Le communautarisme et son poids électoral mettent en danger nos intérêts nationaux à l’étranger

Pas une seule journée ne passe désormais sans que l’on parle des conséquences qu’ont les politiques d’immigration et du multiculturalisme comme doctrine d’État sur l’ensemble de la vie canadienne. Nous pourrions énumérer pendant des heures les conflits en communautés qui empoisonnent la vie politique canadienne, et même ses relations avec l’étranger. Quelques faits dérangeants dont il faut parler.

Au Canada anglais, plusieurs provinces ont de sérieux problèmes apportés par le communautarisme et le sectarisme religieux venant d’immigrés originaires du sous-continent indien. Les sikhs, une religion minoritaire en Inde, voient dans le Canada une base arrière afin de mener la charge pour faire du Penjab, un pays indépendant nommé Khalistan.

Or, le mouvement Khalistani est très minoritaire en Inde même, si bien que la plupart des radicaux se sont exilés au Canada afin de s’organiser politiquement. L’Inde accuse depuis des années le Canada d’être un repaire de « terroristes ». Pourtant, ce pays, désormais le plus peuplé du monde, pèse de plus en plus lourd dans la balance des relations internationales. Et aussi du commerce mondial.

Le Canada se prive de partenariats intéressants avec l’Inde, aussi ancienne colonie britannique, en appuyant de façon tacite le mouvement sikh. Plusieurs figures du mouvement sikh ont des postes politiques importants, le premier étant bien sûr Jagmeet Singh. Mais aussi l’ex-ministre de la Défense, Harjit Sajjan. Celui-ci fut pointé du doigt pour avoir favorisé le sauvetage de sa communauté lors de la chute de Kaboul. Et aussi d’avoir demandé à des militaires de participer au concert d’un chanteur pendjabi.

Un autre conflit importé sur notre territoire, c’est celui entre la Palestine et Israël. Il y a très peu de Palestiniens qui vivent au Canada, mais beaucoup de musulmans militent activement contre la guerre à Gaza. Avec parfois des conséquences désastreuses en termes d’images. À une certaine époque, le mouvement pour la Palestine était laïc et bien qu’ancré à gauche, était une opposition à la guerre et à la colonisation.

Or, ce que l’on constate désormais, c’est que des islamistes ont pris le contrôle du mouvement. Ils profitent de la souffrance des Palestiniens pour imposer dans la rue un agenda islamique. Cela inclut notamment des prières dans des lieux publics. Qui ne sont que des provocations inutiles. Ainsi, ces gens nuisent à la cause qu’ils prétendent défendre.

Cette polarisation entraîne des tensions avec la société d’accueil. D’un côté, comment satisfaire les électeurs juifs, qui peuvent faire pencher la balance dans quelques circonscriptions à Montréal et Toronto, et de l’autre, calmer la colère des personnes originaires des pays arabes? Mélanie Joly l’a dit elle-même : elle ne peut pas offenser la communauté musulmane dans sa circonscription.

Ainsi, le Parti libéral se retrouve à devoir souffler le chaud et le froid concernant la guerre qu’Israël mène contre Gaza. Un député, Anthony Housefather, est un fervent défenseur d’Israël, quoiqu’il en coûte en termes de réputation pour le Canada à l’international. De l’autre, Mélanie Joly ne veut pas compromettre sa réélection parmi ses électeurs musulmans. Comment est-ce possible de tenir deux positions irréconciliables?

Pour cette raison, le Canada, tant qu’il n’attaquera pas la politique communautariste, sera condamné à être spectateur face à des acteurs internationaux plus gros que lui. L’appui tacite des libéraux et du NPD aux radicaux sikhs empêche le Canada de construire une relation durable avec l’Inde, pays avec lequel nous partageons une histoire commune. En effet, des religieuses québécoises sont présentes en Inde depuis longtemps, et le système politique indien s’inspire en partie du fédéralisme canadien.

Quant à Israël et à la Palestine, les radicaux de chaque côté empêchent le Canada d’être un acteur impartial qui peut contribuer à la paix dans la région. En exigeant du Canada une loyauté pour un camp ou l’autre, nous perdons en crédibilité à long terme. Et cela n’est pas bon. Les Québécois et les Canadiens tiennent à la paix sociale. Oui, d’accord, manifester est un droit. Mais est-ce nécessaire de provoquer inutilement en brûlant des drapeaux, ou en faisant la prière dans la rue?

Le Canada, c’est un pays dysfonctionnel qui aurait pu marcher. Si le Canada avait voulu reconnaître la différence québécoise, et lui donner une place unique, au lieu d’utiliser le communautarisme pour combattre le nationalisme québécois, nous n’en serions pas là.

Les élites canadiennes pensaient qu’en faisant venir des gens de partout, cela finirait pas simplifier la politique canadienne, en cassant le mouvement indépendantiste, vu comme un frein au développement du Canada. Pourtant, ils se sont trompés. Le pays est plus difficile que jamais à gérer, et il est difficile de prévoir la sortie du tunnel. Si sortie il y a.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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