Le retour de Denis Coderre ne laisse présager rien de bon pour les libéraux

L’ancien député libéral fédéral, et ex-maire de Montréal Denis Coderre teste le terrain pour se présenter à la chefferie des libéraux au Québec. N’ayant aucun autre candidat sérieux en liste, les libéraux devront probablement s’en contenter. En quoi Denis Coderre est-il annonciateur d’un nouveau désastre pour les libéraux? C’est ce que nous allons voir.

Denis Coderre, c’est l’archétype du politicien provincial dans ce qu’il y a de pire : du serrage de mains, des promesses creuses et opportunistes, mais surtout une langue de bois à toute épreuve. Incapable de répondre clairement à une question. Une marque de commerce des libéraux. Mais ce qu’il y a de surprenant, c’est la quantité de nationalistes prêts à le « défendre » contre le gauchisme de Valérie Plante.

Denis Coderre est un maire qui n’a laissé personne indifférent. Il a lui-même dit qu’il était « the new sheriff in town ». On se souvient de ses coups d’éclat comme l’accueil des migrants haïtiens au stade olympique. Mais ce que plusieurs ne voient pas, c’est qu’il fut le premier maire de Montréal à ouvertement faire la promotion de l’idée farfelue des « territoires non-cédés ». En effet, selon cette légende urbaine amplifiée par des militants décoloniaux et autochtones, les Mohawks seraient les dépositaires et propriétaires légitimes de l’île de Montréal. Peu importe si cela fut démenti à plusieurs reprises par des historiens, qui estiment que l’île de Montréal était seulement un lieu de passage temporaire pour des peuples algonquins et iroquoïens. Les Mohawks ayant leur terre d’origine dans l’État de New York, pas à Montréal.

De même, le maire Coderre, c’était le règne des affairistes libéraux sur la métropole. Si cela n’a pas fondamentalement changé depuis Valérie Plante, il demeure néanmoins que les argentiers libéraux se font plus discrets pour leurs projets de « développement ». Qui se souvient du projet de Jean-Marc Fournier de construire une tour plus haute que la croix du Mont-Royal? Encore une fois, le genre de projet qui se fait dans l’ombre, une constante chez les libéraux, peu importe le palier. Municipal, provincial, mais également fédéral.

Denis Coderre, c’est aussi, ne l’oublions pas, un grand champion de la diversité. Lors de la campagne électorale fédérale de 1993, il fut particulièrement outré qu’un Chilien d’origine, Osvaldo Nunez, se soit présenté pour le Bloc Québécois. Dans un esprit démocratique, Denis Coderre aurait affirmé en racontant l’adhésion de monsieur Nunez au projet indépendantiste « des fois, j’ai envie de remettre la loi de la déportation et de renvoyer dans leur pays des gens qui crachent sur mon drapeau ».

Bien sûr, si un néo-Québécois adhère au projet indépendantiste, il faut le déporter, mais quand des anglophones et des allophones anglicisés sont à Montréal depuis des générations, et qu’ils refusent tout effort de francisation, ça c’est correct selon monsieur Coderre. Il s’est opposé durant sa dernière campagne à la mairie de Montréal à ce que ce soit seulement les anglophones « historiques » qui aient droit aux services en anglais. Ce qui signifie que les allophones qui ont choisi l’anglais comme langue d’usage au Québec n’auraient pas droit d’utiliser l’anglais dans leurs communications avec le gouvernement du Québec.

Encore une fois, Denis Coderre a voulu que Montréal dirige à sa façon, que les lois québécoises votées démocratiquement ne s’appliquent pas à la ville de Montréal, bastion de la diversité et de l’inclusion. Une voie accélérée vers le partitionnisme désiré par les éléments les plus radicaux de la communauté anglophone. De faire de Montréal une cité-État bilingue et multiculturelle. Certains estiment d’ailleurs que Denis Coderre a agi sous l’impulsion de la panique en souhaitant prendre des voix à Balarama Holness, qui ont se souvient, était d’une grande virulence contre les lois linguistiques.

Mais Denis Coderre, son problème n’est pas uniquement qu’il souhaite séparer progressivement Montréal du Québec. Mais c’est qu’il représente tout ce que l’on déteste chez les libéraux. Une des raisons de sa défaite, c’est son obstination à refuser de déclarer publiquement ses revenus qu’il a obtenue comme lobbyiste auprès de la ville de Montréal. Un meme montrant la bande à Scooby Doo arrête un Denis Coderre en pleine forme qui affirme avoir changé. Or, Fred enlève son masque et révèle son vrai visage : c’est le même Coderre en surpoids qu’avant.

Denis Coderre a voulu changer son image de marque en se mettant en scène à la boxe. Un homme ayant repris en main son destin, car son surpoids et ses habitudes de vie ont failli le tuer à plusieurs reprises. Le message était en gros « j’ai changé ». Or, sur le fond, si nous pouvons admirer sa détermination à se remettre en forme, il reste que le vieux politicien provincial qu’il est demeura le même. Avec en plus Antoine Dionne-Charest et André Pratte dans le décor, les libéraux peuvent continuer à se faire beaucoup de soucis pour l’avenir. S’ils sont incapables de trouver autre chose que des « fils de » ou de vieux idéologues usés, oui, ils auront beaucoup de problèmes pour 2026.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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