Le référendum, une idée qui n’est pas à prendre à la légère

Après avoir sauvé les meubles lors des élections de 2022, Paul St-Pierre Plamondon a réussi à faire élire un quatrième député pour son parti dans une circonscription qui n’a jamais été péquiste. Il a également fait mention qu’il aimerait organiser un référendum dans un premier mandat, advenant la victoire du Parti Québécois en 2026. Peu importe ce que l’on pense de l’indépendance, il ne faut jamais prendre l’idée de référendum à la légère, surtout en observant les conséquences des échecs de 1980 et 1995. Quelques réflexions s’imposent sur le référendum avant d’en organiser un.

Quand nous regardons ce que propose Paul St-Pierre Plamondon de faire un référendum dans un premier mandat, difficile de ne pas faire le parallèle avec René Lévesque suite à sa victoire historique en 1976. Les deux on le sent sont d’honnêtes hommes, mais est-ce suffisant pour faire face aux vautours en face? À l’époque, René Lévesque faisait face à Pierre Elliot Trudeau, et les conséquences de l’échec du référendum de 1980 ont été catastrophiques.

René Lévesque savait son référendum perdant, mais cela n’a pas empêché Trudeau père de « proposer du changement » comme on se rappelle lors de la campagne référendaire. Pour le pire. En effet, c’est suite à l’échec de 1980 que Trudeau ira de l’avant avec son rapatriement unilatéral de la constitution. Et qu’il y fera enchâsser sa charte des droits, qui feront reculer les pouvoirs du Québec suite à ça.

Après 1982, la Cour suprême peut se pencher sur des politiques du gouvernement québécois, pour les annuler ou les invalider en partie. On se souvient tous des invalidations partielles de la loi 101, ou des écoles passerelles, qui permettaient à des enfants de fréquenter l’école publique anglophone après avoir un temps fréquenté un établissement privé.

Mais le pire arriva après le vol du référendum de 1995 par les libéraux de Jean Chrétien. Ceux-ci ne s’en sont jamais cachés. Puisqu’ils étaient en « guerre », tous les coups étaient permis. Le Parti Québécois en concédant la victoire au camp du non, sans le mettre au défis, allait lentement mais sûrement contribuer au déclin du Québec. La suite, elle est connue : loi sur la « clarté » référendaire, élection des libéraux au Québec avec Jean Charest, déclin culturel, des médias.

Le fédéral a ainsi mis en œuvre son plan B : il fallait faire en sorte que plus jamais, il n’y aura un autre référendum sur l’indépendance. Que le fédéral doit dépenser dans les champs de compétence du Québec, investir la culture avec le « Patrimoine canadien », financer des artistes, des universitaires. La méthode a tellement été efficace qu’elle a même été exportée à l’étranger : par exemple en Espagne qui réprima par la fiscalité des organisations basques et catalanes, ou le camp du non en Écosse qui s’inspirera des politiques de Stéphane Dion.

Ce qu’il convient de dire, c’est qu’après chaque échec référendaire, le peuple québécois a reculé. Les années 80 furent très difficiles pour la culture québécoise, tout comme les années Charest-Couillard avec l’émergence en prime du wokisme. Les jeunes durant ces deux époques ont « décroché » du Québec et ne voyaient plus cela comme une priorité. C’était ce qu’on appelle une « dépression post-référendaire ».

C’est à bien considérer si l’idée de faire un référendum dans un premier mandat de Paul St-Pierre Plamondon venait dans l’actualité. Il faut évaluer les conséquences possibles d’une victoire du non, tout comme d’un boycott du référendum par les fédéralistes, comme ils l’ont fait en Catalogne. Les conséquences pourraient être terribles pour le Québec à long terme.

Est-ce qu’une autre approche comme des référendums sectoriels sont à considérer? Par exemple demander aux Québécois d’exiger du fédéral tous les pouvoirs en immigration? Si le fédéral dit non au résultat favorable d’un tel référendum, est-ce qu’il serait pertinent de ressortir la carte de l’indépendance? La question est difficile à répondre. Mais il faut garder à l’esprit qu’un troisième référendum perdant serait très mauvais pour l’avenir du Québec. À méditer.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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