Malgré les sanctions, le Canada continue d’importer du pétrole russe : voici pourquoi

Traduit de l’anglais. Article de Eric Szeto, Ivan Angelovski, Jordan Pearson, Christian Paas-Lang publié le 17 janvier 2025 sur le site de CBC.

Des millions de dollars de pétrole russe arrivent au Canada grâce à une faille dans les sanctions fédérales, fournissant des revenus cruciaux au Kremlin pour alimenter son invasion en cours de l’Ukraine.

L’équipe d’enquêtes visuelles de CBC News, en collaboration avec le Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur (CREA), a découvert que, depuis le début de la guerre en Ukraine, environ 2,5 millions de barils — soit l’équivalent de 250 millions de dollars de produits pétroliers raffinés tels que l’essence, le diesel et le carburant pour avions — ont été acheminés au Canada.

Selon les calculs du CREA, ces importations canadiennes de pétrole ont rapporté un peu plus de 100 millions de dollars au Kremlin, de quoi recruter des milliers de soldats en Russie.

« Lorsque les consommateurs au Canada achètent du carburant pour véhicules ou prennent l’avion, il est très probable qu’une partie de ce carburant pour avions ou de ce diesel… soit fabriquée à partir de pétrole brut russe », a déclaré Isaac Levi, chef de l’équipe Europe-Russie sur la politique et l’analyse énergétique au Centre de recherche sur l’énergie et l’air pur.

Le pétrole brut provient de Russie, mais comme il est raffiné dans un autre pays, comme l’Inde ou la Turquie, et mélangé à du brut provenant d’autres sources avant d’être exporté au Canada, il ne viole pas les sanctions. « Nous demandons que cette faille dans le raffinage soit fermée et que ce processus soit interdit », a déclaré Levi.

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Le rôle de l’Inde

Peu après l’invasion de l’Ukraine par la Russie en février 2022, le Canada, le Royaume-Uni et les États-Unis ont interdit le pétrole brut et les produits pétroliers russes dans le but d’affaiblir l’économie russe. Plus tard cette année-là, le G7 a instauré des règles de plafonnement des prix pour limiter le prix du pétrole russe à 60 $ US le baril.

Cependant, certains pays, comme l’Inde, qui n’est pas membre, ne respectent pas les règles du G7.

L’Inde abrite la plus grande raffinerie au monde, Jamnagar, qui peut exporter plus d’un million de barils de pétrole par jour.

Les données commerciales montrent qu’après le début de la guerre, les importations de brut russe par Jamnagar sont passées de trois pour cent à plus de 50 pour cent sur certaines périodes en 2024. Les importations du Canada depuis Jamnagar ont augmenté de 35 pour cent au cours de la même période.

Des experts en carburants raffinés ont déclaré à CBC News qu’il est difficile de confirmer la quantité exacte de brut russe dans les produits provenant de Jamnagar, mais il est raisonnable de dire qu’une partie entre au Canada.

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Les pétroliers de la flotte fantôme mélangent souvent du pétrole russe grâce à des tactiques comme les transferts entre navires, le changement de pavillons de nationalité pour masquer leur identité, la désactivation des systèmes de suivi — et ils sont souvent non assurés, selon un rapport du Atlantic Council. Certains navires ont été impliqués dans des incidents internationaux, comme l’Eagle S, accusé par la police finlandaise le mois dernier d’avoir intentionnellement endommagé des câbles de télécommunications sous-marins dans la mer Baltique. Les autorités finlandaises affirment que l’Eagle S fait partie de la flotte fantôme russe.

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