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Les libéraux fédéraux ont-ils peur de l’indépendance du Québec? Cela est fort probable

Les libéraux fédéraux ont beau être attaqués de partout, c’est seulement en ce moment qu’ils semblent accepter de reculer. Voilà que Marc Miller fait un « cadeau » au Québec : la plupart des travailleurs temporaires sur le territoire québécois devront parler français d’ici quelques années. Est-ce parce que les libéraux sont à l’écoute du gouvernement de François Legault, ou bien parce qu’ils ont peur de l’indépendance du Québec? La seconde option est la plus probable.

Ce n’est un secret pour personne : le mouvement indépendantiste est bel et bien de retour. Il fut annoncé pour mort à plusieurs reprises. Mais c’était sous-estimer ce qu’est le phénix de la politique canadienne. C’est au moment où l’on annonçait triomphalement sa mort sur toutes les tribunes qu’il renaît de ses cendres. De quoi faire peur aux meneurs fédéralistes québécois. À commencer par les libéraux.

André Pratte nous a présenté récemment la réponse au budget de « l’an 1 » de Paul St-Pierre Plamondon. Un an plus tard. Pour quel résultat au final? Cette réponse n’a pas réussi son objectif de faire peur. Disons que comme coup d’épée dans l’eau, c’est vraiment raté. Les libéraux doivent donc passer à la vitesse supérieure. C’est le cas du cerveau derrière l’élection de Justin Trudeau, Gerald Butts.

Ce stratège libéral haut placé a publié une tribune dans la revue The Walrus, où il avertit le Canada qu’il n’est pas préparé face à la menace « sécessionniste » du Québec. Il évoque le fait que les Canadiens dévalorisent constamment leur pays, incitant un nombre grandissant de Québécois à vouloir quitter ce pays qui va mal. Mais il délire également : il évoque une possible ingérence russe contre le Canada.

Il affirme que le régime de Vladimir Poutine pourrait être tenté de favoriser l’indépendance du Québec, afin de nuire au principal partenaire des États-Unis. Bien sûr, cela n’est que pure fabulation. Mais une campagne de peur a besoin d’hommes de paille comme ça. Cela faisait partie du plan à Jean Chrétien après le référendum volé de 1995. Il fallait d’un côté, satisfaire certaines demandes traditionnelles du Québec, mais aussi faire peur.

La peur, on l’a avec la menace russe imaginaire, et la réponse au budget de l’an 1. Mais il faut aussi faire des concessions. Pour que les Québécois se disent « ah, le Canada, ce n’est pas si pire finalement ». En donnant des pouvoirs symboliques au Québec comme celui de franciser une partie de ses travailleurs étrangers, Marc Miller espère convaincre le segment fédéraliste de l’électorat québécois, qui est de plus en plus sceptique face au Canada.

Le Canada, qui sous Justin Trudeau, s’éloigne progressivement de son image de pays bilingue. La présence du français au Canada est considérée par plusieurs élus fédéraux, mais aussi de différentes provinces, comme le relent d’un passé révolu. On l’a vu avec la nomination d’une gouverneure générale inuite, qui est incapable de s’exprimer en français après 30 000$ de cours à la charge du gouvernement canadien.

L’argument évoqué : celle-ci est « bilingue », car elle parle anglais et inuktitut! Son mari s’est d’ailleurs indigné sur les réseaux sociaux en attaquant les Québécois qu’il accuse d’être indifférents aux langues autochtones. Disons que la stratégie de mettre en rivalité les Québécois et les autochtones ne date pas d’hier. Déjà en 1990, Robin Philpot l’évoquait dans son essai percutant : Oka, dernier alibi du Canada anglais. Rien n’a changé depuis. De même que rien n’a changé depuis le plan B de Jean Chrétien.

Justin Trudeau recule maintenant sur l’immigration, alors que c’est trop peu, trop tard. Son ministre de l’immigration, Marc Miller, se dit prêt à faire des concessions au Québec. Mais voyons cela comme une tentative désespérée de s’accrocher au pouvoir. Et aussi de convaincre les fédéralistes « mous » que le Canada n’est peut-être pas si pire que ça.

Les jeux sont faits. C’est Trudeau qui prendra bientôt la porte. Il aura beau réduire encore davantage l’immigration, nous savons à quel point son gouvernement opportuniste est malhonnête. Nous apprendrons dans quelques mois que Trudeau a ouvert d’autres filières pour l’immigration, comme il l’a fait lors de la fermeture du chemin Roxham. Celui-ci s’était empressé d’assouplir les visas pour les visiteurs étrangers qui aimeraient faire une demande d’asile dans un aéroport canadien. Comment faire confiance à des gens qui mentent à ce point?

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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