Le 21 septembre dernier, dans un article surréaliste de La Presse, on y rapporte les inquiétudes de citoyens excédés par les consommateurs de drogues dans la ruelle qui accueille à la fois des HLM et un centre d’injection supervisé. Le problème c’est plutôt comment la ville et le centre réagissent. On accuse les citoyens de faire du « pas dans ma cour » pour après leur dire que la ville n’a pas de solutions à leur offrir. C’est symptomatique d’une certaine gauche de type libérale libertaire, qui est incapable de gérer nos villes. Pourquoi cette idéologie politique est nuisible dans toutes les villes qu’elle dirige? Voyons voir.
On peut se dire « ah la gauche, ils ont à cœur la solidarité entre les gens, le partage, la justice sociale », et pourtant… Depuis plusieurs années déjà en Occident, nous avons assisté de la transition d’une gauche ouvrière, socialiste, à une « gauche » libérale libertaire. Libérale sur le plan économique, donc qui ne remettra pas en question le marché du logement par exemple. Mais libertaire, car elle soutiendra toutes les luttes politiques, communautaires, ethniques, sexuelles.
Dans toutes les villes dirigées par ce type de « gauche », qu’il s’agisse de Sherbrooke, Montréal, Toronto, Paris, Barcelone, San Francisco, les problèmes d’itinérance ont été exacerbés de même que la consommation, la violence et les agressions. Pourquoi? Il y a plusieurs raisons possibles. Habituellement, ces administrations sont en froid avec leur service de police. Aux États-Unis, à Chicago, par exemple ou à Portland, les mairies ont coupé une partie du budget policier suite au mouvement « defund the police », pour après avoir plus de problèmes de criminalité et devoir revenir sur leur décision.
De même, les administrations dites de « gauche » profitent largement de la gentrification des villes. Une bonne partie de leur électorat fait partie des gentrificateurs. Ceux-ci votent pour Valérie Plante par culpabilité, car ils voient qu’ils contribuent à leur échelle à rendre les villes de moins en moins vivables. Dans un quartier comme Hochelaga, on croise au pied des restaurants au menu à 75$ des itinérants qui dorment ou délirent. Pourtant, ce sont dans ces secteurs que Québec Solidaire obtient ses meilleurs résultats.
Quant au village, les commerçants se plaignent que rien n’est fait par l’administration. Qu’il leur faut faire appel aux médias pour que la ville daigne améliorer la présence policière sur la rue Sainte-Catherine. Présence qui ne durera que quelques jours, le temps que la mairesse Plante et les caméras s’en aillent. De même que pour « l’allée du crack », pour laquelle la ville n’a pas de solutions à offrir aux citoyens excédés par les agressions et les seringues.
On installe une toilette chimique dans l’espoir que ça règle le problème. Pourtant, si les gouvernements voulaient vraiment faire de quoi, ils commenceraient à remettre en question la politique de réduction des méfaits, pour s’attaquer directement à la consommation de drogues, mais bien sûr sans criminaliser les consommateurs.
Construire des centres de thérapie et des appartements supervisés. Et mettre des moyens dans les hôpitaux psychiatriques qui ont une politique de désinstitutionnalisation qui s’est révélée être un échec. Plusieurs personnes auraient besoin d’un soutien à long terme et sont incapables de prendre soin d’elles-mêmes sans une très bonne supervision.
Bien sûr, nous ne sommes plus à l’époque du livre « Les fous crient au secours », qui dénonçait les abus dans les hôpitaux psychiatriques au Québec et la quasi-impossibilité d’en sortir, mais est-ce possible que le mélange de libéralisme libertaire, avec sa trop grande tolérance face aux drogues, la gentrification et sa volonté d’accueillir encore plus d’immigrants pendant que nos services publics débordent, soient en bonne partie responsable de la crise que nos villes connaît? Poser la question c’est y répondre.
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