Les États-Unis enquêtent sur un potentiel « cartel climatique » : Carney possiblement impliqué

Une enquête de la commission judiciaire de la Chambre des représentants des États-Unis secoue actuellement le monde de la finance verte. Au cœur de cette tempête : le Glasgow Financial Alliance for Net Zero (GFANZ), une organisation accusée d’agir comme un « cartel climatique » en exerçant des pressions sur les entreprises pour qu’elles adoptent des objectifs de neutralité carbone. L’ancien gouverneur de la Banque du Canada et de la Banque d’Angleterre, Mark Carney, figure centrale du GFANZ, pourrait être impliqué dans cette affaire.

Un « cartel climatique » sous investigation

Le rapport explosif de la commission judiciaire, intitulé « Climate Control: Exposing The Decarbonization Collusion in ESG Investing », publié en juin 2024, accuse le GFANZ de collusion en matière de décarbonisation. Selon les enquêteurs, l’organisation utiliserait son influence pour imposer aux entreprises des obligations environnementales contraignantes par le biais de négociations avec les directions, de résolutions d’actionnaires et de votes au sein des conseils d’administration.

Le rapport souligne que cette collusion pourrait avoir des effets néfastes sur l’économie en entraînant une réduction de l’offre et une augmentation des prix, notamment dans des secteurs clés comme les énergies fossiles, l’aviation et l’agriculture. En réponse, la commission a élargi son enquête en décembre 2024, en exigeant la communication de documents de plus de 60 gestionnaires d’actifs américains, soupçonnés d’avoir participé aux pratiques du GFANZ.

Une restructuration précipitée

Face à cette pression croissante, le GFANZ a brusquement annoncé, le 31 décembre 2024, une restructuration complète de son organisation. Initialement conçu comme une coalition mondiale visant à éliminer progressivement les financements d’activités non conformes à l’Accord de Paris, le GFANZ a réorienté son discours. Désormais, il met l’accent sur « l’orientation des capitaux vers la transition énergétique », une approche bien moins agressive.

Cette modification soudaine s’explique-t-elle par les menaces judiciaires qui pèsent sur l’organisation ? Si l’enquête se poursuit, des documents pourraient révéler l’ampleur de la coordination entre les institutions financières et les objectifs du GFANZ.

Mark Carney quitte le navire… et vise le pouvoir

Mark Carney, co-fondateur et ancien co-président du GFANZ, n’a pas attendu pour prendre ses distances. Le 15 janvier 2025, il a discrètement quitté l’organisation, laissant derrière lui une institution en pleine tourmente judiciaire. Ce timing soulève des questions, d’autant plus que dès le lendemain, Carney annonçait officiellement sa candidature à la direction du Parti libéral du Canada.

Ce n’est pas la première fois que Carney anticipe un changement de cap lorsque la situation devient délicate. Après son départ anticipé de la Banque du Canada en 2013, il a immédiatement pris la tête de la Banque d’Angleterre. En 2020, il quittait son poste de gouverneur avant la fin de son mandat pour devenir envoyé spécial des Nations unies pour l’action climatique et la finance.

Une montée en politique sous le signe du climat

Carney et le Parti libéral flirtent depuis des années, et son passage chez Brookfield Asset Management en 2020 – où il s’occupait de gouvernance environnementale – ne fait que confirmer son orientation politique. Son implication dans le GFANZ illustre son ambition de restructurer l’économie mondiale selon des critères environnementaux stricts.

Si Carney devient premier ministre du Canada, quelle sera son approche ? Son parcours suggère qu’il pourrait chercher à imposer des politiques financières climatiques ambitieuses, alignées sur ses objectifs passés. Les Canadiens doivent s’interroger : un gouvernement dirigé par Carney serait-il focalisé sur le Canada ou inscrit dans une vision plus globale, influencée par ses engagements internationaux ?

Une constante : l’art de la sortie stratégique

Mark Carney a prouvé à plusieurs reprises sa capacité à quitter une position avant qu’elle ne devienne un fardeau. Que ce soit dans les banques centrales ou dans le secteur privé, il a su se repositionner avec habileté. Cette fois-ci, alors que le GFANZ est dans la tourmente, il se projette vers une nouvelle carrière politique.

Une question reste en suspens : l’enquête américaine sur le « cartel climatique » révélera-t-elle des éléments compromettants pour Carney ? Si la commission judiciaire met au jour des preuves solides, cela pourrait poser un problème pour le Canada. En attendant, il semble toujours avoir un plan de secours bien ficelé.

Philippe Sauro-Cinq-Mars

Diplômé de science politique à l'Université Laval en 2017, Philippe Sauro Cinq-Mars a concentré ses recherches sur le post-modernisme, le populisme contemporain, la culture web et la géopolitique de l'énergie. Il est l'auteur du livre "Les imposteurs de la gauche québécoise", publié aux éditions Les Intouchables en 2018.

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