Après plusieurs mois de turbulences économiques marquées par la guerre commerciale menée par Washington et un ralentissement mondial plus prononcé que prévu, le Canada voit à nouveau vaciller l’équilibre de ses échanges extérieurs. Les répercussions des tarifs américains imposés sur l’acier, le bois et l’automobile continuent de se faire sentir, fragilisant la compétitivité du pays et révélant sa dépendance persistante à l’égard du marché américain. Une situation d’autant plus embarrassante pour le premier ministre Mark Carney, qui a fait campagne sur la promesse de défendre les intérêts canadiens face aux tarifs de Donald Trump et de restaurer la souveraineté économique du pays. C’est dans ce contexte tendu que le journaliste économique de Thomson Reuters rapporte dans un article publié par CBC News que le déficit commercial du Canada s’est considérablement creusé en août, atteignant 6,32 milliards de dollars, selon les données de Statistique Canada. Cette détérioration s’explique par une chute plus rapide des exportations — tant en valeur qu’en volume — que la hausse des importations sur une base mensuelle.
Une baisse généralisée des exportations
Les chiffres publiés mardi indiquent que les exportations canadiennes ont reculé de 3 % en août, tandis que les importations ont progressé de 0,9 %. Le ralentissement touche à la fois les échanges avec les États-Unis, principal partenaire commercial du pays, et les exportations vers le reste du monde.
Les exportations vers les États-Unis ont reculé de 3,4 %, pour s’établir à 44,18 milliards de dollars, un déclin attribué en grande partie à la baisse des ventes d’or brut, mais également à des reculs notables dans des secteurs clés comme le bois d’œuvre, les machines et l’équipement industriel.
Cette baisse accentue une tendance inquiétante : la part des exportations canadiennes destinées au marché américain, historiquement autour de 75 %, est descendue sous la barre des 70 % plus tôt cette année, avant de remonter légèrement à 73 % en août.
Les effets durables de la guerre commerciale américaine
Selon Thomson Reuters et CBC News, les tensions commerciales avec les États-Unis continuent de peser lourdement sur la performance canadienne. Le président américain Donald Trump a imposé plus tôt cette année de nouveaux tarifs sectoriels sur plusieurs produits canadiens, notamment l’acier, les automobiles et le bois, obligeant de nombreuses entreprises canadiennes à reconfigurer leurs chaînes d’approvisionnement.
Mais ces ajustements se sont révélés instables et erratiques, souligne l’article : les exportateurs canadiens, confrontés à des barrières imprévisibles, peinent à trouver des marchés de substitution viables. Les analystes sondés par Reuters prévoyaient déjà un déficit en hausse, mais à un niveau moindre — 5,55 milliards de dollars —, bien en deçà du chiffre réel de 6,32 milliards.
Les importations mondiales atteignent un record
Alors que les échanges avec les États-Unis reculaient, les importations en provenance du reste du monde ont bondi de 4,2 %, atteignant un niveau record. En conséquence, le déficit commercial du Canada avec les pays autres que les États-Unis a atteint 12,8 milliards de dollars, contre 11,2 milliards en juillet.
Cette dynamique révèle une dépendance accrue aux importations mondiales, notamment dans les secteurs manufacturiers, électroniques et énergétiques, alors même que les exportations canadiennes vers ces marchés — en particulier le pétrole brut et les combustibles nucléaires — continuaient de décliner.
Carney sous pression avant sa rencontre avec Trump
Toujours selon CBC News, le premier ministre Mark Carney doit rencontrer le président Donald Trump mardi, dans un contexte de forte tension économique. Les observateurs anticipent des discussions tendues sur les effets des tarifs américains sur les secteurs stratégiques canadiens. Toutefois, les experts cités par Reuters jugent peu probable qu’une entente substantielle soit conclue à court terme.
La marge de manœuvre du Canada demeure donc limitée : les entreprises subissent à la fois les contrecoups du protectionnisme américain et la volatilité de la demande mondiale. Cette double pression, combinée à la contraction des exportations, fragilise la reprise économique amorcée plus tôt cette année.
Un signal d’alarme économique
Le constat dressé par Thomson Reuters pour CBC News s’inscrit dans un contexte de ralentissement global de la croissance mondiale, accentué par la prolongation de la guerre commerciale initiée par Washington. L’élargissement du déficit commercial canadien illustre la vulnérabilité structurelle d’une économie trop concentrée sur un seul partenaire et dépendante de marchés volatils pour ses produits de base.
Sans stratégie claire de diversification ni allègement des tarifs américains, le Canada risque de s’enfoncer dans une spirale où la hausse des importations alourdit la facture, tandis que les exportations, moteur traditionnel de sa prospérité, s’effritent sous le poids des tensions géopolitiques.



