MAGA vs Antifa: retour du balancier

Pour quiconque ne connaît d’Antifa que le nom, sa désignation comme entité terroriste peut paraître inquiétante. Toutefois, le groupe qui s’autoproclame « antifasciste » s’appuie sur une définition erronée qui assimile tout groupe ou individu moindrement nationaliste ou conservateur au fascisme. Il s’agit davantage d’un mouvement anti-nationaliste que d’une lutte contre un fascisme réel.

Il est généralement admis que la mouvance Antifa se caractérise par sa structure décentralisée, sans autorité centrale ni leadership formel; que chaque cellule agit de manière autonome, selon ses priorités et ses méthodes. Certains observateurs estiment toutefois que des liens idéologiques ou financiers unissent les différents collectifs, suggérant une coordination implicite ou des financements occultes, comme les liens supposés avec des ONG ou des groupes progressistes financés par l’État.

La violence Antifa

Le 20 janvier 2017 : manifestations violentes à Washington contre l’investiture de Donald Trump, avec bris de vitrines, incendies et affrontements avec la police.

Le 1er février 2017, une conférence du flamboyant polémiste conservateur Milo Yiannopoulos, organisée à l’Université de Californie à Berkeley a été annulée après l’arrivée d’environ 150 manifestants affiliés à la mouvance antifasciste masqués en « black bloc ». Le rassemblement de plus de 1 500 personnes s’est vite transformé en affrontement quand ces manifestants antifascistes masqués ont mis le feu à plusieurs endroits, lancé des feux d’artifice sur la police, brisé des vitrines, attaqué certains membres du public et lancé des pierres sur les forces de l’ordre. Les dégâts causés sur le campus ont été estimés à environ 100,000 $, avec six personnes blessées.

En 2020, participation aux émeutes incendiaires qui ont secoué le pays en réaction à la mort de George Floyd et implication dans l’occupation de la Zone Autonome de Capitol Hill (CHAZ) à Seattle. Les militants BLM et Antifa s’étaient approprié plusieurs pâtés de maisons autour du commissariat de East Precinct, après qu’il ait été abandonné par la police suite au blocage par les manifestants. Cette zone sécessionniste autoproclamée a été le théâtre de violences, dont des fusillades et des actes de pillage.

De 2020 à 2023, actions contre la construction du Public Safety Training Center, surnommé « Cop City », un complexe de 85 acres destiné à la formation des forces de l’ordre à Atlanta. Les militants Antifa, souvent masqués, ont perturbé le chantier par des actes de vandalisme et des affrontements. En mars 2023, 23 activistes, dont un avocat du Southern Poverty Law Center, ont été accusés de terrorisme domestique pour avoir incendié des équipements de construction et attaqué la police avec des cocktails Molotov et des feux d’artifice.

À Québec, le 20 août 2017, des militants antifascistes ont attaqué un homme portant un drapeau québécois à coups de briques lors d’un rassemblement contre l’immigration illégale organisé par La Meute, lui causant des blessures graves au crâne.

Le 29 septembre 2019, environ 100 manifestants se sont rassemblés à l’entrée d’un événement de Maxime Bernier au Mohawk College de Hamilton afin de l’interrompre et d’intimider les participants. Une vidéo montre une femme âgée se déplaçant à l’aide d’un déambulateur qui tentait d’entrer dans le lieu, se faire bloquer l’accès par des manifestants lui criant « Nazi scum ».

Loin d’être exhaustive, cette liste ne fait qu’ébaucher leurs activités. À noter que les actions d’Antifa sont souvent menées en coordination avec des activistes transgenres, soulignant une convergence à la fois idéologique et tactique.

La mouvance Antifa a souvent commis des gestes qui ne sont pas assez violents pour être qualifiés de terrorisme, mais qui sont motivés par une intention de faire pression, effrayer ou punir quelqu’un pour ses opinions ou affiliations politiques. Tant qu’il n’y a pas de violence physique directe, de menace crédible de mort ou d’agression, ou de dommages matériels graves, on ne parle pas de terrorisme au sens légal du terme – mais il s’agit tout de même d’intimidation politique avec une violence de basse intensité qui porte atteinte à la liberté d’expression et de réunion.

Un résident Montréalais ayant placé une pancarte pour rendre hommage à Charlie Kirk dans sa fenêtre, a vu le graffiti « Nazis live here » (des nazis habitent ici) apparaître sur le mur de son habitation, et des excréments d’animaux déposés sur le seuil de sa porte. De qui d’autre ce vandalisme peut-il être l’oeuvre, sinon des militants apparentés au mouvement Antifa?

