Traduit de l’anglais. Article de Sabrina Maddeaux publié le 21 avril 2023 sur le site du National Post.
Selon une coutume non écrite, chaque année civile, les Canadiens doivent observer au moins un scandale lié aux vacances de Justin Trudeau. Au bout d’un certain temps, les scandales commencent à se confondre en un nuage amorphe de séjours aux prix exorbitants, de jugements douteux et de députés qui s’engueulent à ce sujet pendant la période des questions.
Cette fois-ci, c’est différent. Alors que les voyages controversés précédents, comme l’affaire Aga Khan, la journée de la vérité et de la réconciliation passée à Tofino et la chambre d’hôtel à 6 000 dollars, ont été révélés par des journalistes ou portés à l’attention des médias par les partis d’opposition, celui-ci a fait l’objet d’une fuite de l’intérieur de la maison libérale.
La nouvelle selon laquelle M. Trudeau a non seulement passé le Nouvel An dans la propriété exclusive d’un ami fortuné et donateur de la Fondation Trudeau en Jamaïque, mais s’est vu déconseiller de le faire par certains de ses proches collaborateurs, a été communiquée à Radio-Canada par des initiés libéraux.
La CBC rapporte que « selon plusieurs sources, des inquiétudes ont été exprimées au sein du cabinet du premier ministre et dans les cercles libéraux quant à l’aspect visuel d’un tel voyage à un moment où de nombreux Canadiens souffrent financièrement du coût élevé des biens et des services ».
Une « source libérale » a également déclaré à Radio-Canada : « Je ne peux pas expliquer pourquoi il fournit des munitions (aux conservateurs) et alimente ce genre d’attaques ».
Il s’agit d’une affaire importante pour un parti qui a pratiquement voué ses premiers-nés au culte de Trudeau. Tout au long de ses presque huit années au pouvoir, le Premier ministre a bénéficié d’une loyauté quasi totale de la part des membres du cabinet du Premier ministre, de son groupe parlementaire et de ses partisans dans l’orbite libérale au sens large.
Le fait que plusieurs sources libérales en arrivent à divulguer des informations et à fournir des citations préjudiciables aux médias indique que la frustration, voire la désillusion, à l’égard de M. Trudeau atteint un point de non-retour pour certains.
Les sources partisanes ne se réveillent généralement pas mécontentes à la suite d’un désaccord mineur et ne se tournent pas vers les médias, elles le font après un comportement durable qu’elles ne peuvent pas tolérer. Est-il possible que la menace la plus immédiate pour un quatrième mandat de Trudeau ne soit pas le chef de l’opposition Pierre Poilievre, mais un coup d’État libéral qui se prépare ?
Il y a eu d’autres signes d’agitation au sein du caucus. Des querelles publiques entre députés libéraux au sujet du projet de registre des agents étrangers. En février, d’autres membres du caucus ont menacé de voter contre le projet de loi sur les langues officielles de leur propre parti. Il y a aussi des signes que certains libéraux pensent à la vie après Trudeau, comme les vidéos du bureau du ministre du Travail, Seamus O’Regan Jr, qui ressemblent beaucoup à une campagne à la direction.
S’il n’y a vraiment pas d’élections fédérales avant octobre 2025, environ deux ans et demi sont une très longue période de survie pour un chef de parti en difficulté, une fois que les graines du doute et de la désaffection commencent à pousser. Ce qui pourrait sauver Trudeau, c’est que son culte de la personnalité n’a pas permis l’émergence de menaces évidentes pour son leadership. Aucun scénario de succession n’améliore les chances d’une nouvelle victoire minoritaire des libéraux, et encore moins d’une majorité.
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Trudeau est un combattant impitoyable par nature, mais jusqu’à présent, il n’a eu à se battre que contre des adversaires extérieurs. S’il est contraint de se battre entre les quatre murs de sa propre maison politique, la maison libérale pourrait devenir très désordonnée.
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