Souvenez-vous quand les médias multipliaient les reportages quant à la « pénurie de personnel » dans tous les secteurs. Restauration, tourisme, agriculture, soins à la personne. Il fallait impérativement faire venir toujours plus de gens pour combler ces postes. Sinon, nous disait-on, la survie de l’économie canadienne serait en péril. Et maintenant, qu’en est-il? Le chômage est à son sommet depuis les dernières années, mais rien n’indique que Justin Trudeau compte baisser ses objectifs en immigration. Et si, en réalité, le but n’était pas justement de faire baisser les conditions de travail? Voyons voir.
C’est la première fois en dix ans que le chômage est aussi élevé chez les jeunes entre 15 et 24 ans. Radio-Canada nous apprend en effet que leur taux de chômage est de 13,5%. Cela ne sonne pas t-il une cloche en vous? C’est dans cette catégorie d’âge que les hôteliers, les restaurateurs et les commerces de détail recrutent l’essentiel de leur main-d’œuvre. S’il y a pénurie à ce point, pourquoi le chômage est-il élevé chez les jeunes?
Nous pourrions dire qu’ils sont paresseux, qu’ils préfèrent « profiter » de la vie au lieu de travailler. Pourtant, l’accession aux programmes d’aides gouvernementaux est plus difficile que jamais pour les jeunes. Avec les nombreux immigrés clandestins qui arrivent au Canada, les services tels que l’aide sociale sont sous pression, et ne peuvent répondre à toutes les demandes dans des délais raisonnables.
D’où le fait que le marché de connivence entre grandes entreprises et gouvernements joue contre les travailleurs. En effet, s’il y avait en effet une « pénurie » de personnel partout, les travailleurs seraient courtisés par les employeurs. Ils recevraient de meilleures rémunérations. Et des avantages sociaux. Mais ce n’est pas ce qui se produit. De plus en plus de gens doivent renoncer à prendre des vacances cette année. Les régions touristiques telles que Charlevoix s’en plaignent. Les gens n’ont plus d’argent, et pour ceux qui en ont encore, ils vont aller voir ailleurs.
L’objectif de Justin Trudeau qui vise à faire venir ici plus de 500 000 résidents permanents par année est une demande de longue date des chambres de commerce. Ceux-ci se plaignent que les jeunes ne veulent plus travailler aussi dur qu’avant. Et que le taux de roulement est élevé. Ils préfèrent des travailleurs étrangers qui eux sont moins au courant de leurs droits. Et qui n’hésiteront pas à faire du zèle au travail malgré un salaire plus que moyen. Quand on a vécu dans la pauvreté, on est prêt à toutes sortes de choses pour ne pas y retomber.
Mais cela a des conséquences sur notre population : elle doit composer avec des travailleurs qui acceptent des conditions inférieures auxquelles ils aspirent. Cela crée un climat de compétition malsain. Si vous avez une entreprise complètement dépassée, par exemple une franchise d’une chaîne américaine, qui préfériez-vous engager entre un jeune Québécois qui connaît les normes du travail, ou un travailleur étranger qui acceptera sans broncher de faire des nuits?
Le taux de chômage est le reflet de l’économie d’une société. Mis à part quelques exceptions dans le monde, il est généralement un bon indicateur si une économie va bien ou non. Au Canada et au Québec, si les chiffres demeurent inférieurs à ceux de l’Europe, la hausse du chômage n’est pas un bon signe. Cela indique que plus de gens sont en compétition pour des emplois aux conditions inférieures à celles d’avant.
Une critique du discours sur la « pénurie » affirme que les patrons québécois ont eu accès pendant des décennies à des masses de chômeurs prêts à se battre pour de mauvais emplois. Mais qu’avec le départ à la retraite des baby-boomers, ils ont moins le choix qu’avant. Ils doivent composer avec des jeunes qui sont plus conscients de leurs droits que leurs parents. Et pour cette raison, cela est inacceptable. Certains économistes ont affirmé que le chômage chronique au Québec n’a pas incité les entrepreneurs à innover. Ni à moderniser leurs installations.
Il sera intéressant de voir qui sont les individus les plus touchés par la hausse du chômage au Canada et au Québec. Des vidéos circulant sur le net montrent des centaines d’individus d’origine indienne faire la file pour un emploi chez Tim Hortons dans la région de Toronto. En quoi cela est-il bon pour notre économie de faire venir des gens qui iront gonfler eux aussi le rang des chômeurs? Poser la question c’est y répondre.
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