Au Québec, les partis politiques se distinguent presque uniquement sur trois grands axes : le fardeau fiscal des contribuables, l’environnement et l’identité québécoise. Pour le reste, à un iota près, c’est du pareil au même, ils adhèrent tous sans scrupule aux dogmes de la pensée unique.
La pensée unique, c’est ce dogme selon lequel un sujet ne peut pas être débattu, ne peut pas être présenté sous un autre angle ou ne peut être abordé sous prétexte qu’il a déjà été débattu et qu’on ne peut plus revenir en arrière. Au Canada, par exemple, il n’est plus permis de revoir l’avortement sous un autre angle. Même s’il n’y a pas de loi pour encadrer les avortements, et ce, très peu de gens le savent, on ne veut plus débattre du sujet. La majorité des contribuables ignore que l’État paie, à leurs frais, pour que les mères au troisième trimestre de leur grossesse subissent un avortement aux États-Unis.
En plus, lorsqu’un débat a lieu, il se partage la plupart du temps entre deux pôles, où aucune alternative n’est proposée. Un exemple : on est soit laïciste soit multiculturaliste. Très rarement, on présente des voies alternatives pour élargir le spectre. On préfère se mettre des œillères et se contenter d’une vision simpliste en campant dans des polarités.
Personne ne se range derrière le patriotisme communautarien où chaque communauté pourrait se développer dans sa singularité, intégrer sa culture dans son environnement à l’intérieur de limites, toutefois, qu’imposent les enjeux relatifs à l’ensemble des Québécois, c’est-à-dire là où le patrimoine a préséance. Ainsi, collectivement, on fêterait Noël, Pâques et l’Action de grâces, et non le Ramadan ni l’Hanouka parce que ces fêtes ne font pas partie de notre patrimoine. On ne verrait pas une étoile de David ni un quartier de lune sur le mont Royal. On chanterait à l’école des cantiques traditionnels de Noël parce que ceux-ci font partie de notre patrimoine. En revanche, si une communauté voulait réserver le parc de son quartier pour un évènement culturel qui lui est propre, elle pourrait le faire au nom de la liberté de chacun parce que, bien sûr, le Québec resterait une nation ouverte, inclusive et accueillante. Cependant, il manifesterait sa fierté à l’égard de son histoire et de son patrimoine, entre autres, en leur réservant la place qui leur revient, i.e. la première.
Ce genre de discours n’est jamais entendu à l’Assemblée nationale, il n’est pas diffusé dans les médias traditionnels et au bout du compte, il ne se rend pas jusqu’aux citoyens parce que de moins en moins de personnes au pouvoir veulent sortir des sentiers battus. On se range plutôt vers ce qui est acceptable d’après une certaine élite. Si c’est la pensée unique qui prime, on ne s’en tient qu’à cela. Dans un débat polarisé, on se tient dans un camp ou dans l’autre, on ne cherche pas ailleurs pour une solution meilleure. On ne veut pas se casser la tête. Tôt ou tard, une seule option deviendra valable, et l’imposition de la pensée unique fera force de loi, et on interdira de remettre en question son dogme.
Pour empêcher que le dogme de la pensée unique nous soit imposé, nous devons nous doter d’un parti politique qui se distingue, qui sort des sentiers battus, qui fait entendre une autre voix. Nous avons besoin d’un parti qui propose des idées constructives pour que le temps du dogme de la pensée unique soit révolu. Au Québec, le seul parti qui pourrait le faire à court terme est le Parti conservateur du Québec. C’est le seul qui pourrait provoquer de vrais débats d’idées, comme le faisait l’ADQ avant qu’elle parvienne à former l’opposition officielle. Dans les années 90, l’ADQ offrait des options valables et nouvelles, que le Parti québécois mettait à exécution. On n’a qu’à penser à l’élément de leur programme qui visait à brancher les Québécois sur la toile. Ils ont proposé l’idée, et le Parti québécois de Lucien Bouchard se l’est appropriée.
Le PCQ pourrait jouer ce rôle : proposer des idées innovantes et contribuer à arrêter la descente du Québec vers le dogme de la pensée unique. La démission d’Adrien Pouliot pourrait incarner ce renouveau. Quel chef serait prêt à proposer des alternatives qui nous libèreraient du dogme de la pensée unique ? Qui nous offrirait des débats plus riches d’idées ? Qui permettrait à un député de sortir de la ligne de son parti par motif de conscience ?
Pour ce faire, le PCQ requiert un chef fier d’être un Québécois, un chef qui voudra mettre en valeur le patrimoine québécois et qui croira également à l’apport de tous les citoyens, quelle que soit leur origine ethnique. Ce parti centre-droite nécessite un chef qui ne s’excuse pas d’être conservateur, mais en même temps, qui n’est pas campé dans une rigidité absolue. Ce leader se doit d’être charismatique et rassembleur, doué d’un bon sens de l’humour et de la répartie. Il ne doit pas incarner une opposition au gouvernement en place, il doit bien plus incarner une opposition au dogme de la pensée unique. Au-dessus de ces prérequis, il doit aussi être en mesure de rallier les conservateurs fiscaux, les libertariens, les autonomistes, les conservateurs sociaux et les partisans du patriotisme communautarien. Ce chef existe-t-il ? Pour réussir à reproduire ce que Québec solidaire a réussi à faire, partir de zéro et représenter le deuxième parti d’opposition à l’Assemblée nationale, le Parti conservateur a besoin d’une femme d’exception de la trempe de Nathalie Elgrably-Lévy. Cette femme d’exception siège sur le conseil d’administration du Groupe TVA ainsi que sur celui de l’Institut économique de Montréal, elle publie des articles dans le Journal de Québec et dans le Journal de Montréal, elle enseigne à l’École des hautes études commerciales (HEC Montréal) et elle comprend très bien la réalité multiethnique québécoise. Elle saurait certainement rallier toutes les franges du conservatisme. Maintenant, veut-elle contribuer au développement économique et social du Québec par la voie de la chefferie du PCQ ? Elle pourrait devenir la chef la plus redoutée et contribuer à l’établissement d’une culture de débat au Québec. À elle de nous dire si elle est prête à prendre le bâton, parce que la balle est désormais dans son camp.
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