Le Bloc québécois doit dire non à Justin Trudeau, sinon, il perdra toute crédibilité

Il est probable que des élections soient déclenchées cet automne. Les conservateurs de Pierre Poilievre ont affirmé qu’ils feraient une motion de censure face au gouvernement libéral. Mais, il y a un mais. Le Bloc québécois, par la voix de son chef Yves-François Blanchet, s’est montré ouvert à maintenir en place Justin Trudeau, s’il réussit à « obtenir des gains pour le Québec ». Ce qui regarde particulièrement mal. Dans un tel contexte, le Bloc québécois doit dire non à Justin Trudeau, sinon il perdra toute crédibilité.

C’est le message que martèlent les conservateurs depuis des mois : le Bloc maintient en place le gouvernement libéral. S’il faut apporter des nuances à ces propos, il demeure néanmoins que pour beaucoup de gens, le Bloc ne fait pas bien sa job d’opposition aux libéraux. Plusieurs personnes reprochent aux bloquistes une trop grande proximité avec les néo-démocrates et les libéraux.

Le message des conservateurs passe comme une lettre à la poste : ils ont monté dans les sondages, alors que le Bloc maintient ses appuis, sans les faire augmenter. Les conservateurs sont ceux qui profitent le plus de la déconfiture des libéraux au Québec. Et ne parlons même pas dans le reste du Canada. Quoiqu’il en soit, le Bloc devra faire preuve de courage s’il veut maintenir son statut particulier de voix du Québec à Ottawa.

Le Bloc ne doit surtout pas appuyer les libéraux, advenant une motion de censure des conservateurs. Les néo-démocrates ont beau avoir déchiré l’entente, ils pourraient cependant être tentés de voter le maintien des libéraux s’ils peuvent obtenir des concessions. Par contre, on voit mal le Bloc québécois faire ça, considérant à quel point les politiques des libéraux ont compromis l’avenir du Québec comme nation de langue française distincte en Amérique du nord.

S’il vote pour garder les libéraux au pouvoir, Yves-François Blanchet perdra toute crédibilité pour s’opposer au fédéralisme centralisateur. Il perdra peut-être même l’appui d’une bonne partie des indépendantistes qui sont généralement plus conservateurs sur le plan social que ne le sont les députés bloquistes. L’électorat du Bloc est plus à droite que ce n’est le parti. Et ça, Blanchet ne doit pas l’oublier.

Il doit cesser de donner des gages aux libéraux, qui sont le gouvernement le plus centralisateur de l’histoire du Canada moderne. Ce qui normalement devrait provoquer des boutons à n’importe quel indépendantiste. Cela dit, il faut quand même essayer de comprendre le contexte dans lequel évoluent les bloquistes. Ils sont à Ottawa. Une ville irrémédiablement hostile aux francophones. Encore davantage à des « séparatistes ».

Pour ceux qui connaissent des députés bloquistes, ils parlent souvent des abus, de l’intimidation dont ils sont victimes de la part des députés fédéralistes des autres partis. Cependant, être victime d’intimidation ne doit pas être un prétexte à ne rien faire. Il faudra un jour dénoncer les abuseurs, et se tenir debout devant eux. Dans une cour d’école, ce cycle se finit le jour où l’enfant harcelé décide de frapper l’intimidateur à la gueule.

Les députés du Bloc doivent cesser de tendre l’autre joue, et une bonne fois pour toutes, s’affirmer devant ces politiciens fédéraux qui veulent nuire au caractère distinct du Québec. S’ils ne se tiennent pas debout, qui le fera à leur place? Après tout, c’est justement pour ça qu’ils sont élus. Pour éviter que d’autres partis, fédéralistes, privilégient les intérêts du Canada avant ceux du Québec. Le Bloc a le choix : être du bon côté de l’histoire, ou permettre à l’indéfendable de se perpétuer.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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