L’échec culturel du wokisme démontré une fois de plus  avec l’émergence d’une rivalité entre groupes musulmans et LGBT+

Traduit de l’anglais. Article de Rahim Mohamed publié le 20 juin 2023 sur le site du National Post.

Au début du mois, un groupe de garçons arabo-canadiens, apparemment en âge d’aller à l’école primaire, a été filmé en train de piétiner une pile de drapeaux arc-en-ciel miniatures lors d’une manifestation contre l’idéologie du genre à Ottawa. Les bambins enjoués étaient encouragés par un groupe de femmes portant le foulard (probablement des membres de leur famille). Une spectatrice semblait porter un niqab.

Alors qu’un voyageur dans le temps de 2015 aurait sans doute été déconcerté par la scène, les autres manifestants présents l’ont appréciée, serinant les garçons avec un chant d’approbation « Laissez nos enfants tranquilles ! » L’un d’eux, un homme blanc aux cheveux argentés brandissant un drapeau canadien, a tendu la main à chacun des enfants.

La scène qui s’est déroulée à Ottawa a illustré de manière frappante le fossé qui se creuse entre les musulmans canadiens et la gauche progressiste au sujet des activités de plus en plus omniprésentes liées à la Fierté et destinées aux mineurs (qui sont désormais monnaie courante dans les écoles publiques du pays). Comme l’a écrit la semaine dernière l’imam Sikander Hashmi, basé à Kanata, dans le National Post, certains musulmans s’opposent enfin aux événements de la Fierté parrainés par les écoles, après des années de non-participation discrète. En fait, les groupes musulmans sont de plus en plus visibles dans le mouvement anti-Pride.

Le week-end dernier, une manifestation contre « l’endoctrinement forcé des LGBTQ dans les écoles », organisée par le groupe Facebook YYC Muslims, a attiré environ 200 personnes dans le centre-ville de Calgary. Les organisateurs musulmans de la manifestation ont été rejoints par des alliés d’autres confessions qui partageaient les mêmes idées, dans le cadre d’une manifestation visiblement multiethnique. (Un groupe nettement plus pâle d’environ deux douzaines de contre-manifestants pro-LGBT+ s’est rassemblé à proximité).

Dans un message enregistré partagé sur Facebook, l’organisateur Mahmoud Mourra a souligné le caractère œcuménique de la manifestation : « Dieu merci, nous nous tenons tous ensemble : Juifs, musulmans, chrétiens, athées ». Et d’ajouter : « J’ai été surpris par le soutien que nous recevons (de la part des non-musulmans) ».

L’islam se développant plus rapidement que toute autre religion au Canada, les événements d’Ottawa et de Calgary sont appelés à se répéter dans d’autres villes canadiennes où la population musulmane est importante. En fait, les Canadiens peuvent regarder de l’autre côté de la rivière Détroit, dans le Michigan (où se trouve la plus grande communauté arabe des États-Unis), pour y voir un signe des choses à venir.

Alors qu’ils constituent historiquement un bloc solidement démocrate, les 250 000 musulmans du Michigan se sont heurtés ces dernières années à la gauche progressiste sur les questions LGBT+. Cette tension a été mise à nu lors de réunions chaotiques de conseils d’administration d’écoles dans des régions fortement musulmanes de l’État. La semaine dernière, le conseil municipal entièrement musulman de Hamtramck, une banlieue de Détroit, a voté à l’unanimité l’interdiction de déployer des drapeaux de la Fierté sur le territoire de la ville. (Le même groupe de conseillers a approuvé une ordonnance autorisant les sacrifices d’animaux dans les arrière-cours au début de l’année).

Les événements qui se déroulent dans le Michigan ouvrent une fenêtre sur un avenir pas si lointain pour le Canada, qui compte près de cinq fois plus de musulmans par habitant que les États-Unis. Ils mettent également en évidence les différences irréconciliables entre la modestie culturelle de la plupart des sectes musulmanes et la flamboyance des célébrations de la Fierté. Notre modèle de multiculturalisme « United Colours of Benetton » ne nous donne pas de feuille de route pour sortir proprement de cette impasse.

Contrairement à la croyance populaire, l’islam n’est pas une religion uniquement homophobe (les passages du Coran traitant de l’homosexualité sont similaires à ceux que l’on trouve dans d’autres textes abrahamiques). L’une des différences entre l’islam et les autres religions réside toutefois dans l’importance primordiale qu’il accorde à la haya, c’est-à-dire à un sens sain de la honte. En fait, le prophète Mahomet lui-même aurait déclaré : « Chaque religion a son trait de caractère caractéristique, et le trait de caractère caractéristique de l’islam est le ḥaya ». En conséquence, le Coran conseille aux hommes et aux femmes de « baisser leur regard et de garder leur pudeur ».

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