Plus le temps passe, et plus on réalise le tour de passe-passe que Justin Trudeau nous a fait le 6 janvier dernier en annonçant qu’il démissionnerait… mais seulement après avoir prorogé le Parlement, le temps que les Libéraux se trouvent un nouveau chef. Une manœuvre calculée, qui lui permettait de maintenir son influence et de maximiser l’effet de rassemblement derrière son parti alors que le monde politique nord-américain est en pleine mutation.
Avec l’élection imminente de Trump aux États-Unis et le retour en force du nationalisme économique, Trudeau savait que la montée des tensions commerciales et la remise en question des institutions internationales par les Américains allaient créer un climat de crise. Une crise où les Canadiens, naturellement, chercheraient un leadership stable—et où le Parti libéral pourrait se positionner comme le rempart contre « l’instabilité » américaine. Dans cette optique, le choix de Mark Carney comme successeur potentiel s’inscrit dans une tentative claire de prolonger l’idéologie trudeauiste tout en adaptant la marque du Parti libéral à un nouveau contexte mondial. Mais derrière ce choix se cache une évidence que personne ne devrait ignorer : Carney n’est pas une rupture avec le passé, il en est la plus pure incarnation.
Le CV est le problème
L’un des principaux enjeux de la candidature de Carney est son passé professionnel. On ne parle pas ici d’un simple technocrate, mais d’un pur produit de la finance mondiale et des institutions supranationales. Son parcours est révélateur :
Le fil conducteur de cette carrière est clair : une allégeance aux grandes institutions internationales, aux réseaux financiers globalisés et à l’idéologie du gouvernement supranational. Carney ne croit pas en un Canada souverain décidant librement de son destin ; il croit en un Canada intégré dans une structure mondiale où les décisions économiques et politiques sont prises par des technocrates dans des forums internationaux.
Or, ce modèle est aujourd’hui remis en question. Trump a amorcé une rupture brutale avec ces structures, multipliant les retraits de programmes internationaux et mettant en pièce les accords multilatéraux jugés défavorables aux intérêts américains. Les Européens eux-mêmes, à travers la montée des mouvements populistes et souverainistes, réévaluent leur relation avec ces institutions. Dans ce contexte, élire un représentant de cette élite mondiale serait une erreur stratégique monumentale pour le Canada, qui risquerait de se retrouver isolé et en porte-à-faux avec ses principaux partenaires commerciaux.
Un passé de dépensier
Si le gouvernement Trudeau est souvent critiqué pour sa gestion budgétaire laxiste, Mark Carney ne semble pas représenter une alternative crédible à cet égard. En fait, son passage à la Banque d’Angleterre a été marqué par des choix monétaires qui ont eu des conséquences considérables sur l’économie britannique.
Liz Truss, ancienne première ministre du Royaume-Uni, a explicitement accusé Carney d’avoir contribué à l’inflation au Royaume-Uni. Selon elle, « des conservateurs extrêmes dans la finance » comme Carney auraient freiné la croissance économique par des politiques excessivement interventionnistes et une réglementation trop lourde qui aurait bridé la compétitivité. Ce sont ces mêmes politiques monétaires qui ont favorisé la création de bulles spéculatives et d’une inflation incontrôlée. Si Carney applique cette même logique au Canada, alors nous sommes à l’aube d’une nouvelle vague de dépenses massives et de dévaluation de notre pouvoir d’achat.
Un problème d’identité
Outre ses choix économiques et son alignement idéologique, un autre élément doit inquiéter : son rapport à l’identité nationale. Mark Carney détient trois passeports—canadien, britannique et irlandais—et a souvent manifesté une vision « post-nationale » du rôle des États. Lorsqu’il était gouverneur de la Banque d’Angleterre, il s’est même décrit comme un « Européen », un qualificatif qui en dit long sur sa perception du monde et de son rôle en tant que dirigeant.
Cette posture est une continuité parfaite du discours de Trudeau, qui affirmait que le Canada était « le premier État post-national » sans identité propre. Ce type de pensée, qui privilégie une citoyenneté mondiale plutôt qu’un enracinement national, est profondément déconnecté des réalités actuelles. Dans un monde où les nations réaffirment leur souveraineté et où les citoyens exigent des dirigeants attachés à leur pays, un leader incapable de se définir comme strictement canadien pose un sérieux problème.
Et cette vision post-nationale s’accompagne de son corollaire idéologique : l’obsession woke. Lors d’un récent discours, Carney a affirmé que, « tandis que l’Amérique mène une guerre contre le wokisme, nous devons embrasser nos valeurs progressistes ». Une déclaration qui en dit long sur son intention de poursuivre la dérive idéologique amorcée sous Trudeau et de positionner le Canada comme une enclave idéologique à contre-courant du reste du monde occidental.
Un choix risqué pour l’avenir
Mark Carney représente l’incarnation parfaite de l’élite technocratique mondiale, celle qui a mené les démocraties occidentales vers plus de centralisation, plus de régulation et plus de dépendance aux institutions supranationales. Dans un monde où ces modèles sont remis en cause, où les États-Unis se dirigent vers un protectionnisme affirmé et où les citoyens redemandent du pouvoir sur leur propre destin, choisir un leader aussi aligné sur ces structures dépassées serait une erreur stratégique majeure pour le Canada.
Le Parti libéral pense avoir trouvé en Carney un sauveur capable de redorer son blason après l’ère Trudeau. Mais en réalité, il ne ferait qu’accélérer les mêmes tendances qui ont mené le pays dans une impasse. Alors que le monde évolue, que l’ordre mondial se réécrit, le Canada doit faire un choix : suivre la vague du changement, ou s’accrocher désespérément à un modèle qui s’effondre.
Avec Carney, ce serait la deuxième option.
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