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Les PME sur le qui-vive face à une possible nouvelle grève de Postes Canada

Radio-Canada rapporte que les petites entreprises canadiennes se préparent fébrilement à une nouvelle interruption potentielle des services de Postes Canada, qui pourrait survenir dès la semaine prochaine. Cette éventualité ravive les inquiétudes liées à la chaîne d’approvisionnement et aux ventes en ligne, à peine quelques mois après une grève historique de plus d’un mois qui avait laissé des millions de colis en suspens à la fin de 2024.

En décembre dernier, plus de 55 000 travailleurs postaux avaient cessé le travail, forçant Ottawa à imposer un retour au travail temporaire jusqu’au 22 mai 2025. Or, cette échéance approche, et les négociations entre la direction de Postes Canada et le Syndicat des travailleurs et travailleuses des postes (STTP), amorcées le 30 avril, sont présentement suspendues.

Un climat d’incertitude qui paralyse les entreprises

Selon Radio-Canada, la suspension des discussions par Postes Canada, invoquant une absence de « progrès significatifs », est vue comme une manœuvre tactique par le syndicat. Ce dernier déplore que l’on maintienne « les travailleurs et le public sur le qui-vive » au lieu de négocier sérieusement une nouvelle convention collective qui, selon le STTP, devrait renforcer les services publics postaux.

Cette incertitude affecte déjà les petites entreprises, qui avaient durement souffert lors de l’arrêt de travail précédent. Radio-Canada rappelle que, l’automne dernier, des commerçants comme Sterling Slingerland, propriétaire d’une boutique de cadeaux en ligne à Oshawa, avaient dû suspendre les commandes et inviter leurs clients locaux à venir récupérer leurs colis en personne.

Des solutions de rechange… limitées et coûteuses

Nombre d’entreprises se tournent aujourd’hui vers des transporteurs privés. Mais comme le souligne Radio-Canada, ceux-ci imposent souvent des tarifs plus élevés et ne couvrent pas adéquatement les zones rurales. Tracy Hubbard, une commerçante de la Nouvelle-Écosse spécialisée dans la laine, a déclaré qu’elle évaluait déjà les pertes potentielles si elle devait abandonner Postes Canada au profit de géants comme FedEx ou UPS.

Même les plateformes émergentes de livraison de proximité, comme GoBolt, ont été prises de court lors de la dernière grève. Leur capacité à absorber un volume massif de commandes reste limitée, d’autant que les grandes entreprises de messagerie imposent parfois des plafonds de colis.

Stallion Express, une autre société alternative de livraison citée par Radio-Canada, prévient qu’une nouvelle grève pourrait bloquer des milliards de dollars de revenus issus du commerce électronique, en plus de priver les Canadiens ruraux de produits essentiels.

Un service public en difficulté

Au-delà du conflit de travail, c’est l’avenir même de Postes Canada qui est en jeu. Radio-Canada rappelle que le ministre fédéral du Travail, Steven MacKinnon, avait mis sur pied en décembre une commission chargée d’évaluer la viabilité à long terme de la société d’État. Cette commission, dirigée par William Kaplan, a remis hier son rapport final. Ses conclusions pourraient jouer un rôle clé dans les prochaines étapes du dossier.

Selon la professeure Stephanie Ross, spécialiste en relations de travail à l’Université McMaster, si le rapport donne raison à Postes Canada sur ses contraintes financières, l’organisme pourrait en sortir renforcé dans ses revendications, notamment celle d’élargir la livraison aux fins de semaine. Le syndicat craint que cette mesure se fasse au détriment des employés à temps plein, par un recours accru aux travailleurs précaires ou contractuels.

Une institution en mutation forcée?

L’émission Front Burner de Radio-Canada pose la question qui hante de plus en plus d’observateurs : Postes Canada est-elle une institution en déclin irréversible? Ian Lee, professeur à l’École de gestion Sprott de l’Université Carleton, y analyse la situation financière précaire de la société d’État et les bouleversements nécessaires à sa survie dans un marché dominé par le commerce électronique, les transporteurs privés et la numérisation des communications.

En attendant, les PME canadiennes doivent s’adapter une fois de plus, dans l’urgence, à un climat d’imprévisibilité où chaque retard postal devient un risque commercial majeur. Et pour les citoyens ordinaires, une nouvelle grève postale signifierait des délais prolongés pour recevoir lettres, médicaments, factures ou cadeaux.

Sources :
Toutes les informations et citations proviennent de Radio-Canada et The Canadian Press, notamment de l’article « Small businesses gear up for another possible Canada Post strike », publié le 16 mai 2025.

La Rédaction

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