Un appel à la violence implicite sous forme de graffiti, à Montréal

Les groupes Antifa ont eu recours au doxxing, c’est-à-dire la diffusion publique des identités, adresses, lieux de travail ou informations personnelles d’individus qu’ils ont désignés comme étant fascistes ou suprématistes. Le doxxing a pour but d’intimider, d’ostraciser ou de faire perdre l’emploi. Il facilite ainsi directement la « cancel culture » (culture de l’annulation). Cette pratique n’est pas explicitement illégale, sauf si elle s’accompagne de harcèlement, de menaces ou d’incitation à la violence.

Le premier constat à établir, c’est qu’il n’y a pas de mouvance fasciste équivalente. C’est-à-dire qu’on ne voit pas des groupes apparentés à une quelconque extrême droite – qu’elle soit réelle ou fantasmée par la gauche radicale – venir perturber de la sorte les événements de militants progressistes.

Aucun groupe équivalent à droite n’a recours à ce type d’intimidation qui rappelle les tactiques des chemises brunes dans l’Allemagne de Weimar.

Au-delà de l’idéologie, le fascisme se reconnaît à son intolérance et à ses modes d’action. Les antifascistes autoproclamés adoptent eux-mêmes des méthodes qui rappellent celles des Sturmabteilung (SA), surnommées « chemises brunes » dans l’Allemagne des années 1920–1930, qui visaient à intimider et harceler les opposants politiques.

Un retour du balancier

Suite au meurtre de Charlie Kirk, des internautes de droite ont diffusé des listes d’individus ayant célébré l’événement, illustrant un doxxing à sens inverse. Certains ont déploré de voir la droite MAGA, qui a longtemps condamné la « cancel culture » menée par les wokes, s’y adonner à son tour. Il y a toutefois une différence notable entre critiquer la discrimination positive ou la notion d’identité de genre d’une part (quitte à s’en moquer), et se réjouir d’un assassinat politique, d’autre part. Les militants wokes ont ostracisé des gens qui s’opposaient à leurs idées, tandis que les partisans MAGA ont exposé des individus pour avoir cautionné un meurtre dans un contexte faisant craindre un effet de contagion.

Les dénonciations d’atteintes à la liberté d’expression se multiplient suite à l’annulation de l’émission de « l’humoriste » Jimmy Kimmel par le réseau ABC. Pourtant, rien n’interdit à Jimmy Kimmel de continuer à prétendre que le tueur de Charlie Kirk faisait partie du mouvement MAGA – alors que c’est faux. La décision de se distancer de l’animateur propagandiste est à la discrétion du diffuseur et n’est pas dû à une dérive autoritariste de l’administration. Une chaîne abandonnerait un projet pour moins que ça.

D’ailleurs, les personnes qui dénoncent une attaque contre la liberté d’expression dans le cas de Jimmy Kimmel sont les mêmes qui ont applaudi lorsque le même réseau ABC avait exclut la comédienne Roseanne Barr du reboot de sa propre série pour avoir comparé, sur Twitter, l’ancienne conseillère de Barack Obama, Valerie Jarrett, à un mélange des Frères musulmans et de la Planète des Singes – un message maladroit de l’aveu de Roseanne, mais qui ne se voulait selon elle aucunement raciste.

Depuis le 10 septembre, plusieurs comptes et utilisateurs associés à la mouvance antifasciste ont exprimé de la joie ou des commentaires moqueurs suite à l’assassinat de Charlie Kirk, principalement sur Bluesky. La plateforme a dû émettre un avertissement contre la glorification de la violence en raison du nombre de publications célébrant l’événement.

Les preuves directes de liens avec le tireur de Charlie Kirk restent à confirmer, mais les inscriptions sur des douilles non utilisées suggèrent une affiliation idéologique antifasciste et trans-activiste. Compte tenu de sa cible et du contexte idéologique, il est difficile de ne pas voir dans cet assassinat un acte à motivation terroriste. La désignation d’Antifa comme groupe terroriste par le président Trump repose sur la combinaison de son idéologie, de ses méthodes violentes et de son implication dans des actions de nature terroriste ou quasi-terroriste. Nombre de partisans MAGA réclamait cette classification depuis des années. Trump continue de s’affirmer comme le président de la loi et l’ordre.

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