Les étudiants étrangers floués sont-ils en partie responsables de leur malheur?

Un campement le long de l’autoroute, près de Toronto, où sont des étudiants étrangers et des travailleurs temporaires. Ceux-ci affirment avoir été floués par les collèges privés et le gouvernement fédéral, et ils exigent donc la résidence permanente. Si l’on peut raisonnablement comprendre leur frustration, il faut pouvoir se mettre dans le contexte. Ces étudiants ont-ils trop été naïfs? Normalement, si une chose semble trop belle, c’est qu’elle n’est peut-être pas vraie.

Si nous retournons quelques décennies en arrière, les étudiants étrangers au Canada étaient relativement rares. Il s’agissait pour l’essentiel de l’élite de pays en voie de développement, qui venaient se former ici, car ayant obtenu des bourses des gouvernements québécois et canadiens. Plusieurs sont restés ici, mais d’autres sont partis également. La vaste majorité des étudiants étaient alors des nationaux.

Maintenant, certaines universités carburent uniquement aux étudiants étrangers. Pour les Chinois, les Indiens et d’autres nationalités, c’est vu comme une façon simple d’immigrer chez nous, et éventuellement d’aller chez le voisin américain. Mais c’est qu’étudier ici, ce n’est pas une garantie en béton que cela permettra d’obtenir la résidence permanente. Il s’agit là d’un malentendu très négatif dans notre société.

Les universités de chez nous, qui forment des gens dans des domaines aussi variés que l’administration ou la physique, ont tout intérêt à recevoir des étudiants d’autres pays, et nos gouvernements aussi. Car il est ainsi possible de former des gens qui aideront leur pays lorsqu’ils retourneront chez eux. Ce qui favorisera l’économie locale, la gouvernance, la science, dans des pays où les gens souhaitent massivement émigrer.

Peut-être s’agit-il du gouvernement canadien, qui a fait miroiter de fausses promesses à l’étranger, ou encore de faux collèges privés qui facturaient des dizaines de milliers de dollars pour de faux diplômes. Mais toujours est-il que l’on ne peut pas donner la résidence permanente à tout le monde, en toutes circonstances. Les capacités d’accueil ont été largement dépassées. Le chômage augmente. Il n’y a plus de logements disponibles.

Si les étudiants indiens doivent blâmer quelque chose, ce sont les collèges qui offraient le « rêve canadien » clé en main, même si cela était trop beau pour être vrai. Cela devrait être un réflexe, mais de faire ses recherches quand on nous présente une trop belle opportunité. Le collège est-il ancien? S’il est dans un local loué dans un centre commercial, on peut raisonnablement se poser des questions. Quels sont les cours offerts? Y a-t-il d’anciens étudiants avec qui je peux entrer en contact?

Bien sûr, tout le monde préfère la voie de la facilité. Mais ce n’est pas parce que quelque chose semble facile qu’il sera simple de s’en sortir. Fort heureusement, le mot se passe sur les réseaux sociaux. Il s’agit d’aller voir Reddit, ou Quora, pour voir qu’en réalité, les candidats à l’immigration au Canada se posent de plus en plus de questions. Et c’est une bonne chose.

L’immigration est un processus complexe qui demande du temps et de l’argent. Il ne s’agit pas ici de travailler quelques mois pour un employeur local pour obtenir la résidence permanente. Le Canada est en compétition face aux États-Unis et à l’Europe pour attirer des gens qualifiés. Alors, pourquoi le Canada accueillerait des gens non qualifiés alors que nous comptons déjà de nombreux chômeurs? La question est légitime.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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