Les arriérés de paiement au Canada atteignent leur niveau le plus élevé depuis 2009

Le premier trimestre de l’année 2025 a révélé une tendance alarmante dans le domaine des crédits à la consommation au Canada, marquée par une augmentation significative des arriérés de paiement non hypothécaires. Selon le dernier rapport de Equifax Canada, intitulé « Market Pulse Quarterly Consumer Credit Trends and Insights », les niveaux de créances impayées dans ce secteur atteignent des chiffres que l’on n’avait pas observés depuis 2009, une époque où la crise financière mondiale secouait l’économie. Le rapport met en lumière les effets persistants de l’incertitude économique sur la gestion des finances personnelles des Canadiens.

Au total, 1,4 million de Canadiens ont manqué au moins un paiement au cours du premier trimestre de 2025, ce qui représente environ 1 consommateur sur 22. Ce chiffre reflète une tendance inquiétante, notamment dans le secteur des crédits non hypothécaires, où le taux de délinquance a augmenté de 8,9 % par rapport à l’année précédente. Ce phénomène est particulièrement marquant chez les jeunes Canadiens, dont les taux de délinquance ont enregistré une hausse de 15,1 %. En effet, les jeunes de 18 à 25 ans sont les plus affectés, avec un taux de délinquance dans les cartes de crédit et les prêts automobiles qui a grimpé respectivement de 21,7 % et 30 %.

Le marché hypothécaire : une dynamique de renouvellement et de refinancement

Bien que la situation des créances non hypothécaires semble préoccupante, le marché hypothécaire connaît également des changements importants, bien que différents. Selon Rebecca Oakes, vice-présidente des analyses avancées chez Equifax Canada, les emprunts hypothécaires ont enregistré une hausse de 57,7 % en comparaison avec le premier trimestre de l’année précédente. Toutefois, cette croissance est largement alimentée par des activités de renouvellement et de refinancement, plutôt que par des nouvelles souscriptions. En effet, le pays est en pleine phase de ce qui est désormais appelé la « grande vague de renouvellement » des prêts hypothécaires. Cette situation est principalement due aux prêts hypothécaires contractés pendant la pandémie, qui arrivent maintenant à échéance.

L’Ontario, l’Alberta et la Colombie-Britannique se distinguent comme les provinces les plus actives dans le renouvellement de leurs hypothèques, avec près de 28 % des emprunteurs changeant de prêteur. Ce phénomène s’explique par la recherche de meilleures conditions de prêt, un enjeu clé dans un environnement économique où les taux d’intérêt demeurent volatils.

L’impact régional et générationnel : des inégalités croissantes

Les données d’Equifax révèlent que les Canadiens d’Ontario, en particulier, font face à une pression financière accrue. Le taux de délinquance des paiements hypothécaires a augmenté de 71,5 % en Ontario, tandis que le taux de délinquance des créances non hypothécaires dans cette province a progressé de 24 % par rapport à l’année dernière. Le Québec et l’Alberta suivent, bien que dans une moindre mesure, avec des augmentations respectives de 13,9 % et 15,9 %. Ce constat soulève une question importante : pourquoi certaines provinces, en particulier l’Ontario, semblent-elles subir des pressions financières plus fortes que d’autres?

Le rapport met également en lumière la profonde division générationnelle qui se profile. Les jeunes adultes, notamment ceux de moins de 26 ans, connaissent des difficultés de plus en plus grandes pour honorer leurs dettes, et les taux de délinquance chez cette tranche d’âge ont augmenté de manière significative, de l’ordre de 21,7 % pour les cartes de crédit et 30 % pour les prêts automobiles. Cette tendance laisse présager un avenir financier incertain pour les nouvelles générations, qui devront faire face à des défis économiques encore plus complexes.

Une pression accrue sur les ménages canadiens

En somme, le rapport d’Équifax illustre une détérioration générale des conditions financières des Canadiens, alimentée par une augmentation des arriérés de paiement et une stabilité fragile dans le secteur hypothécaire. Si certaines catégories de consommateurs montrent des signes de prudence, comme une diminution des dépenses par carte de crédit, les signes de fragilité restent évidents, particulièrement parmi les jeunes générations et dans les provinces les plus touchées par la hausse des taux de délinquance.

Rebecca Oakes conclut en soulignant que bien que des signes positifs soient apparus dans certains comportements financiers, la montée des coûts de la vie, l’augmentation du chômage et la pression inflationniste risquent de maintenir des conditions difficiles pour de nombreux Canadiens. Ainsi, la prudence sera essentielle pour naviguer ces défis économiques.

Source : Equifax Canada, Global News Wire

La Rédaction

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