Un article de l’Agence France Presse relayé par nombre de médias francophones rapporte qu’il y a des tensions au sujet de l’immigration au sein de la coalition de Donald Trump. Quiconque a passé du temps sur X lors des dernières 72 heures a pu être témoin de vifs échanges, pour ne pas dire injurieux, impliquant Elon Musk, Vivek Ramaswamy et certains comptes influents du camp MAGA. Tous les partisans de Trump s’entendent sur la nécessité d’éradiquer l’immigration illégale, mais y a-t-il un consensus en ce qui concerne la gestion de l’immigration légale? Bien que cet exemple concerne les États-Unis, il s’agit d’une question politique d’intérêt pour tous les pays occidentaux.
Tout a commencé quand la partisane pro-Trump Laura Loomer a relayé un tweet de l’investisseur en capital-risque Sriram Krishnan, qui suggérait à Elon Musk de débloquer l’immigration hautement qualifiée. Arguant que cette requête allait à l’encontre du mouvement America 1st, Loomer a lancé une missive déplorant la nomination de Sriram Krishnan comme principal conseiller politique en matière d’intelligence artificielle par Donald Trump. De nombreuses personnalités influentes du camp MAGA se sont jointes à la discussion, qui est vite devenue cacophonique. Dans la mêlée, le compte de Laura Loomer s’est fait restreindre pour avoir divulgué des informations personnelles de Krishnan. Accusations de censures, commentaires désobligeants envers les Indiens, le dérapage a culminé avec la réponse « FUCK YOURSELF in the face » adressée par Elon Musk à un internaute nommé Steven Mackey.
Au coeur de la polémique: le visa H-1B. Il s’agit d’un visa de travail temporaire, conçu pour permettre aux employeurs américains d’embaucher des travailleurs étrangers hautement qualifiés dans des domaines spécialisés tels que l’ingénierie, les technologies de l’information, la finance, la médecine et la recherche. Pour être admissible, le candidat doit disposer d’au moins un baccalauréat ou d’un diplôme équivalent dans le domaine lié à l’emploi. Dans certains cas, l’expérience professionnelle peut compenser.
Plusieurs conditions s’appliquent: l’emploi doit être dans un domaine spécialisé et l’employeur doit démontrer qu’il a besoin d’un travailleur ayant les compétences spécifiques que le candidat possède et qu’il n’y a pas de travailleurs américains disponibles pour le poste. Il doit également prouver qu’il paiera le salarié au moins le salaire en vigueur pour ce poste dans la région.
Le seuil de visas H-1B octroyés annuellement est fixé à 85,000: soit 65,000 visas pour les candidats réguliers ainsi que 20,000 visas supplémentaires pour ceux ayant acquis une maîtrise.
Initialement accordé pour une durée de 3 ans, le visa H-1B peut être prolongé jusqu’à un maximum de 6 ans. Des extensions supplémentaires sont possibles si le bénéficiaire est en cours d’obtention d’une carte verte et de la résidence permanente. Le visa H-1B peut ultimement servir de tremplin vers l’immigration permanente et la naturalisation aux États-Unis.
En passant, le Canada offre plusieurs programmes de visas pour travailleurs étrangers, sauf qu’il ne limite pas le nombre de ces visas de travail à un quota fixe annuel. Parmi ceux-ci: le Programme de mobilité internationale (PMI), qui permet aux employeurs d’embaucher des travailleurs étrangers sans avoir à prouver qu’il n’y a pas de travailleurs canadiens disponibles pour le poste.
Si le visa H-1B suscite autant de controverse, c’est parce qu’un grand nombre de partisans MAGA estiment que les termes ne sont pas respectés par les employeurs. L’investisseur et directeur financier Robert Sterling a analysé 5 ans de données sur les visas H-1B provenant du Département du travail des États-Unis.
Sterling remarque que les employeurs reçoivent régulièrement l’approbation pour plus de 800,000 demandes de visas par an, soit 10 fois la limite permise. Presque toutes les catégories d’emplois sont liées à la technologie et les postes de développeurs de logiciels représentent à eux seuls 1,1 million sur 5 ans.
