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Le déclin de la mondialisation heureuse

Ces dernières années, la mondialisation semblait désormais la seule voie possible pour le futur de l’humanité. Le traumatisme des deux guerres mondiales a donné lieu à une méfiance à l’égard du politique, potentiellement ravageur lorsque laissé à lui-même. Afin de ne plus répéter les mêmes erreurs, la gouvernance mondiale semblait donc un remède adéquat pour ainsi calmer les pulsions impérialistes des peuples. Avec la chute du mur de Berlin en 1989, ce désir idéologique se déploie substantiellement dans la réalité. L’humanité, dans toute sa diversité, s’imprègne de la logique d’une gouvernance universelle qui n’a pas de frontières. Les lumières se répandent partout à travers le globe, avec comme fonction de civiliser les peuples. Hier, le politique obscur. Aujourd’hui, la mondialisation lumineuse.

À la fin du Moyen-âge, l’État moderne s’est construit en s’accaparant l’ensemble du pouvoir qui se trouvait sur un territoire particulier. Le Moyen-âge impliquait une multitude de seigneurs féodaux qui entretenaient des relations avec leurs vassaux. Le pouvoir politique était donc dispersé. Par la suite, le Roi du territoire a entrepris une conquête ultime du pouvoir, il a soumis tous les seigneurs féodaux à son joug afin de devenir le véritable maitre de la contrée.  Le pouvoir, qui était réparti à travers les terres, se concentra en un seul point, c’est à dire entre les mains du Roi. Le phénomène en question, c’est le passage du féodalisme à l’absolutisme, avec un dirigeant tout puissant. Cette centralisation politique est significative pour la suite des choses. Par la suite, l’État moderne deviendra l’étalon de mesure du cosmos politique.

En 1648, le Traité de Westphalie proclame officiellement la souveraineté de l’État au sein de son territoire. Les relations politiques se font donc désormais entre États-nations souverains. C’est ce qu’on qualifie de relations internationales. Or, la mondialisation représente l’apogée de la civilisation, elle cherche à surpasser définitivement cette situation. Plutôt que de percevoir des nations, elle perçoit une humanité commune. Plutôt que de valoriser les frontières protectrices, elle prône la libre circulation des individus et marchandises. Plutôt que de respecter les particularités culturelles des peuples, elle leur impose un multiculturalisme tous azimut. Plutôt que de respecter la gouvernance nationale, elle soumet les dirigeant à une gouvernance mondiale, les implorant d’embrasser des valeurs universelles et abstraites. En somme, la mondialisation cherche à dissoudre le politique afin d’obtenir un monde harmonieux, délivré de ses tares originelles qui ont tant causé de ravages.

L’élection de Donald Trump en 2016 annonçait déjà un changement d’époque. Les institutions mondiales ne servaient pas suffisamment les intérêts des États-Unis d’Amériques, il était donc préférable de s’en retirer. Le peuple américain, notamment la classe populaire enracinée, devenait désormais le centre d’attention de la politique américaine. Méprisée par l’élite libérale, elle a été totalement galvanisée et remise de l’avant par le patriotisme de Donald Trump. Également, il suffit de penser à la sécession du Royaume-Uni, orchestrée par Boris Johnson. La structure technocratique de l’Union européenne était profondément déconnectée de la réalité de terrain. Les classes populaires ont massivement voté afin de briser ce corset technocratique qui ne leur convenait pas. À la fois aux États-Unis et au Royaume-Uni, le peuple s’est clairement soulevé contre la mondialisation et plaide pour un retour de la souveraineté nationale.

Avec la pandémie qui sévit, le mythe de la mondialisation heureuse arrive ultimement à sa fin. L’utopie d’un monde harmonieux, où tous les peuples communient sous une même bannière, s’évapore et laisse place à la réalité. La Chine, guidée par un désir impérial de domination universelle, doit répondre de ses actes. Il était illusoire que de penser que les civilisations pourraient s’éteindre du jour au lendemain, au profit d’une humanité paisible qui ne connait pas le conflit. Après tout, l’existence est intrinsèquement tragique, elle est composée de rapport de forces et de volonté de conquête. La mondialisation a cherché à civiliser l’être politique, elle a manifestement échoué. Désormais, la politique reprend ses droits. L’Occident se dresse face à l’Empire chinois.

Félix Racine

Félix Racine est présentement étudiant à l'université en Science politique et Philosophie. Attentif à l'actualité politique et sociale, il dénonce le politiquement correct qui affecte l'espace médiatique, politique et académique.

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