Par Cosmin Dzsurdzsa
Les représentants du gouvernement libéral au ministère des Ressources naturelles n’ont pas voulu révéler s’ils considéraient l’énergie nucléaire ou le gaz naturel comme une forme d’énergie propre.
Lors d’une réunion du 21 mars du Comité du commerce international de la Chambre des communes, les hauts fonctionnaires du ministère n’ont pas pu répondre aux questions des parlementaires qui voulaient savoir si l’énergie nucléaire était incluse dans sa stratégie sur l’électricité propre.
» Vous avez parlé d’énergie verte et du fait que vous ne savez pas où se situe le nucléaire, alors comment pouvez-vous expliquer comment l’énergie nucléaire a été exclue du cadre des obligations vertes par ce gouvernement ? Si elle a été exclue de ce cadre, il est évident que ce gouvernement ne pense pas que l’énergie nucléaire soit verte. Pouvez-vous ajouter quelque chose à ces commentaires, s’il vous plaît ? a demandé le député conservateur Warren Steinley.
« Le ministère des Finances est responsable en dernier ressort des cadres d’obligations vertes, donc je m’en remettrais à lui sur (cela) », a répondu la directrice générale de l’énergie du ministère, Amanda Wilson.
« Je comprends cela », a déclaré Steinley. « Êtes-vous en train de dire que le ministère des Finances n’a pas du tout demandé au ministère des Ressources naturelles ce qui devrait être dans le cadre des obligations vertes et ce qui devrait en être retiré ? ».
« RNCan a évidemment contribué à ce cadre, parce qu’un certain nombre de ministères l’ont fait, mais nous n’avons pas pris les décisions finales en ce qui concerne ce cadre », a répondu Wilson.
« La recommandation de RNCan est donc d’inclure le nucléaire dans le cadre de l’obligation verte, a dit M. Steinley.
« Non, ce n’est pas ce que j’ai dit, monsieur. J’ai dit que le ministère des Finances est le mieux placé pour répondre à la question en ce qui concerne le cadre des obligations vertes », a répondu M. Wilson.
Le ministère des Finances a publié ses directives sur le cadre des obligations vertes plus tôt ce mois-ci. Le programme permettra aux investisseurs d’acheter des obligations pour financer des projets environnementaux du gouvernement. Un total de 5 milliards de dollars en obligations émises par le gouvernement sera disponible pour l’achat dans le cadre du programme.
Plus tôt au cours de la réunion du comité, Mme Wilson n’a pas non plus été en mesure de répondre aux questions qui lui ont été posées par le député libéral Chandra Arya, à savoir si le gouvernement fédéral avait déclaré l’énergie nucléaire ou le gaz naturel comme étant verts et durables.
« Sur une question connexe, l’Union européenne a déclaré que le nucléaire et le gaz naturel sont verts et durables. Que pensez-vous de la position du Canada à cet égard ? » a demandé M. Arya.
« Je ne sais pas si le Canada a mis des étiquettes en soi sur le gaz naturel et le nucléaire. Je pense que nous regardons plus spécifiquement l’intensité énergétique, en comprenant qu’il sera important de trouver la bonne combinaison de sources d’énergie et de technologies à mesure que nous avançons vers le zéro net », a déclaré M. Wilson.
Les militants écologistes ont tenté de dépeindre l’énergie nucléaire et le gaz naturel comme une forme d’énergie sale afin de paralyser davantage le développement dans ces domaines. En février, la Commission européenne a annoncé que ces deux formes d’énergie devaient être considérées comme des « investissements durables » et faire partie de l’effort du continent pour devenir neutre en carbone d’ici 2050.
Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’utilisation de l’énergie nucléaire a permis de réduire les émissions de CO2 de plus de 60 gigatonnes – soit l’équivalent de deux années d’émissions mondiales – au cours des 50 dernières années. Dans son rapport intitulé Examen de la politique énergétique du Canada 2022, l’organisation a noté que l’énergie nucléaire jouait un rôle important dans l’industrie canadienne des énergies propres.
« Pour atteindre des objectifs climatiques ambitieux, et potentiellement des émissions nettes nulles d’ici 2050, il faudra à la fois exploiter à long terme le parc nucléaire existant et développer de nouvelles constructions nucléaires », écrit l’AIE.
En ce qui concerne le gaz naturel, l’AIE a également observé que le produit canadien pourrait contribuer à déplacer l’utilisation du charbon à l’échelle mondiale, en devenant la deuxième source d’énergie après l’hydroélectricité d’ici 2040.
« L’usine de GNL Canada est conçue pour être l’une des installations de GNL à plus faible intensité de CO2 actuellement en exploitation dans le monde, avec un taux d’émissions inférieur de 60 % à la moyenne mondiale. D’autres projets de GNL au Canada prévoient d’utiliser de l’hydroélectricité propre et renouvelable pour alimenter les opérations, avec des profils d’émissions jusqu’à 90 % inférieurs à ceux des concurrents mondiaux », notent les chercheurs.
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