L’histoire se répète comme un mauvais film : quelques réflexions sur la candidature d’Antoine Dionne Charest

La politique, c’est comme le cinéma. Beaucoup de prises « arrangées avec le gars des vues », mais aussi des rebondissements, des suites, des remakes, des comeback. En quoi la candidature prochaine d’Antoine Dionne Charest, fils de l’ancien premier ministre, est comme la suite d’un mauvais film? Quelques réflexions sur ce qui a les allures d’une nouvelle dynastie politique.

Le cinéma de nos jours s’est essoufflé à force de produire des suites, des remakes, des reboots. Mais c’est qu’en politique, c’est un peu la même chose. Les dynasties sont une constante depuis que l’humain est un animal politique. Parlez-en aux pharaons égyptiens, aux empereurs chinois, aux rois grecs, aux sultans ottomans. De même qu’aux présidents américains ou aux premiers ministres canadiens.

L’exemple le plus frappant, c’est que nous sommes dirigés depuis bientôt 10 ans par le fils de l’ancien premier ministre Pierre Elliott Trudeau. Malgré son impopularité comme premier ministre, cela n’a pas empêché son fils, un professeur de théâtre et de snowboard, de devenir à son tour premier ministre. Nous connaissons la suite.

Dans le cas d’Antoine Dionne Charest, sans lui enlever les qualités qu’il pourrait avoir comme individu, il n’a comme seul fait d’armes d’être le fils « de » comme on dit souvent en forme d’euphémisme. Surtout que son père, Jean Charest, a fait reculer la nation québécoise comme jamais depuis des décennies. Jean Charest, John James pour les intimes, est un homme impopulaire, détesté par une bonne partie de la population (avec raison).

On se souvient de sa campagne désastreuse pour devenir chef des conservateurs fédéraux. Mais c’est que le fils prétend aussi vouloir réinventer l’eau chaude. Un projet de « constitution » serait sur la planche. Mais attention! Ce n’est pas une constitution pour s’opposer frontalement au Canada et aux violations de nos compétences par Ottawa. Dans un discours partisan, il oppose une « constitution » libérale aux péquistes « pour qui les immigrants et le Canada sont la source de tous les problèmes » et aux caquistes qui « stigmatisent tous ceux qui parlent une langue autre que le français ». Charmant.

Dans une lettre ouverte dans Le Devoir, les jeunes du Parti Québécois affirment que l’idée d’une constitution pour les libéraux date au moins des années 60. Après, le camp fédéraliste affirme que les indépendantistes ont de « vieilles idées » ? Oui, l’histoire se répète comme le disait Karl Marx, la première fois comme tragédie, la deuxième fois comme farce.

Mais c’est aussi tout un cinéma derrière ces rebondissements en politique : le « comeback » de Denis Coderre, devenu un athlète suite à des problèmes de santé. Une version politique bien de chez nous de Rocky. Quant à Antoine Dionne Charest, doit-on le classer comme une suite de la saga Jean Charest, ou comme un reboot de ce qui n’a pas fonctionné avec le « fédéralisme d’ouverture »? À vous de voir.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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