Les jeunes hommes ont besoin d’accompagnement, pas d’être blâmés

Andrew Tate est désormais en sol américain, suite à des pressions sur le gouvernement roumain exercées par le président Donald Trump. Il était accusé de trafic humain et d’avoir exploité sexuellement des femmes. Bien sûr, il ne s’agit pas ici de défendre Andrew Tate ni ses propos, mais peut-on considérer qu’il est avant tout une conséquence de notre époque, marquée par des tensions croissantes entre les hommes et les femmes ?

Le GRIS-Montréal, dans son étude visant à démontrer—de manière bancale—une augmentation des sentiments homophobes chez les jeunes, a en partie blâmé les influenceurs masculinistes pour leur supposée contribution à cette hostilité. Mais n’est-ce pas l’exemple parfait de militants qui blâment une conséquence plutôt qu’une cause ?

Un sentiment d’exclusion généralisé

Les influenceurs masculinistes, ou « mâles alpha », n’ont rien inventé. Ils sont simplement le reflet d’une époque où il est difficile d’être un jeune homme ambitieux. Prenons l’exemple d’un jeune homme de 18 ans, qui commence le cégep avec le rêve de devenir entrepreneur.

Depuis des années, qu’entend-il à l’école ? Qu’il est un mâle blanc privilégié, qu’il vit sur des territoires non cédés. Et quelles opportunités lui offre-t-on ? Aucune, si ce n’est de se taire.

S’il veut s’inscrire pour obtenir une bourse, certaines lui seront fermées parce qu’il est un homme blanc. Il rêve de faire du cinéma ? L’ONF lui fermera la porte, lui expliquant qu’il n’est pas une femme de couleur. Après tout cela, doit-on s’étonner qu’il ressente un profond sentiment d’injustice ?

Et cela, sans même parler du discours dominant à l’école, où on lui explique qu’il est un violeur potentiel, un futur conjoint violent. Des affiches lui rappellent dans les toilettes que « sans oui, c’est non ». Il marche sur des œufs dans ses relations avec les femmes, de peur qu’une simple maladresse lui soit reprochée.

Puis, lorsqu’il tente de rencontrer quelqu’un, il découvre un monde où les applications de rencontres sont devenues la norme. Mais le système est biaisé : 15 % des hommes accaparent 85 % des femmes. Les autres peuvent bien passer des heures à « swiper », rien ne changera.

Une réaction prévisible, mais évitable

Avec tout cela en tête, est-ce vraiment surprenant que les influenceurs masculinistes connaissent un tel succès ?

La gauche déconstruite préfère blâmer les hommes pour leur soi-disant radicalisation, au lieu de se remettre en question. Non, les jeunes hommes ne sont pas spontanément misogynes, racistes ou homophobes. Mais à force de leur dire qu’ils sont le problème, faut-il s’étonner qu’ils finissent par adopter un discours inverse ?

Ce dont ils ont besoin, ce n’est pas d’être constamment pointés du doigt, mais bien d’être accompagnés, encouragés et responsabilisés—dans le bon sens du terme. On ne construit pas une société équilibrée en traitant une génération entière d’hommes comme des oppresseurs en puissance.

Si les relations hommes-femmes étaient plus saines et plus équilibrées, Andrew Tate et ses clones ne seraient que des phénomènes marginaux dans les recoins obscurs d’Internet.

Créer de vrais modèles masculins plutôt que des boucs émissaires

Pourquoi ne pas encourager davantage le sport chez les jeunes, la fraternité, des projets formateurs ? Pourquoi refuser aux garçons ce qu’on accepte pour les filles ?

Certaines féministes, comme Martine Delvaux, dénonceront sans doute la création de « boys clubs », mais n’est-ce pas justement ce dont les jeunes hommes ont besoin pour s’épanouir et répondre aux défis qu’ils rencontrent ?

Personne ne blâme les femmes de vouloir se rassembler entre elles. Pourquoi reprocherait-on cela aux hommes ?

Le féminisme radical a généré ce contre-mouvement

Andrew Tate n’est pas tombé du ciel. Il est le produit de décennies de politiques féministes souvent mal appliquées, où l’État a pris une place de plus en plus grande dans la vie des couples, des familles et de l’éducation des enfants.

On a déresponsabilisé les parents, préférant déléguer par exemple l’éducation sexuelle des jeunes garçons aux écoles, qui elles-mêmes se sont transformées en machines à promouvoir des théories de plus en plus farfelues sur le genre.

Aujourd’hui, on s’étonne de voir des jeunes hommes se tourner vers des discours extrêmes, alors que c’est précisément l’idéologie dominante qui les a poussés dans cette direction.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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