Malgré ce qu’en disent les médias, l’économie ne va pas bien du tout

Il suffit de se promener dans n’importe quelle ville pour constater la quantité de commerces fermés. À Montréal, cela fait des années que de nombreux locaux restent vacants sur le Plateau Mont-Royal. Pourtant, les médias en parlent peu. La crise du logement et celle de l’itinérance sont abondamment abordées, mais rarement celle de l’économie dans son ensemble.

Le secteur de la restauration ne va pas bien, et ce serait un euphémisme de le dire. Avec un trio chez McDo pouvant désormais coûter jusqu’à 20 $, il n’est guère surprenant que les restaurants en arrachent. La hausse du salaire minimum, l’augmentation des loyers commerciaux, qui ne sont pas protégés par le Tribunal administratif du logement, ainsi que l’explosion des prix des aliments font en sorte que les restaurateurs en arrachent.

À Sherbrooke, par exemple, plusieurs Tim Hortons ont fermé dans la ville et ses environs. Peut-être que le marché était saturé ? Quoi qu’il en soit, ouvrir un restaurant franchisé coûte en moyenne un million de dollars. Et force est de constater que l’importation de main-d’œuvre étrangère n’a pas donné les résultats escomptés.

D’autres franchisés se plaignent que les patrons aient ouvert trop de restaurants de la même bannière ces dernières années. Un restaurateur interrogé a affirmé que son commerce était rentable jusqu’à l’arrivée de trois autres franchisés dans la ville. Depuis, aucun de ces commerces ne l’est. Pourtant, dans ce secteur, la demande est saturée depuis déjà plusieurs années.

Mais peu importe, les chiffres sont plus importants que la qualité du service, des prix ou des produits. Il faut ouvrir le plus grand nombre de restaurants possibles, quitte à ce qu’ils ne soient pas rentables. Les grandes chaînes peuvent survivre un certain temps en opérant à perte, car elles ont accès à des capitaux que les petits indépendants ne peuvent obtenir.

Le secteur du livre n’est pas épargné non plus. Un commerçant installé sur l’artère principale d’une ville québécoise affirme être incapable de compétitionner avec la vente de livres sur Marketplace ou Amazon. Il fermera boutique en juin. Pourtant, ce n’est pas un problème de disponibilité ou de variété, mais plutôt le fait que les gens n’ont tout simplement plus d’argent à consacrer aux petits luxes.

Il est facile d’emprunter des livres gratuitement à la bibliothèque municipale ou de passer son temps sur les réseaux sociaux sans rien débourser. Les habitudes de consommation ont changé. Depuis la pandémie, les commerçants doivent composer non seulement avec des hausses de loyers importantes, mais aussi avec l’indifférence grandissante des consommateurs.

Dans ce contexte, on ne peut pas en vouloir aux gens de chercher à économiser. Acheter en ligne est devenu une nécessité pour beaucoup. Quant aux restaurateurs, ils sont pris dans une spirale infernale dont il est pratiquement impossible de sortir. Les loyers commerciaux, qui ne sont pas encadrés par le Tribunal administratif du logement, ont bondi à des niveaux jamais vus ces dernières décennies.

À cela s’ajoutent des coûts d’approvisionnement en hausse constante. Sécheresses, perturbations dans les chaînes d’approvisionnement, tensions géopolitiques : autant de facteurs qui font grimper le prix des ingrédients. Les employés, eux aussi touchés par l’inflation, doivent être mieux rémunérés. Mais ces augmentations de salaire ne compensent pas toujours l’explosion du coût de la vie.

Le gouvernement en fait-il assez pour donner un peu d’air aux petits commerçants ? Il est permis d’en douter. Les villes, au lieu d’alléger le fardeau fiscal, cherchent de nouvelles façons de taxer toujours plus leurs citoyens. Sherbrooke, par exemple, a récemment proposé une taxe sur l’asphalte des stationnements. Et que dire des parcomètres, dont les tarifs augmentent sans cesse ?

L’heure n’est pas à soutirer le moindre sou aux commerçants qui peinent déjà à survivre. Il est temps de sauver nos centres-villes avant qu’ils ne deviennent de véritables déserts commerciaux.

Anthony Tremblay

Originaire de La Baie, au Saguenay–Lac-Saint-Jean, Anthony Tremblay a étudié en politique appliquée à l’Université de Sherbrooke. Curieux de nature et passionné par les enjeux contemporains, il a parcouru le monde, explorant des pays tels que l’Indonésie, la Turquie et la Chine. Ces expériences l’ont marqué et nourrissent aujourd’hui ses réflexions sur la crise du monde moderne, les bouleversements technologiques et l’impact croissant des réseaux sociaux. Fort de son expérience d’enseignement de l’anglais en Chine, Anthony conjugue perspectives locales et internationales dans ses analyses. Il réside actuellement à Sherbrooke, où il partage son quotidien avec ses deux chiens.

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