Des manifestions en appui aux Palestiniens sont survenues un peu partout en Occident face à la riposte israélienne aux attentats du 7 octobre perpétrés par le Hamas. Il n’y a rien d’étonnant à ce que la gauche néo-progressiste qui appuie toutes les bonnes causes y soit bien représentée. Ce qui surprend, c’est la naïveté d’une des bannières portée dans ces rassemblements: « Queers for Palestine », qui illustre [probablement sans le réaliser] le paradoxe d’une gauche postmoderne qui défend simultanément l’activisme LGBTQ+ et le fondamentalisme musulman.
À noter que cette gauche ne défend ni les personnes LGBT, ni les personnes musulmanes, à proprement parler. Elle appuie des courants militants qui ont des affinités avec son anticolonialisme. Les homosexuels qui décrient la mouvance LGBTQ+ et les personnes de confession musulmane qui s’opposent aux accommodements religieux revendiqués par les fondamentalistes n’en sont pas les protégés.
On peut certainement éprouver de la compassion pour la population civile qui vit sous occupation israélienne depuis plus de 50 ans. Une majorité des Palestiniens qui doivent composer avec des restrictions en eau et en électricité dans la bande de Gaza et en Cisjordanie n’étaient pas au monde lors de la guerre des Six Jours de 1967.
On peut également avoir de l’empathie pour une population de Gaza qui se trouve sous le joug du Hamas alors qu’il n’y a pas eu d’élections depuis 17 ans. Cependant, des sondages récents indiquent que le Hamas demeure populaire, même si ses appuis ont un peu décliné depuis le scrutin de 2006, où il avait remporté 44% des votes. Selon un sondage réalisé par le Palestinian Center for Policy and Survey Research, seulement 46% des répondants auraient participé à de nouvelles élections présidentielles en juin 2023 s’il fallait choisir entre Mahmoud Abbas [Fatah] et Ismail Haniyeh [Hamas]. Parmi eux, 33% auraient appuyé Abbas, contre 56% pour Haniyeh. Dans la bande de Gaza, l’appui pour le candidat du Hamas s’élève à 65%. Outre, 31% des répondants estime que c’est le Hamas qui mérite le plus de représenter et de diriger le peuple palestinien. 38% des Gazaouis ont répondu que la montée du jihad islamique et le Hamas constituent le développement le plus positif depuis la création d’Israël. Ce n’est pas une majorité des Palestiniens, mais il s’agit tout de même d’un pourcentage considérable. Dans la bande de Gaza, 48% pensent que les habitants peuvent critiquer sans crainte les autorités du Hamas contre 51% qui pensent qu’ils ne le peuvent pas.
Il ne faut pas se méprendre, le non-soutien au Hamas n’est pas un indicateur d’adhésion au sécularisme ou aux valeurs progressistes. Dans une étude réalisée par PEW Research en 2013, 89% des Palestiniens ont répondu être favorables à ce que la charia soit la loi officielle de l’état. Bien que l’enquête date de 10 ans, on peut supposer que l’appui à la charia demeure élevé.
Les militants LGBTQ+ ne seraient probablement pas en lieu sûr s’ils s’affichaient dans les territoires palestiniens. L’homosexualité est illégale dans la bande de Gaza. Les peines pour activités sexuelles entre personnes de même sexe peuvent aller jusqu’à dix ans d’emprisonnement.
En 2019, l’Autorité Palestinienne a interdit aux groupes LGBT+ d’organiser des activités en Cisjordanie [bien que l’homosexualité n’y soit pas interdite par la loi]. La police a même encouragé le public à signaler toute activité de groupes LGBT+. À noter que l’Autorité Palestinienne, en charge de la gestion de la Cisjordanie, est dirigée par le Fatah, qui est le pendant « progressiste » du Hamas au pouvoir à Gaza.
Le 5 octobre 2022, Ahmed Hacham Hamdi Abu Marakhia, un Palestinien homosexuel âgé de 25 ans a été décapité à Hebron. Il était parti pour Tel Aviv où il faisait des démarches pour émigrer au Canada. Des hommes de sa communauté ont éventuellement eu vent de son emplacement. Ils sont allés le capturer et l’ont ramené en Cisjordanie pour le tuer. Une abominable vidéo de son corps exécuté a ensuite circulé sur les réseaux sociaux palestiniens.
Selon le groupe palestinien LGBT Al-Qaws, les incidents d’homophobie dans la société palestinienne résulteraient de la colonisation et de l’occupation militaire israélienne. Dans ce cas, pourquoi n’observe-t-on pas une plus grande ouverture envers les personnes LGBT en Iran et en Arabie Saoudite?
Les militants LGBTQ+ occidentaux peuvent bien se plaindre de l’intolérance et de la « haine » que leur vouent supposément les conservateurs, mais la réalité des LGBT occidentaux ne se compare pas avec celle des personnes issues des minorités sexuelles dans le monde islamique. Ici, il y a des parents qui s’opposent à ce que des drag queens viennent présenter le concept d’identité de genre aux enfants d’âge primaire. Au pire, on entend des voix qui appellent à rétropédaler quant au mariage gai et à l’adoption par parents de même sexe. Un souhait de retour aux années 1990, pas au Moyen Âge.
L’appui à la cause palestinienne au nom de la mouvance queer est-il un signalement de vertu destiné aux autres groupes pro-palestiniens? Peut-être, mais ces militants LGBTQ+ indiquent aussi que leur anticolonialisme les amène à romantiser tout ce qui n’est pas occidental, même dans l’absence d’affinités existentielles. Parce que s’ils estiment que « l’intolérance » du conservatisme contemporain dans les sociétés occidentales d’héritage judéo-chrétien leur refuse le droit d’exister, comment se sentent-ils face à l’intégrisme islamique?
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