Les étudiants indiens au Canada abusent-ils du système?

True North est un média du Canada anglais qui produit de nombreux reportages sur la crise migratoire que nous vivons. Ils ont fait parler d’eux en allant interroger des étudiants indiens manifestant pour le « droit » de rester au Canada malgré la fin de leur permis d’études. Ces histoires concernant les Indiens sont relativement peu connues au Québec. Et pourtant. Les étudiants indiens au Canada abusent-ils du système? La réponse courte : oui. Et voici pourquoi.

Il y a quelques années, sont apparus au Québec des « collèges » privés sortis du milieu de nulle part. Avec des noms intrigants comme Collège CDE, Collège Canada. C’était là ce qu’on pourrait nommer sommairement des « usines à diplômes ». Des endroits qui ont pignon sur rue, qui chargent des frais de scolarité exorbitants en échange d’un diplôme à la validité douteuse permettant ensuite aux gradués d’obtenir un permis de travail. Ce qui mènera éventuellement à la résidence permanente.

Le schéma est illégal, voire criminel. Des accusations ont été déposées contre des administrateurs de la commission scolaire English Montreal. Des histoires de gros sous, de faux papiers, de recruteurs peu scrupuleux qui vont démarcher en Inde afin de trouver des « étudiants » prêts à payer jusqu’à 50 000$ pour un faux diplôme en « comptabilité et gestion » ou « secrétariat ».

Les étudiants ne venaient pas aux cours, car ils n’étaient pas obligatoires. Ceux-ci obtenaient la note de passage pour avoir simplement payé le cours. Dès qu’ils avaient en main le précieux sésame, ils partaient vers des « cieux » plus cléments pour y travailler comme camionneurs ou en restauration. Au Québec, cette présence indienne a intrigué plusieurs habitants de Sherbrooke durant la pandémie.

Ceux-ci portaient bien souvent le turban, associé à la religion sikhe, et ne faisaient pas l’effort de s’intégrer en français. Ceux-ci ont disparu comme ils apparurent du jour au lendemain. Dès que le gouvernement du Québec a mis la hache dans ces programmes à la légalité suspecte, ils sont tout simplement partis pour la Nouvelle-Écosse. Du moins c’est ce qu’on raconte.

À l’Île-du-Prince-Édouard, la plus petite des provinces canadiennes, un groupe de manifestant exigeait le « droit » de demeurer ici, malgré l’expiration de leur permis d’études. Un ancien étudiant d’origine sud-américaine me racontait que lorsqu’un étudiant a fini ses études ici, il est incité à ramener chez lui les compétences qu’il a apprises au Canada. Sinon, que cela amplifie le phénomène « d’exode des cerveaux », car les pays développés recrutent les diplômés des pays pauvres, les privant ainsi d’experts potentiels qui pourraient contribuer au développement chez eux.

Étudier au Canada ou au Québec n’est pas une garantie en béton que l’on aura le droit de rester ici après. Au-delà de l’argument de l’exode des cerveaux mentionné plus haut, les visas viennent avec des conditions strictes qu’un État souverain doit faire respecter. Au risque qu’il y ait de l’abus. Comme justement dans le cas des étudiants indiens. À quelque part, difficile de blâmer des gens de vouloir profiter d’une brèche grande ouverte dans la clôture. Mais c’est plus compliqué que ça.

Le Canada a parfaitement le droit de restreindre l’immigration selon ses besoins réels de main-d’œuvre (et ne pas seulement répondre aux caprices du conseil du patronat), tout comme il a le devoir de faire respecter ses lois. Mais bon, Justin Trudeau ne pense pas comme ça. Il pense que le Canada est un grand hôtel où n’importe qui peut entrer selon ses envies. Pas besoin d’enlever ses souliers, le tapis est déjà sale. Mais les choses ont changé depuis 2015.

À l’époque, l’immigration, déjà élevée, mais dans des proportions plus raisonnables, était un processus exigeant pour ceux souhaitant s’y engager. Mais les libéraux votèrent de nombreuses réformes, ouvrant toujours plus grand certaines brèches dans les lois canadiennes. Le chemin Roxham en est un exemple. Les faux collèges ayant l’autorité de demander des visas d’étudiants aussi. Le système a engendré quantité d’abus. Et le gouvernement doit maintenant rétropédaler.

Trudeau sait qu’il n’en reste plus pour très longtemps à son gouvernement. D’un côté, il dit qu’effectivement, de faux étudiants ont abusé du système. Mais qui a permis ces brèches dans nos lois, violant ainsi l’intégrité de nos frontières? Sans compter que d’un côté, il fait un geste comme restreindre le nombre de visas, mais souhaite donner la nationalité canadienne à des gens de troisième génération à l’étranger. Ceux-ci, souvent des Néo-Canadiens naturalisés, pourront transmettre par « droit du sang » leur nationalité à leurs enfants, même s’ils ne sont pas nés en territoire canadien.

Oui, les étudiants indiens ont abusé de brèches dans le système d’immigration canadien, et ils sont à blâmer. Mais qui a permis ce bar ouvert? Ce sont les libéraux, tout simplement. Oui, c’est un cliché de dire ça, mais le Canada n’avait pas besoin de neuf longues années de règne de Justin Trudeau. Il allume un incendie qui est désormais hors de contrôle, mais celui-ci souhaite l’éteindre avec un pistolet à eau? Soyons sérieux une minute. Ce gouvernement est le pire que l’on ait connu dans notre histoire récente.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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