, mais il reste d’obédience islamiste.
Le Canada finance également de nombreux programmes à l’étranger qui visent à lutter contre les changements climatiques et à faciliter la transition énergétique dans les pays en développement, dont le Fonds pour les technologies propres, qui se consacre à la réduction des émissions de gaz à effet de serre en favorisant le recours à des technologies propres et à faibles émissions de CO2, comme l’énergie éolienne et l’énergie solaire. Le Canada participe à des initiatives qui reflètent son idéologie, soit l’écologie politique. On peut formuler des critiques semblables à celles qu’on adresse aux politiques environnementales domestiques du gouvernement Libéral. Les investissements dans l’énergie propre et la transition énergétique peuvent freiner la croissance économique dans des pays qui dépendent fortement des énergies fossiles. Les pays en développement devraient d’abord se concentrer sur l’accès à l’énergie bon marché pour soutenir leur croissance économique, ou du moins diversifier l’exploitation des ressources, plutôt que miser sur des solutions énergétiques coûteuses.
Pour un pays comme le Canada, un programme de quelques millions de dollars, parfois échelonnés sur plusieurs années, représente une fraction des dépenses publiques totales qui se comptent en centaines de milliards. Reste que ces montants s’additionnent et que parallèlement, plusieurs programmes jugés essentiels sont sous-financés au Canada. Certaines communautés autochtones font face à des conditions de vie précaires, notamment en ce qui concerne l’accès à l’eau potable, à l’électricité et aux infrastructures de base. La Première Nation de Neskantaga (en Ontario) vient de marquer 30 ans sous avis d’ébullition de l’eau.
Au-delà des montants, c’est l’inclinaison idéologique des programmes auxquels ils sont alloués qui retient l’attention. Le Canada finance des programmes pour autant qu’ils soient verts, progressistes et inclusifs. On remarque une récurrence dans les thèmes. Tantôt, il est question « d’adopter des pratiques permettant à ces entreprises dirigées par des femmes de minimiser leurs risques et de s’adapter au changement climatique »; tantôt, « d’action climatique inclusive dans les communes tunisiennes » ou « d’inclusion des minorités sexuelles et de genre à des changements dans les politiques ».
L’approche s’inscrit dans la Politique d’aide internationale féministe du Canada (lancée en 2017 par l’administration Trudeau), qui canalise les investissements à l’étranger dans des initiatives idéologiquement inclinées liées à l’égalité des genres, aux droits des femmes et aux minorités sexuelles. S’étant historiquement positionné comme un acteur majeur de l’aide internationale, le Canada veut continuer d’exercer une influence positive tout en renforçant ses relations diplomatiques. Soit, mais il pourrait honorer son engagement avec davantage de discernement. Il y a une différence entre aider un pays à reconstruire ses infrastructures suite à une guerre ou catastrophe naturelle et faire la promotion des « droits humains » dans une optique woke. Vivement un changement de gestionnaires pour couper dans ce gras idéologique.
Traduit de l’anglais. Article de Pierre Fortin publié le 6 mars 2025 sur le site…
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