Le conclave au Vatican : une élection intéressante qui en dit beaucoup sur l’état du monde

Le conclave a retenu l’attention du monde entier ces derniers temps. Il faut dire que la mort du pape François, le lundi de Pâques, a touché beaucoup de gens. Il était donc normal de voir un réel intérêt médiatique pour l’élection d’un nouveau pape, que nous connaissons désormais sous le nom de Léon XIV. En quoi cette élection d’un genre particulier est-elle si intéressante ? Et que dit-elle sur l’état du monde ?

C’est le premier pape de l’histoire à être originaire des États-Unis. Le troisième non européen depuis la création de la fonction de pape, le précédent étant bien sûr François, né en Argentine de parents italiens. C’est l’Américain Robert Francis Prevost qui a été choisi lors du quatrième tour du conclave, où des cardinaux du monde entier étaient réunis pour décider qui allait occuper le saint siège.

Les forces en présence : bien sûr, l’Europe, le continent le plus représenté au Vatican. Mais, de plus en plus, l’Asie et l’Afrique, deux terres de mission pleines de promesses pour l’Église, qui se considère comme universelle. Des Africains et des Asiatiques figuraient parmi les candidats les plus prisés. Une forme de géopolitique à petite échelle se joue au Vatican.

Entre, d’un côté, l’Amérique du Nord et l’Europe, les anciennes puissances, et de l’autre, l’Amérique du Sud, l’Asie et l’Afrique, qui représentent le Sud global. Il faut beaucoup de diplomatie pour gérer quelque chose d’aussi complexe que l’Église catholique, qui rassemble deux milliards de croyants. Première religion du monde, suivie ensuite par l’islam.

Le contexte dans lequel l’Église est plongée est brûlant : les guerres se multiplient partout, les tensions religieuses également. Des débats de société passionnent les pays du monde entier, notamment l’avortement, la liberté de culte et le mariage homosexuel. Comment composer avec des intérêts aussi divergents ? En ce sens, le nouveau pape, désormais connu sous le nom de Léon XIV, a déjà un peu annoncé la couleur en prenant le nom de son prédécesseur, le pape Léon XIII, qui est présenté par le site Le Pèlerin :

« Léon XIII a souvent été qualifié de pape de la réconciliation avec la modernité. Il avait pleinement conscience des enjeux de son temps. Il dénonça les excès du capitalisme – tout en condamnant le socialisme – et prit la défense des ouvriers, réclamant un juste salaire pour ces travailleurs et une limitation du temps de travail. Son encyclique de 1891, Rerum novarum, a fondé la doctrine sociale de l’Église. »

Donc, on aura une continuité avec le mandat de François, mais celui-ci fait figure de modéré, ce qui pourra également satisfaire les conservateurs, qui demeurent influents au sein de l’Église. Cette élection a fasciné le monde entier parce qu’elle est enracinée dans l’histoire. La tradition de la fumée, noire ou blanche, se perpétue depuis des siècles. Et la foule était nombreuse lorsque la fumée blanche est sortie de la chapelle Sixtine. Les gens criaient et célébraient comme lors d’une victoire au soccer.

Qui a dit que la religion n’intéressait plus personne ? Bien qu’il y ait un déclin de la pratique religieuse en Occident, cela n’est pas nécessairement vrai dans le reste du monde. Et le pape conserve une certaine influence, étant tout de même chef d’État, et représentant d’une Église riche, puissante, au patrimoine inestimable. Qui a eu, bien sûr, ses hauts et ses bas, mais qui fascine toujours.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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