Le Bloc québécois humilié par les libéraux : le jeu en valait-il la chandelle?

Nous apprenons que le projet de loi du Bloc, qui visait à bonifier de 10% le revenu des aînés les plus pauvres, est mort au feuilleton. Les libéraux ont en effet voté contre. Tout ça pour ça. L’éléphant qui accouche d’une souris. Il faudra une remise en question au Bloc québécois, après plusieurs gestes et propos inappropriés de la part de son chef actuel, Yves-François Blanchet.

Si le Bloc domine toujours les sondages au Québec, les libéraux y obtiennent quand même leur meilleur score pancanadien, alors que les conservateurs obtiennent le chiffre très impressionnant de 50% en dehors du Québec. Qu’est-ce que cela dit du Québec? Le Bloc est très fort dans les régions, beaucoup moins dans la région de Montréal, même s’ils ont gagné récemment une partielle dans Verdun.

Il est possible, malgré l’absence d’études à ce sujet, que l’électorat bloquiste soit plus « conservateur » que la direction du parti. En effet, il y a corrélation entre les circonscriptions bloquistes au fédéral, et caquistes au Québec. Et pour quelles raisons les Québécois ont appuyé la CAQ aussi massivement? L’immigration, la langue, l’identité, la laïcité. Le PQ remonte dans les sondages et se trouve désormais en terrain majoritaire, car il a réussi à reprendre le flambeau à la CAQ, qui n’a pas réussi à obtenir de gains pour le Québec.

Mais pour le Bloc, le fait d’avoir allongé le supplice d’avoir les libéraux à la tête du gouvernement aura fait mal à l’image du parti. Les gens vont dire : oui, mais ce qui compte, ce sont les gains. En politique, ce n’est pas si simple que ça. L’image est importante, et même si un gouvernement peut avoir un bon bilan, si son image est entachée pour plein de raisons, il peut très bien perdre ses élections.

Les Québécois voteront Bloc malgré cette bourde monumentale, car il s’agit tout de même du parti le « moins pire » pour nous à Ottawa. Mais le « moins pire » ne signifie pas le meilleur. Les gens ayant des valeurs plus « conservatrices » se sentent rejetés par Yves-François Blanchet. Il a affirmé que les  valeurs conservatrices ne sont pas des « valeurs québécoises ». Nous aimerions bien interroger le chef du Bloc québécois sur quelles sont selon lui les « valeurs québécoises ».

Éric Duhaime l’a affirmé dans une publication Facebook nuancée, que beaucoup de Québécois sont pour l’exploitation des ressources naturelles, pour une réduction de la bureaucratie, ou encore pour diminuer les volumes d’immigration. Ce sont là selon lui des enjeux qui mettent d’accord une majorité de Québécois. Et qu’il est normal selon lui d’être conservateur sur certains enjeux, et sur d’autres non.

Pour faire l’indépendance du Québec, il faut que les partis souverainistes cessent leurs attaques contre les « conservateurs », qui ne remettent en question ni l’avortement, ni les fondements de la sociale-démocratie, et tentent au contraire de rassurer cette partie importante de l’électorat. Le Bloc a subi aujourd’hui un camouflet, une humiliation supplémentaire.

Le Bloc doit rencentrer son discours sur les préoccupations actuelles des Québécois : le coût de la vie, la crise du logement bien sûr, mais aussi l’immigration, l’identité, la langue. Il est possible d’être l’avocat du Diable en se disant qu’il est compréhensible que le Bloc marche sur des œufs en étant un parti souverainiste à Ottawa. Que celui-ci attire l’hostilité du Canada anglais et de tous les partis fédéraux.

Mais le Bloc doit tenir bon et pouvoir défendre les intérêts du Québec sur ces enjeux. En termes d’image, le fait d’avoir allongé le supplice de voir encore Trudeau premier ministre, restera probablement encore quelque temps dans les mémoires. Et ce n’est pas bon pour le Bloc s’il veut performer à Québec.