Les écrans chez les enfants : un enjeu existentiel pour l’avenir du monde

Cela peut paraître gros écrit comme ça, mais la question des écrans chez les enfants pose un enjeu existentiel pour l’avenir du monde. De nombreux scientifiques, artistes et professeurs avertissent du danger que représentent les écrans pour les enfants. Leur avenir serait déjà compromis. Même s’il est impossible de tout expliquer dans un texte d’opinion, voici quelques réflexions sur un enjeu de société qui rend plusieurs mal à l’aise, mais qu’il faudra un jour affronter.

Promenez-vous dans les rues : vous ne verrez pas beaucoup d’enfants s’y promener, jouer dehors ou faire du vélo. Par contre, ils sont très nombreux à jouer sur leur iPad. Dès l’âge de 2 ans, certains parents offrent une tablette à leurs enfants. C’est comme une gardienne qu’on a pas besoin de payer. La tablette hypnotise les enfants, pendant que papa et maman peuvent s’étendre sur le divan après une longue journée de travail.

Mais, cela a des conséquences qui seront tragiques si rien n’est fait. Déjà, les pédopsychiatres et enseignants avertissent de la dépendance aux écrans des enfants. Rien que sur YouTube, on peut voir des centaines de vidéos d’enfants en pleurs parce qu’on leur a retiré leur écran. On parle ici d’une dépendance très forte à la dopamine, à un très jeune âge.

Ces enfants ont du mal à se concentrer à l’école, à socialiser, à se faire des amis dans la vie réelle. Lorsqu’ils atteignent l’adolescence, l’intimidation devient virtuelle. Des adolescents se sont suicidés, car victimes de chantage par sextorsion. Rien de très beau là-dedans. De plus, la rapidité des écrans, des applications et des services en ligne fait que les jeunes sont incapables de s’ennuyer, ou de faire un effort quelconque.

L’ennui est nécessaire pour le cerveau humain, car il permet de prendre une « pause », de se remettre en question, de réfléchir. Mais en 2024, il est impossible pour la plupart des gens de s’ennuyer un seul instant. Cela inclut les adultes. Pourtant, on finit par se fatiguer à force d’utiliser les écrans. On devient moins concentré. Moins efficace. Imaginez si vous avez ces problèmes à 30 ans, à quel point cela sera terrible pour des enfants nés là-dedans.

Les premières années de la vie sont fondamentales pour l’avenir des enfants. S’ils sont incapables de gérer leur colère, l’ennui, de faire des efforts modérés pour obtenir quelque chose dont ils ont besoin, qui le fera à leur place? L’école doit constamment niveler les critères de réussite par le bas. Même à l’université, la qualité du français n’est plus évaluée dans les examens écrits.

Nous avons abondamment parlé du taux d’échec préoccupant des futurs enseignants au Québec. Mais comment peut-il en être autrement? Nous vivons dans un monde où tout doit nécessiter le moins d’efforts possible. Commander en personne sa poutine au restaurant ? Trop compliqué. Même s’il faudra payer 15$ de plus, en ligne, c’est beaucoup plus simple.

Oui, cet exemple peut paraître caricatural. Mais nous apprenons aux enfants à agir de la sorte en les mettant à un très jeune âge devant des tablettes. Et pour faire quoi? La plupart du temps, ils regarderont du contenu pour « enfants », qui en réalité est un contenu provenant d’on ne sait trop où. Images qui sont des successions d’images rapides, montrant des comportements dangereux, déviants ou étranges par des personnages appréciés des enfants.

On a parlé de « Elsagate » il y a quelques années par rapport à ces images troublantes montrant des personnages de Disney dans des positions sexuelles, mais présentement, le niveau a encore baissé. On montre des successions d’images, des plans qui ne durent jamais plus de 3 secondes, de têtes sortant des toilettes, d’accidents de voiture du jeu Grand Theft Auto, ou encore de personnages animés faisant des pitreries sans qu’il n’y ait aucun contenu éducatif.

Un côté complotiste pourrait dire : c’est la Russie, ou la Chine, qui veut rendre nos enfants stupides. Bien sûr, TikTok n’est pas fait pour rendre les enfants occidentaux créatifs, mais c’est un problème bien plus profond. Celle d’une société individualiste, froide, qui a du mal avec les enfants. Nous pourrions faire un lien avec le discours de certains militants écologistes ou bien de féministes déconstruites. Nous pourrions aussi parler de la déresponsabilisation de certains parents, tellement épris de leur liberté qu’ils en négligent leurs obligations. Il faudra un jour se poser la question du traitement des enfants dans nos sociétés. Et la meilleure façon d’en prendre soin. Loin des écrans.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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