Le Canada a bien trop peu de soldats. Voici une solution radicale : le service obligatoire

Traduit de l’anglais. Article de Chris Lambie publié le 15 mars 2025 sur le site du National Post.

À l’époque du disco, bien avant de devenir l’un des plus hauts gradés de l’armée canadienne, Michel Maisonneuve était un officier d’échange dans un régiment français, basé à Sedan, dans les Ardennes. À cette époque – à la fin des années 1970 – la France avait un service militaire obligatoire : les citoyens devaient servir pendant un an.

« Nous allions chercher les jeunes hommes et femmes qui arrivaient de la vie civile avec leurs cheveux longs et tout le reste, et nous nous occupions d’eux dès le début. Et au bout de douze mois, je pouvais emmener ma troupe à la guerre, j’étais tellement sûr qu’ils étaient bien entraînés », raconte l’ancien lieutenant-général canadien à la retraite, qui a occupé le poste de sous-chef d’état-major adjoint à la Défense.

Il n’est pas secret que l’armée canadienne a du mal à recruter. À la fin de 2024, les Forces armées canadiennes comptaient 64 461 membres de la force régulière et environ 23 177 réservistes. Elles espèrent atteindre des objectifs de 71 500 membres pour la force régulière et 30 000 pour la réserve d’ici 2032, afin d’éliminer le déficit actuel d’environ 13 862 personnes.

Maisonneuve pense qu’instaurer un esprit de service chez les jeunes Canadiens pourrait aider à résoudre ces problèmes de recrutement.

« Il est bon de servir son pays. Il est bon de porter la feuille d’érable sur son épaule », affirme l’ancien général. « Nous n’avons jamais mis autant d’efforts que nous aurions dû pour promouvoir cela. »

Il est convaincu que les Canadiens finiraient par accepter l’idée d’un service national obligatoire. L’objectif serait de former « de bons guerriers éthiques – des hommes et des femmes prêts à défendre notre pays et à se battre pour nos valeurs ».

Paul Mitchell, professeur au Collège des Forces canadiennes à Toronto, cite la Finlande et Singapour comme des exemples réussis de service national.

« Dans ces deux pays, ce service renforce véritablement le sentiment d’identité nationale », explique-t-il.

Maisonneuve et Mitchell estiment que le service obligatoire ne devrait pas se limiter à l’armée, mais qu’une telle mesure pourrait grandement contribuer à résoudre le problème du recrutement des Forces armées.

Le recrutement n’est pas le seul défi majeur auquel font face les Forces armées canadiennes – l’approvisionnement et la culture en sont d’autres – mais les hauts gradés de l’armée reconnaissent la nécessité d’une réflexion créative, car le monde devient de plus en plus dangereux.

[…]

Mitchell explique que le bassin de talents potentiels a changé, et que l’armée doit s’adapter. Historiquement, elle recrutait principalement en Atlantique et dans l’Ouest canadien.

« Il s’agissait d’hommes cherchant à échapper à la vie rurale, aux emplois difficiles sur les bateaux de pêche, en foresterie ou en agriculture, et qui voulaient voir un peu du monde et faire quelque chose d’excitant », explique-t-il.

« Ce bassin de main-d’œuvre s’est tari il y a bien longtemps. Nous devons maintenant recruter dans les populations urbaines, beaucoup plus multiculturelles, et nous essayons de mieux attirer les femmes. »

L’objectif est de faire des Forces armées un choix de carrière pour des personnes qui, traditionnellement, ne considéraient pas cette voie, explique Mitchell.

C’est pourquoi certains des efforts de changement culturel au sein de l’armée sont « cruciaux pour la préparation opérationnelle », ajoute-t-il.

[…]

Maisonneuve salue une autre innovation : le nouveau programme de la marine qui permet aux jeunes de tester la vie de marin pendant un an, sans engagement à long terme.

« Je pense que cela permet aux jeunes hommes et femmes d’essayer quelque chose de différent sans avoir à prendre immédiatement une décision de vie », dit-il.

L’avantage principal du programme d’un an dans la marine est « l’aventure », selon le contre-amiral Christopher Robinson, chef adjoint d’état-major de la marine, personnel et formation.

« C’est l’occasion de faire quelque chose d’inhabituel. »

« Et en plus, vous êtes payé », souligne Robinson. « Un matelot de troisième classe (grade attribué aux participants du programme) gagnera un peu plus de 40 000 $ en un an. »

[…]

Pour lire l’article dans sa version originale

Fil de Presse Québec Nouvelles

Québec Nouvelles a pour mission d'offrir une alternative médiatique populaire aux Québécois.

Recent Posts

Malgré ce qu’en disent les médias, l’économie ne va pas bien du tout

Il suffit de se promener dans n’importe quelle ville pour constater la quantité de commerces…

17 heures ago

Mark Carney essaie-t-il de séduire les conservateurs ?

Vendredi 14 mars, Mark Carney devenait officiellement premier ministre. Bien qu’il n’ait pas été élu…

2 jours ago

Les deux villes de Québec : une fracture historique, sociologique et urbanistique

Québec est une ville fascinante par sa dualité. Depuis sa fondation, elle s’est développée en…

3 jours ago

Dernière heure! Mark Carney est officiellement premier ministre du Canada.

Mark Carney est officiellement premier ministre du Canada. Son cabinet rassemble les mêmes visages qui…

3 jours ago