Dans les deux dernières années, à chaque fois qu’un nouveau scandale éclaboussait le Parti libéral du Canada et le gouvernement de Justin Trudeau, on se retournait vers le NPD de Jagmeet Singh pour lui demander où était passé son honneur d’encore soutenir une administration aussi contestable. C’était un jeu d’équilibrisme pour le parti de gauche : abandonner son alliance signifierait déclencher une élection en faveur des conservateurs, mais la maintenir signifiait de s’associer aux scandales à répétition de Trudeau. Cette position était devenue intenable, et Singh a été forcé de briser son alliance la semaine passée… Tout ça pour que le Bloc Québécois d’Yves-François Blanchet exprime son ouverture à remplir cette position déshonorante en l’échange de « gains pour le Québec ». Le cynisme politique de ce parti, dont toutes les stratégies se basent sur un sentiment de dépit, n’a apparemment pas de fond.
Il faut d’ailleurs le dire : cette alliance entre le NPD et les Libéraux avait surtout l’avantage pour le Bloc de dissimuler son soutien continu aux politiques de Justin Trudeau. En 2024, le positionnement sur l’axe gauche-droite l’emporte de toute évidence sur celui du nationalisme, et le Bloc s’est retrouvé être un allié objectif du régime gauchiste de Trudeau contre le prétendu péril conservateur qui s’apprête à déferler.
On se rappelle que ce parti est même allé jusqu’à bloquer une suspension de la taxe carbone – qui ne concerne même pas le Québec et dont la suspension était soutenue par le NPD! – simplement pour faire la leçon au reste du Canada et leur démontrer à quel point le Québec est moralement supérieur avec sa bourse carbone… Ça ne s’appelle plus du nationalisme à ce stade, mais du signalement de vertu environnementaliste qui renforce par la bande les tendances centralisatrices d’Ottawa. C’est à des années lumières de toute cohérence idéologique, et dans un esprit nationaliste, ça s’apparente pratiquement à de l’interventionnisme à l’étranger.
Mais le Bloc Québécois, qui prétend toujours ne se préoccuper que du Québec, aime au contraire beaucoup choquer le ROC. Eh quoi? Vous croyez que le Bloc est allé entraver la suspension d’une loi détestée partout au Canada par simple sensibilité environnementale? Tout le monde sait que les bloquistes ADORENT se faire détester du reste du Canada. De nombreux militants affirment eux-mêmes que plus le Canada nous déteste, plus les Québécois ont envie de partir.
Ça donne quand même une sacrée idée des sentiments qui animent l’action politique de cette organisation… Quel cynisme, quel ressentiment, quelle petitesse. Comment faire confiance à un parti qui célèbre ouvertement le sabotage de la politique fédérale comme stratégie d’émancipation? Comment faire confiance à des gens qui sont prêts à voter en faveur de mauvaises politiques simplement pour affaiblir la fédération?
Écoutez, je suis moi-même nationaliste, mais je ne crois pas qu’on construit des pays dans un tel cynisme désespéré, en vils saboteurs, en faisant preuve d’une telle malhonnêteté et d’une telle malveillance à l’égard de nos voisins. Il n’y a rien d’inspirant à de telles politiques. Ces genres d’intrigues machiavéliennes de bas niveau m’inspirent les mots que Napoléon avait pour Talleyrand, qui retournait sa veste à chaque changement de régime : « une merde dans un bas de soie ».
Ils auront beau être tout sourire et nous vendre la même salade de la défense des intérêts du Québec, la réalité, c’est que le Bloc Québécois est animé d’énergies profondément négatives, et qu’il ne doit son existence que par ce besoin d’être détesté par le reste du pays.
Maintenant, sans plus cacher le fait qu’il est plus gauchiste que nationaliste, Yves-François Blanchet salive à l’opportunité de prendre le relais du NPD au chevet du régime mourant de Justin Trudeau afin de torturer encore quelques mois de plus la population canadienne. Il parle de faire des gains pour le Québec… en défendant un premier ministre canadien qui a ruiné le pays, saboté sa sécurité énergétique, ouvert complètement les portes à l’immigration de masse, criminellement négligé les enjeux de défense et les ingérences étrangères…
Il déclarait récemment lors d’un caucus en Outaouais : « Alors si le Canada s’intéresse – pour quelques semaines ou quelques mois – à nous, et bien nous aurons l’occasion d’expliquer davantage qui nous sommes. On n’est pas les mauvais dans l’affaire. […] On est les bons. ». Un militant interrogé par La Presse, pour sa part, déclarait appuyer l’idée de maintenir Trudeau en place : « Si ça peut durer six mois, si ça peut durer un an, je suis d’accord avec ça s’il peut y avoir des gains pour le Québec ! […] Ça va donner un “boost” au Québec ».
Non mais quel ramassis de menteries et de malhonnêtetés… Le bloquistes savent très bien qu’ils seront littéralement détestés s’ils s’allient avec Justin Trudeau et empêchent la tenue d’une élection que toute la population semble vouloir. Il n’y a absolument aucune opportunité pour le parti de se présenter comme « les bons » dans cette histoire ; seulement une opportunité d’irriter les canadiens et saboter la politique fédérale.
La réalité, c’est qu’ils se disent probablement que puisque le reste du pays va voter conservateur et rejeter catégoriquement Trudeau, s’allier à lui à la dernière minute engendrera de la haine anti-québécoise et maintiendra l’isolation de la province à leur avantage pendant le prochain mandat. Ce serait une idée de génie si elle n’était pas aussi cynique…
En passant, vous réalisez que faire l’indépendance les priverait d’un salaire de 183 000$ par année? Ils sont probablement là, les « gains pour le Québec »…
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