Il confirme que le salaire moyen versé au titulaire d’un H-1B est relativement bas, soit un peu moins de 120,000$ pour l’année en cours. Seulement 2,5% des emplois sont rémunérés à plus de 250,000$, tandis que 75% valent moins de 150,000$. Selon son expérience, les salaires compris entre 80,000$ et 120,000$ pour des postes dans le domaine IT (Information Technology) sont inférieurs au niveau du marché.
Le secteur de la conception de systèmes informatiques domine la liste des employeurs. On y retrouve des entreprises comme Google et IBM, mais aussi des noms moins connus tels que Cognizant, Infosys, Tata, Wipro et Capgemini. Ces dernières sont des entreprises de l’Inde qui recrutent massivement des travailleurs du secteur technologique sous visa H-1B. Il ne s’agit pas de compagnies américaines qui avaient besoin d’aller chercher du talent à l’international pour combler des postes critiques.
Revenons-en au déconcertant débat sur la place publique numérique. Une démesure dans la forme peut facilement avoir raison du fond. Ce sont les commentaires intempestifs et les attaques personnelles qui ont envenimé ce qui aurait pu être un échange exclusivement constructif. En bout de ligne, on a l’impression que deux camps se disputaient alors que leurs vues n’étaient pas réellement irréconciliables. Du moins, c’est que laisse penser une réponse d’Elon Musk une fois le gros de la tempête passée: « J’ai été très clair sur le fait que le programme est défaillant et nécessite une réforme majeure ». Après avoir déchiré sa chemise pour le maintien des visas H-1B et s’être dit prêt à partir en guerre pour la cause, il semble en phase avec ses critiques – et aussi avec Donald Trump, qui s’oppose à ce que des Américains de toutes provenances soient remplacés par des travailleurs venus d’autres pays.
Reste à voir jusqu’où les milliardaires du Big Tech desquels s’entourent Trump seront prêts à réformer ces visas. Musk devra aussi expliquer pourquoi certains comptes l’ayant défié ont été rétrogradés (ils ont perdu leurs crochets bleus) et remédier à la situation. X ne doit pas redevenir l’ancien Twitter.
Elon Musk joue bel et bien pour l’équipe USA, mais il reste un libéral (au sens classique du terme) et son nationalisme semble davantage civique qu’identitaire. Il veut voir gagner son équipe et semble sincèrement prêt à s’investir en ce sens, mais que l’équipe soit enracinée dans la fibre nationale lui semble secondaire. On peut faire le parallèle avec l’équipe sportive représentant une ville ou une nation, mais dont les joueurs sont majoritairement résidents d’autres villes ou appartenant à d’autres nations.
Ayant accueilli nombre d’anciens Démocrates (comme Musk, Sriram Krishnan et David Sacks), Team Trump 2025 devra composer avec différentes sensibilités concernant l’immigration, mais des compromis jugés déraisonnables généreront des dissensions dans la base MAGA.
Intervenant dans un espace X, un citoyen américain d’origine indienne (né aux États-Unis) et partisan MAGA expliquait son opposition à l’accueil massif d’immigrants indiens. Selon lui, leur arrivée en grand nombre sur une courte période ne permet pas l’assimilation à la culture d’accueil. Parce que c’est le peuple qui constitue la nation. Sans fibre nationale, le pays n’est qu’un marché de consommateurs atomisés sur un territoire.
De voir un pays de presque 350 millions à la fibre identitaire solide s’inquiéter de l’impact de l’immigration massive devrait nous inciter à redoubler de vigilance. Couplée au modèle de gestion multiculturaliste, la volonté immigrationniste de la présente administration menace les nations canadiennes française et anglaise de submersion. Ce n’est plus le temps de s’excuser d’exister. Avec l’élection de Trump, nos voisins du sud ont signifié leur pulsion de vie en tant que nation. Il va falloir un sursaut identitaire de ce côté ci aussi.
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