Alors que le géant chinois de l’automobile électrique BYD s’impose progressivement comme le principal concurrent mondial de Tesla, l’entreprise fait face à des accusations graves au Brésil. Adam Hancock rapporte pour la BBC que les procureurs brésiliens poursuivent BYD et deux de ses sous-traitants pour trafic d’êtres humains et conditions de travail qualifiées « d’analogues à l’esclavage » sur un chantier de construction dans l’État de Bahia.
Selon le ministère public du travail (MPT), 220 travailleurs chinois ont été « secourus » à la suite d’une plainte anonyme ayant déclenché l’enquête. Les procureurs réclament 257 millions de réaux brésiliens (soit environ 45,5 millions $US) en dommages et intérêts, ciblant BYD ainsi que les deux entreprises ayant fourni la main-d’œuvre.
Hancock explique que les autorités ont suspendu la construction de l’usine à la fin de l’année dernière après avoir découvert que les travailleurs vivaient dans des logements exigus, sans confort ni hygiène minimaux. Certains dormaient sur des lits sans matelas, et 31 personnes devaient partager une seule toilette, précise le MPT.
Plus encore, les travailleurs étaient soumis à des contrats illégaux : leurs passeports étaient confisqués, leurs horaires de travail épuisants, et ils ne bénéficiaient d’aucun jour de repos hebdomadaire. Jusqu’à 70 % de leurs salaires étaient retenus, et ceux qui souhaitaient quitter l’emploi devaient assumer des coûts de rupture exorbitants. Hancock rappelle que, selon la législation brésilienne, les conditions « analogues à l’esclavage » incluent l’endettement contraignant et tout travail portant atteinte à la dignité humaine.
L’usine, en construction dans la ville de Camaçari, devait devenir la première de BYD hors d’Asie et commencer ses opérations en mars 2025. Le constructeur chinois, dont le nom signifie « Build Your Dreams », s’était imposé en avril comme le plus important vendeur de véhicules électriques en Europe, surpassant même Tesla selon les données de Jato Dynamics.
BYD n’a pas répondu aux demandes de commentaires de la BBC, mais a auparavant déclaré qu’elle appliquait une politique de « tolérance zéro envers les violations des droits de l’homme et du droit du travail ».
Cette affaire survient alors que BYD poursuit une stratégie d’expansion agressive à l’échelle internationale. Peter Johnson rapporte pour Electrek que le fabricant chinois vient de reprendre le contrôle direct de sa distribution de véhicules en Australie, dans une opération similaire à celle réalisée en Allemagne l’an dernier. En acquérant Heden Electric (par l’intermédiaire d’un accord avec le groupe Heden Mobility), BYD renforce sa capacité à fixer les prix, gérer la logistique et vendre directement aux consommateurs.
Luke Todd, président de EVDirect, le distributeur officiel de BYD en Australie, affirme que cette prise de contrôle permettra de « rendre la possession d’un véhicule électrique plus facile et plus accessible que jamais ». Selon Johnson, BYD est déjà en train de dominer le marché australien avec des modèles allant du SUV abordable Atto 3 jusqu’au pick-up hybride rechargeable Shark 6.
Electrek souligne que BYD compte trois véhicules parmi les dix voitures électriques les plus vendues en Australie cette année. L’entreprise a même introduit une version d’entrée de gamme appelée « Essentials » qui a fait chuter les prix dans toute sa gamme, renforçant sa position face à Tesla et aux marques coréennes et européennes.
Selon S&P Global Mobility, BYD devrait plus que doubler ses ventes en Europe cette année pour atteindre 186 000 unités. Johnson note également que l’entreprise se déploie rapidement au Mexique, en Thaïlande, en Nouvelle-Zélande, et bien sûr, au Brésil — où elle fait pourtant face à la controverse actuelle.
Si BYD n’est pas encore actif sur le marché canadien des voitures particulières, sa stratégie globale laisse présager une arrivée imminente. L’entreprise dispose déjà d’un pied-à-terre en Amérique du Nord via ses activités au Mexique et ses ambitions logistiques transcontinentales. Son positionnement sur les segments d’entrée de gamme et son intégration verticale — batteries, moteurs, logiciels, véhicules — la rendent très compétitive dans un pays comme le Canada où les subventions pour véhicules électriques favorisent les marques abordables.
Mais les révélations venues du Brésil risquent d’entraver cette expansion. Alors que les gouvernements occidentaux cherchent à verdir leur économie sans transiger sur les droits humains, la question se pose : le succès planétaire de BYD peut-il continuer si les fondations de sa croissance sont entachées de violations aussi graves?
Sources :
Adam Hancock, BBC News, « Brazil sues China carmaker BYD over ‘slave-like’ conditions » (27 mai 2025)
Peter Johnson, Electrek, « BYD takes control in another key EV market as its global push heats up » (27 mai 2025)
S&P Global Mobility, Jato Dynamics, EVDirect, TheDriven
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