Lithium et terres rares : l’indépendance énergétique du Québec passe par l’exploitation de nos ressources naturelles

La pandémie fut une école qui nous aura appris à la dure à dépendre le moins possible de l’extérieur. Pour le matériel médical, mais pas que. La pandémie, mais aussi l’invasion de l’Ukraine par la Russie ont prouvé au monde libre qu’il ne doit plus dépendre de puissances hostiles pour l’énergie et les minéraux critiques aux industries de haute technologie. Pour l’Europe, ce fut une véritable gifle au visage. Le monde change rapidement, et il est de plus en plus évident que l’on assiste à un découplage de la mondialisation entre le bloc occidental, et le bloc russo-chinois. Si l’Europe n’a pas nos ressources, nous avons la chance ici d’avoir un immense territoire regorgeant de minéraux stratégiques pour nous et nos alliés, qui sont d’ailleurs peu exploités.

Après des années de tergiversation, de partenariat douteux avec des puissances étrangères, le gouvernement canadien par l’entremise de son ministre de l’environnement Steven Guilbeault affirme maintenant qu’il faut exploiter nos propres ressources pour développer une économie moins polluante et dépendante de l’extérieur. Est-ce que nous assistons à une politique qui restera à long terme ? Cela peut paraître étonnant venant d’un ancien militant écologiste radical qui a pour une fois pris une décision pragmatique qui fera une réelle différence pour l’environnement. Il a donc approuvé la construction et l’exploitation d’une mine de lithium dans la région de la Baie James, au nord du Québec.

Pour ceux qui s’inquiètent de ce nouveau projet, il faut rappeler que la mine devra respecter plus de 271 normes environnementales, qui vont du contrôle des résidus à la protection des espèces de poissons, mais aussi la sauvegarde du mode de vie des Cris qui habitent la région. Notamment par la protection des caribous. Cette mine du promoteur canadien Galaxy produira du lithium à 100 km d’Eastmain pendant une vingtaine d’années. Ça sera la première mine destinée à notre autonomie énergétique. Pour le moment, la seule mine de lithium au Canada, qui est située au Manitoba, appartient à Sinomine Resource Group et envoie l’intégralité de sa production en Chine. Minerai qui n’est pas transformé chez nous pour nos industries.

La construction de la mine nécessitera environ 260 travailleurs et 160 pendant son exploitation. La mine devrait produire environ 5400 tonnes de minerai brut chaque jour. Évidemment, pas besoin de faire mention des salaires très élevés qui seront versés aux travailleurs prêts à aller dans le nord. Ce qui dynamisera une région ayant connu des difficultés économiques au cours des dernières années. La ville de Matagami ayant été touchée au courant du printemps 2022 par la fermeture de la mine Glencore.

En 2020, une étude de la Banque mondiale affirmait que la demande pour les terres rares augmenteraient de 500% d’ici 2050. Même si le Canada possède parmi les plus grands gisements, leur exploitation pour le moment est presque nulle. Le plus grand producteur mondial étant la Chine, avec toutes les conséquences environnementales que nous connaissons par le laxisme et la corruption du régime.

Le lithium qui sera exploité à la Baie James servira au développement de la filière des batteries électriques qui, selon certaines estimations, pourrait créer entre 80 et 300 000 emplois au Canada durant les prochaines décennies. Batteries non seulement destinées aux voitures électriques, mais aussi aux chargeurs de nos téléphones portables.

D’ailleurs, le gouvernement canadien a maintenant une liste de minéraux critiques dont l’exploitation relève de l’intérêt national. Cette liste comprend notamment des métaux ferreux, mais aussi des terres rares. Est-ce le début d’une nouvelle ère qui permettra l’exploitation de nos propres ressources sans dépendre de l’étranger? Dans un monde de plus en plus instable, c’est seulement une preuve de gros bon sens. Les Russes et les Chinois ont compris depuis longtemps que dépendre de l’extérieur est une mauvaise chose. Il était temps pour nous de réaliser le danger que cela représente. Nous devons vraiment arrêter d’envoyer nos ressources en Chine et les exploiter par nous-mêmes.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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