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Montréal en crise : un métro dangereux, des restaurants transformés en abris

Montréal a toujours eu une réputation contrastée au Québec. Une ville où se côtoient richesse et pauvreté, à la vie urbaine intense, mais où l’insécurité prend de plus en plus de place. Les témoignages se multiplient sur la dégradation du métro de Montréal, devenu un véritable refuge pour les sans-abri. Et lorsque les stations ferment, ce sont les restaurants rapides qui prennent le relais, transformés en abris de fortune.

Quelles sont les solutions ? La ville et les gouvernements ont-ils échoué à gérer cette crise qui ne cesse de s’aggraver ?

Un métro hors de contrôle

Les médias rapportent régulièrement la situation désastreuse du métro de Montréal. Les unités spécialisées tentent de rencontrer les sans-abri qui s’y réfugient, mais la problématique dépasse largement leurs capacités d’intervention. L’administration de la STM elle-même le reconnaît : le métro n’est pas conçu pour être un refuge, mais faute de mieux, il est devenu le dernier recours pour de nombreuses personnes en détresse.

Pendant ce temps, les usagers du transport en commun sont aux premières loges d’une montée de la violence. Des intoxiqués agressifs errent dans les wagons et les stations, forçant certains citoyens à éviter certains trajets par crainte d’une altercation. Sur les réseaux sociaux, les vidéos montrant des scènes disgracieuses se multiplient.

L’image du clochard sympathique avec sa pancarte, qui faisait partie du paysage urbain autrefois, a été remplacée par celle de personnes en crise, désorganisées, parfois violentes, posant un risque pour elles-mêmes et pour les autres.

Un problème de société laissé à la dérive

Le gouvernement porte une grande part de responsabilité dans cette crise. Le manque de mesures fermes contre le trafic de drogues et l’échec des politiques de réduction des méfaits ont contribué à l’aggravation de la situation.

Plutôt que d’affronter directement le problème, les paliers gouvernementaux semblent jouer au « pas dans ma cour », déléguant la crise aux municipalités, qui elles-mêmes confient la tâche à des organismes communautaires ou à des lieux spécifiques, comme le Palais des congrès ou certaines stations de métro.

New York et certaines provinces canadiennes, comme l’Alberta, ont adopté des approches plus autoritaires, notamment en imposant des thérapies obligatoires aux toxicomanes. Bien que cette méthode soit controversée, elle contraste avec la politique actuelle de réduction des méfaits, qui permet la mise en place de sites d’injection supervisés.

La réduction des méfaits : un échec total ?

Si ces programmes avaient pour objectif de stabiliser la situation, le constat sur le terrain est accablant. Les quartiers où ces sites existent sont devenus des zones dangereuses pour les résidents, qui doivent composer avec des seringues usagées jonchant le sol, des excréments dans les ruelles et des toxicomanes errant dans les entrées d’immeubles pour s’injecter.

Pendant ce temps, les citoyens paient les conséquences d’une politique qui protège davantage les consommateurs de drogues que ceux qui doivent subir les impacts de cette crise au quotidien.

Une ville dépassée, un État qui ferme les yeux

La ville de Montréal a une responsabilité première : assurer la sécurité de ses citoyens. Mais elle ne peut pas tout faire seule. Elle doit recevoir un soutien immédiat de Québec et d’Ottawa.

Le Code criminel doit être durci pour sanctionner sévèrement les trafiquants de drogues dures. Des fonds doivent être débloqués par le gouvernement provincial pour financer des traitements efficaces contre la dépendance. Quant aux municipalités, elles doivent cesser de se déresponsabiliser et reprendre le contrôle de l’espace public.

Si rien n’est fait, la situation ne fera qu’empirer. Montréal mérite mieux qu’un laisser-aller généralisé où la peur et le chaos s’installent dans ses rues et ses transports.

Anthony Tremblay

Après des études en politique appliquée à l'Université de Sherbrooke, Anthony Tremblay s'est intéressé notamment aux questions sociales telles que le logement ou l'itinérance, mais aussi à la politique de la Chine, qu'il a visité et où il a enseigné l'anglais. Il vit à Sherbrooke avec ses deux chiens.

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