Il y a un principe en anglais qui dit lorsqu’on veut insérer la justice sociale dans un film, une série, c’est Get woke, go broke. Que tu vas te casser la gueule à force de vouloir imposer l’idéologie woke. Nous disons ça depuis quelques années, mais il semblerait que l’industrie du divertissement, avec Hollywood à sa tête, mais aussi tous les géants du streaming, ne comprennent toujours pas le message. Il va falloir quoi pour qu’ils réalisent que nous ne voulons pas être ‘’éduqués’’, mais que nous voulons nous divertir ? Aujourd’hui, je vais analyser le cas de la dernière animée de HBO, Velma, mais aussi quelques autres cas célèbres d’échecs à imputer à l’idéologie woke.

Velma, cette geek à lunettes de la bande à Scooby Doo, a fait l’objet d’un spin-off, où elle doit réaliser une enquête sur des histoires de meurtres. Jusque-là, tout va bien. En revanche, si je vous parle de blackwashing (le fait de remplacer des blancs par des personnages de couleurs), ou bien du fait que Fred dans la série est le seul personnage blanc, qui est dépeint comme un enfant de riches particulièrement gâté, ingrat, profondément immature (sa maman coupe son steak) et qui en est presqu’au niveau des couches, il faut se poser des questions.

Dans les extraits qui ont circulé sur la toile, on voit Velma, cette fois-ci sous les traits d’une femme originaire du sous-continent indien, parler à son amie Daphne de la blancheur, et à quel point les hommes blancs sont tous des privilégiés. Ça ne finit pas par être lassant tout ça ? Comme l’expliquait David Santarossa, dans son livre La pensée woke, on n’éduque pas des adultes concernant leurs biais et leurs soi-disant préjugés, car ils sont présumés être en mesure de penser par eux-mêmes. C’est ce qu’Hollywood tente de faire depuis des années déjà.

Déjà, le reboot de Ghostbusters avec une équipe entièrement féminine s’est cassé la gueule. Il y a bien sûr également la reprise de Charlie’s Angels, qui fut un échec commercial, mais aussi critique. La seule chose qu’a trouvée la réalisatrice pour justifier le fait que son film ne soit pas apprécié, c’est que les critiques sont essentiellement des hommes blancs. Le réalisateur M Night Shyamalan lui-même affirme qu’Hollywood ne tente plus de s’adresser au grand public. Que c’est devenu un petit milieu qui a sa propre vision du monde totalement coupée de la société. Il y va fort en affirmant pour «parler en termes généraux, il y a des films qui sont juste incestueux, qui sont juste masturbatoires, qui parlent juste à eux-mêmes. Hollywood se parle à lui-même».

Pour en revenir à Velma, personne n’est satisfait. Pas même le public cible qui trouve l’humour trop forcé. Et qui pense que l’on a pris trop de libertés avec la franchise originale. Et ça, c’est pour les critiques polies. Si nous allons voir l’avis du public sur des sites tels que IMDB ou Rotten Tomatoes, nous nous retrouvons avec les pires notes pour une série animée. Pourquoi en arriver à un tel échec ? Il a reçu 1,3 / 10 avec plus de 56 000 avis sur le site Internet Movies Database (IMDB). Est-ce que le milieu du divertissement est incestueux à ce point ?

La question demeure ouverte. De plus en plus de réalisateurs plus conventionnels ont pris position contre le Hollywood des dernières années. Martin Scorsese parle des films de superhéros comme de manèges de parcs d’attractions. Et Quentin Tarantino affirme que nous vivons l’une des pires périodes de l’histoire du cinéma. Pixar, jadis reconnu pour son génie et son innovation, produit maintenant des longs métrages avec des personnages homosexuels qui ne sont là que pour remplir des quotas, sans que cela apporte quelque chose à l’intrigue.

Après, les réalisateurs, les acteurs et les producteurs de cinéma se demandent pourquoi les gens ont cessé d’aller au cinéma. Imputer l’unique responsabilité à la pandémie ou à la hausse du coût de la vie serait réducteur. Il faut cesser de chercher midi à quatorze heures. Les gens ne paient pas pour un cours de justice sociale en allant au cinéma, mais justement pour passer un moment divertissant. Mais ça, le milieu incestueux du cinéma et de la télévision ne veut rien entendre. Nous devons continuer de voter avec notre argent. Et refuser de financer la rééducation des masses par le divertissement.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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