Le repositionnement des journaux régionaux est une bonne nouvelle, il freine la centralisation de l’information et distance le lecteur du dogme de la pensée unique.
Même si les six journaux regroupés au sein de la Coopérative nationale de l’information indépendante (CN2i) abandonnent la publication papier sur semaine, Le Soleil (Québec), Le Droit (Ottawa/Gatineau), Le Nouvelliste (Trois-Rivières), Le Quotidien — Le Progrès (Saguenay/Lac-Saint-Jean), La Tribune (Sherbrooke) et La Voix de l’Est (Granby) continueront de commenter l’actualité de leur région.
Je suis fier du choix de chacun de ces journaux régionaux qui s’est pris en main pour mettre en valeur les talents, les idées et les entreprises de sa région. Grâce à l’apport des chambres de commerce et des acteurs de chacune de ces régions, la CN2i répond à un besoin : une information plus près de la réalité régionale.
Les journaux nationaux ont leur valeur, ils nous sensibilisent sur des enjeux qui concernent l’ensemble des Québécois ; ils sont donc indispensables. Le problème survient lorsqu’ils font cavalier seul. Ils ont alors tendance à « montréaliser », voire même jusqu’à « plateauiser » l’information, si bien qu’un résident du Saguenay ou de l’Estrie risque de ne s’identifier ni au contenu éditorial ni aux sujets qui sont traités.
L’apport de l’électronique permet à tous les Québécois de rester branchés sur les réalités et les enjeux qui concernent les différentes régions et sur les priorités qu’elles accordent à leur vécu propre. Sans ces journaux, la région métropolitaine prendra difficilement conscience de l’actualité des régions, qui ne sont guère représentées par les journaux nationaux. Avoir accès à leurs journaux permet aux résidents des grands centres de connaitre davantage les réalités culturelle, géographique, sociale et économique de chacune de ces régions.
J’espère que la CN2i optera pour un modèle semblable à celui du Devoir, qui donne à ses lecteurs accès à des articles gratuits. Ce même choix de la coopérative permettrait non seulement aux Québécois, mais à l’ensemble de la Francophonie de rester en contact avec les régions du Québec.
J’espère que chacun de ces journaux contribuera à mousser davantage la culture et la gastronomie propres à sa région, ce qui en augmentera l’attrait touristique.
Je souhaite également que leur ligne éditoriale s’apparente à celle de Québec Nouvelles et appuie la résistance à la pensée unique. En gardant leur indépendance, les journaux de la CN2i enrichiront la réflexion des Québécois. Advenant le contraire, tout ce beau monde risque de tirer dans le même sens, et la créativité de ces diverses plateformes qui, autrement, se déploierait librement, se mettrait, sous la contrainte, à décliner au nom de l’uniformité.
Lorsque l’offre journalistique touche une diversité d’opinions, le consensus s’en trouve enrichi. Dans ce contexte, une pensée alternative, indépendante et distante de la pensée unique, est obligée. Je dis merci à tous ceux qui ont contribué à la survie de ces journaux régionaux parce que, dans un Québec démocratique, il n’y a pas de place pour la pensée unique…
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