Le Canada pointé du doigt pour « esclavage moderne » dans un rapport des Nations Unies

Le rapporteur spécial des Nations Unies, Tomoya Obokata, pointe du doigt la politique canadienne de contribuer à une forme « d’esclavage moderne » par le biais de son programme pour les travailleurs temporaires. Ce qui devait être seulement une solution « temporaire » (ça le dit) s’est transformé en un business très profitable pour certaines industries à bas salaires. Voici pourquoi cela doit cesser.

Le permis de travail est dit « fermé » quand le travailleur ne peut être employé que par la seule entreprise qui l’a engagé. Cela peut engendrer des abus de toutes sortes : horaires abusifs, salaires confisqués, harcèlement psychologique, violence physique. Cela concerne l’agriculture, mais aussi d’autres secteurs comme la restauration rapide.

Le rapporteur a raison quand il dit que le Canada profite d’une main-d’œuvre soumise aux abus des employeurs. Cela dit, les solutions proposées ne sont pas idéales pour nous ni pour les travailleurs temporaires. Il est dit que le gouvernement canadien devrait faciliter l’accès à la résidence permanente. Mais c’est que justement, le pays subit une pression démographique telle que l’économie en souffre.

De plus, les gens qui viennent travailler ici ont souvent des compétences limitées, et les mettre en compétition entre eux, et avec les nationaux, pour les emplois disponibles (nous sommes en récession, mais ça, personne ne le dit), ce n’est pas rendre service à qui que ce soit. En Ontario, il suffit de se promener sur Reddit pour voir la quantité de vidéos sur des files de plusieurs centaines d’Indiens en train de postuler chez Tim Hortons. On croirait qu’ils sont tous en file pour un concert, mais c’est en réalité dans l’espérance de décrocher un emploi au salaire minimum.

Le ministre de l’Emploi, Randy Boissonnault, a annoncé que le programme serait resserré, pour empêcher son utilisation massive pour les emplois à bas salaire. C’est encore une fois l’avertissement que l’on faisait depuis des années aux décideurs publics. Que de faire venir des travailleurs à bas salaire pour combler la « pénurie de personnel » n’était pas une bonne idée.

Ni pour eux ni pour nous. De nombreux immigrants, naturalisés ou non, songent à quitter le Canada pour aller voir ailleurs. Nous ne pouvons leur en tenir rigueur : le coût du logement a au moins augmenté de 50% depuis la pandémie dans les principales villes du Québec, le coût de l’épicerie d’au moins 40%. Même les Européens, qui ont des prix élevés chez eux, sont choqués par le coût d’un simple repas au restaurant.

Les solutions ne sont pas magiques, mais elles existent : mesures incitatives pour le retour sur le marché du travail des assistés sociaux et des personnes handicapées. On pourrait songer à instaurer une fiscalité qui pénalise moins les heures supplémentaires qu’actuellement. Le Canada étant l’un des pays de l’OCDE ayant le plus de retard dans l’automatisation de ses industries, on doit pousser les employeurs à automatiser davantage leur production. Quitte à donner des subventions ou des crédits d’impôt pour développer la robotique ainsi que l’intelligence artificielle.

Le recours à une main-d’œuvre étrangère est une exigence du grand patronat depuis des années. Ils ont eu ce qu’ils voulaient. Des programmes ouverts à plein régime pour satisfaire leurs besoins infinis de croissance. Les banques ont aussi profité de cette manne que représentent les travailleurs étrangers. Mais cela ne profite pas à tout le monde.. Le chômage augmente dans nos villes, et il est absurde de voir des gens se battre pour un emploi chez Tim Hortons.

Finalement, voyons cela dans une option en faveur du marché. Si une industrie est incapable d’offrir plus que le salaire minimum, et qu’il a recours à des travailleurs venus d’Afrique ou d’Amérique centrale, c’est elle le problème. A-t-on besoin de toutes ces franchises de restauration? A-t-on besoin également de se faire livrer nos repas par des travailleurs précaires à toutes heures du jour ou de la nuit? Poser la question c’est y répondre.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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