D’après un article de Lynn Chaya et Luca Caruso-Moro publié sur CTV News le 5 juin 2025.
Le gouvernement libéral de Mark Carney a déposé aujourd’hui le projet de loi C-3 visant à modifier la Loi sur la citoyenneté. Si adopté, ce projet accorderait automatiquement la citoyenneté à toute personne qui en aurait bénéficié sans la limite dite « de première génération ». Actuellement, un Canadien né à l’étranger ne peut transmettre sa citoyenneté à son enfant si celui-ci naît lui aussi hors du pays.
La nouvelle législation permettrait à un parent de transmettre la citoyenneté à condition d’avoir vécu physiquement au Canada pendant au moins 1 095 jours consécutifs (soit trois ans) avant la naissance de l’enfant.
Le gouvernement affirme que cette mesure permettra de « protéger la valeur de la citoyenneté canadienne » tout en étant plus inclusive. Mais à y regarder de plus près, on peut légitimement se demander si cette expansion ne va pas plutôt en diluer la valeur, tout en posant d’importants défis logistiques et identitaires.
Du point de vue conservateur, il est difficile de ne pas y voir une remise en cause d’une réforme mise en place sous le gouvernement de Stephen Harper, qui visait justement à préserver un lien tangible entre le Canada et les enfants nés à l’étranger. En élargissant l’accès à la citoyenneté sur la base d’un simple séjour antérieur du parent, le gouvernement Carney risque de faire de la citoyenneté un droit transmissible sans attache réelle au territoire.
Pour les nationalistes québécois, la mesure soulève également des inquiétudes. En rendant éligibles à la citoyenneté des milliers d’individus potentiellement sans lien culturel, linguistique ou social avec le Canada — et encore moins avec le Québec — cette loi pourrait accentuer la pression sur le système d’immigration et compliquer davantage l’intégration. Le Bloc québécois pourrait y voir une atteinte à la capacité du Québec de gérer de façon autonome ses seuils migratoires et de maintenir son poids démographique dans la fédération.
Certains avocats en immigration, comme Ryan Neely, saluent la proposition, arguant qu’elle règle des cas résiduels de « Canadiens perdus » non visés par les modifications législatives de 2009 et 2015. Mais selon ses propres termes, la mesure pourrait « créer un nombre inconnu, mais significatif de citoyens canadiens à travers le monde ». Autrement dit, des gens qui, jusqu’ici, ne comptaient pas du tout sur la scène canadienne, deviendraient soudainement citoyens en vertu d’un lien généalogique parfois lointain.
Toronto, Vancouver, ou Montréal verront-elles affluer une nouvelle cohorte de citoyens fraîchement reconnus — et souvent sans véritable intention de s’établir ici ? Certains experts évoquent déjà un « effet de déferlante » sur les services d’Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada (IRCC), dont les arriérés restent massifs : plus de 2 millions de demandes en traitement, dont plus de 240 000 pour la citoyenneté.
Alors que les Canadiens peinent à obtenir des réponses de l’administration pour des demandes légitimes, le gouvernement libéral semble prêt à multiplier les détenteurs de passeports à l’étranger, au nom d’une vision abstraite et inclusive de la citoyenneté. Le tout, sans plan clair pour renforcer les capacités de traitement, ni débat public réel sur les conséquences culturelles, politiques ou sociales de ce changement.
Une fois de plus, Ottawa semble vouloir ouvrir les portes sans se demander qui entre, pourquoi et à quel prix.
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