Le vieux fond détestable des libéraux demeurera leur marque de commerce

Il y a environ deux semaines, André Pratte, nommé pour consulter les membres et partisans libéraux afin de sortir un rapport sur la « relance » du parti, annonçait en grande pompe les mesures que le parti devrait adopter pour le sauver. Or, malgré quelques vœux pieux et inutiles, on constate en réalité que le vieux fond détestable des libéraux est toujours aussi présent, et qu’il demeurera, peu importe l’évolution de la politique québécoise. Petit tour de quelques points gênants des dernières sorties des députés et militants libéraux.

Est-ce que se faire qualifier de Jean Charest est une insulte? C’est ce qu’affirme François Legault, piqué au vif par la remarque de Paul St-Pierre Plamondon qui a comparé son plaidoyer contre l’indépendance à celui des vieux arguments dépassés de Jean Charest et Jean Chrétien. C’est-à-dire des peurs sur les pertes d’emploi, on connaît la chanson. Les gens n’ont toujours pas digéré plus de 13 ans de régime libéral qui a vu se succéder Jean Charest et Philippe Couillard.

Pour la plupart des Québécois à qui il reste un peu de respect de soi, c’était une bien triste époque. Celle qui a vu notre drapeau, le fleurdelisé, se faire comparer à une « guenille ». Les scandales de corruption, l’augmentation massive du nombre d’immigrants avec en parallèle le sabotage planifié des programmes de francisation ont vite fait d’enterrer la marque de commerce libérale. Une marque qui ne semble pas gêner le fils de Jean Charest, Antoine Dionne-Charest, qui se porte à la défense de son père et qui dénonce en anglais la hausse des droits de scolarité pour les étudiants canadiens hors Québec.

D’ailleurs, c’est Jean Charest lui-même qui est sorti sur la place publique pour dénoncer la hausse des droits de scolarité pour les étudiants anglophones des autres provinces. On croit rêver! Après avoir causé une crise sociale majeure au Québec en haussant les frais lors du printemps 2012, et avoir semé les germes du wokisme qui gangrène aujourd’hui nos institutions, il se permet de faire une sortie publique pour blâmer François Legault sur la question!

D’ailleurs, c’est toujours dans ce contexte que Radio-Canada a ressorti l’imbuvable Jean Chrétien à son âge vénérable. On nous dit après que Radio-Canada est objective? Il fallait voir l’entrevue tendue de Patrice Roy avec Paul St-Pierre Plamondon pour voir dépasser le jupon fédéraliste.

Il n’y a pas que les libéraux au Québec qui font preuve d’une arrogance toujours renouvelée. Les libéraux en Ottawa dans une arrogance assez fascinante ont répondu au budget de l’an 1 du Parti Québécois en affirmant qu’ils sont pour un rapport d’impôts unique, mais à condition que ça soit le fédéral qui s’en occupe! En effet, c’est la ministre Marie-Claude Bibeau qui a affirmé cela. Mais revenons-en aux libéraux du Québec.

On dit souvent que la seule façon de survivre pour les libéraux, c’est de dénoncer le « séparatisme » du Parti Québécois et de le brandir comme épouvantail à chaque occasion qui se présente. Même au plus bas dans les sondages partout au Québec, qui voit les libéraux dans certaines circonscriptions à peine dépasser les 5%, on s’attendrait ou on aimerait voir plus de modestie. Or, ce n’est pas ce qui se produit.

Marc Tanguay, de même que Charest père et fils, affirment que François Legault est un péquiste qui cache son jeu. Il est possible qu’ils imaginent même qu’il va aller jusqu’à organiser un référendum sur la souveraineté! Alors que François Legault est un politicien opportuniste, qui gouverne avec les sondages.

Joseph Facal rappelait récemment dans une chronique que la politique, c’est comme un marché. S’il n’y a plus de demande pour telle politique, le parti qui l’offre va probablement disparaître. Or, ce qu’on constate avec les libéraux, c’est qu’ils n’ont pas le monopole du fédéralisme au Québec. La CAQ défend cette politique tout en donnant à l’occasion des mesures visant à contenir les nationalistes et les contenter. Comme la nouvelle formule de financement des universités.

Or, les libéraux pensent qu’ils vivent toujours dans un monde binaire entre eux et le Parti Québécois. Ce n’est pas sans raison pourquoi seules les communautés culturelles et anglophones votent toujours pour ce parti. Et même si le vote « ethnique » demeure élevé en faveur des libéraux, il n’est plus acquis de nos jours. Avec la compétition de Québec Solidaire à Montréal et la CAQ qui pourra satisfaire à la fois les obsédés de la peur du référendum comme les tenants d’une économie en croissance. Les libéraux devront faire preuve de plus de modestie, respecter leurs adversaires, faire un réel examen de conscience ou sinon disparaître pour de bon.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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