Lors de la dernière campagne électorale au Québec, François Legault y allait d’un avertissement qui choqua les bien pensants : plus de 50 000 immigrants par année nous mèneront vers le « suicide ». Quelques mois auparavant, il parlera de « louisianisation » du Québec. Pourtant, il ne s’est pas encore écoulé un an depuis les élections qui ont permis aux caquistes d’obtenir la plus forte majorité de l’histoire moderne du Québec que nous en sommes déjà à 150 000 immigrants. Pourquoi une telle distorsion entre les discours et la réalité? Essayons de répondre à ça.

Vous vous souvenez des élections l’année dernière? C’était hier, mais on dirait qu’il s’est écoulé des années tellement les choses changent rapidement. Québec solidaire comme les libéraux accusait François Legault et son parti de faire de la « petite politique » sur le dos des immigrants. Jean Boulet a perdu son poste de ministre de l’Immigration pour des propos qui furent mal interprétés, comme quoi « 80 % des immigrants s’en vont à Montréal, ne travaillent pas, ne parlent pas français ou n’adhèrent pas aux valeurs de la société québécoise ».

Ça, c’était le discours. Pourtant, ce que l’on a appris dans les pages de La Presse, c’est qu’il y aurait eu en réalité plus de 150 000 immigrants dans la dernière année. En plus du « rattrapage » sur les 50 000 résidents permanents ciblés par Québec qui n’ont pu venir ici, pandémie oblige, on inclut également dans ces chiffres les demandeurs d’asile du chemin Roxham, et les étudiants étrangers. Et bien sûr la catégorie des « travailleurs temporaires » ceux qualifiés ou non.

Il faut savoir que cette nouvelle catégorie d’immigrants dépend d’Ottawa, qui peut ainsi imposer plus facilement des cibles encore plus élevées en immigration au Québec. Et bien souvent, le fait de travailler ici pendant un temps donne après la possibilité de devenir résident permanent, et éventuellement citoyen canadien. Sans compter que les travailleurs temporaires bénéficient de passe-droits pour leurs enfants et ont ainsi accès à l’école anglaise pendant quelques années (avant il n’y avait pas de restrictions).

François Legault est peut-être le politicien le plus malhonnête de l’histoire du Québec moderne. Probablement encore pire que sous l’ère Charest, époque d’humiliations constantes pour le peuple québécois. D’un côté, il va promettre des mesures, qui bien qu’elles aillent déjà trop loin, avec 50 000 immigrants par année, sont en dessous des demandes répétées du gouvernement libéral à Ottawa. Son super ministre Pierre Fitzgibbon, inféodé au milieu des affaires, est régulièrement pointé du doigt pour son manque de transparence dans les médias. Il est fort possible que celui-ci soit le véritable premier ministre du Québec.

Il serait possible que sous un gouvernement libéral, jamais un tel niveau de corruption n’ait été toléré à ce point par la population. Jean Charest et Philippe Couillard avaient ça de bon : ils provoquaient chez les Québécois des réflexes de résistance. Les Québécois n’étaient pas prêts à avaler les couleuvres des libéraux, du moins, pas au point que la CAQ semble pousser le bouchon.

Et sous les libéraux, le discours était clair : vous devez parler anglais, vous les ouvriers du Saguenay, si jamais le patron américain devait visiter votre usine. Que vous « soufflez sur les braises de l’intolérance ». ou bien que le drapeau du Québec est une « guenille ».

Sous la CAQ, ce discours n’est pas totalement inexistant (notamment Christian Dubé et ses propos sur les « séparatistes ») mais c’est peut-être justement ce vernis bleu nationaliste qui lui permet d’éviter une bonne partie de la grogne populaire.

Au niveau des promesses brisées, parlons également du troisième lien. La CAQ n’aurait pas eu une telle majorité si elle avait dit d’emblée qu’il n’y aurait pas de troisième lien pour les voitures. C’est ainsi que François Legault a rejoint le camp de ceux qui renient leurs positions pour plaire à une base gauchiste. De la même façon que Québec solidaire est revenue sur sa position après les élections de 2018 sur la laïcité pour embrasser le camp islamo-gauchiste et consommer sa rupture avec les laïcards québécois.

La Coalition Avenir Québec, c’est trois mensonges en trois mots. Déjà. Il ne s’agit pas d’une coalition, car les éléments « bleus » ont été relégués dans l’arrière-boutique pendant que les « rouges » libéraux écrasent tout sur leur passage. « Avenir » qu’il n’y aura pas, car la CAQ a abdiqué devant ceux qui ne souhaitent pas voir la culture du Québec se pérenniser. Et Québec, car Legault a abandonné ses revendications autonomistes devant un Justin Trudeau centralisateur à l’extrême toujours debout malgré les scandales.

Il est dommage parfois que le peuple québécois soit si bon. Un bon peuple prêt à donner toujours une « deuxième chance » à tous, incluant les politiciens les moins fréquentables. Un peuple qui a pour valeur « au moins il a essayé » alors que nous faisons face à des enjeux mondiaux qui remettent en question notre majorité sur notre territoire. C’est peut-être les bonnes intentions du peuple québécois qui auront raison de lui. Mais ne perdons pas espoir. Nous avons survécu à la conquête de 1760, à l’acte d’union, à la confédération, aux deux guerres mondiales. Ce ne sont pas de minables politiciens provinciaux et corrompus comme François Legault et Pierre Fitzgibbon qui auront l’occasion de nous enterrer. Pas plus qu’un mondialiste comme Justin Trudeau qui doit ses élections que par un vote communautaire massif à Montréal et Toronto.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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