C’est la deuxième fois cet hiver qu’une tempête résulte en des pannes majeures de plusieurs jours partout sur le territoire québécois. La première, rappelez-vous, avait plongé des centaines de milliers de Québécois dans le froid et dans le noir juste à temps pour le réveillon, et cela avait pris des jours avant d’être rétabli pour certains, ruinant Noël et leur temps des fêtes. La situation avait alors ravivé quelque peu les débats qui avaient suivi la crise du verglas en 1998 ; on s’était alors questionné sur notre précarité énergétique face aux intempéries. Avec la récente tempête, qui vient de connaître des résultats similaires juste à temps pour Pâques, on serait tenté d’y voir un signe du Saint-Esprit, exténué de la négligence des Québécois…
Rapidement, dans les sections commentaires, nombreux furent ceux qui en arrivèrent à cette conclusion tout à fait logique : Ce n’est pas demain la veille qu’on va se départir de nos poêles à bois ou au gaz. Nous sommes un peuple nordique, après tout. Il faut être prêt à toute éventualité.
Or, nous le savons bien, l’ambition transparente de nos gouvernements est de tout électrifier le plus rapidement possible et bannir toutes les autres sources d’énergie. On voudrait d’ailleurs que tout le parc automobile dépende de ce réseau électrique qui pour une deuxième fois nous fait défaut en si peu de mois! Manquer d’électricité chez soi, c’est toujours tolérable ; on trouve habituellement toujours une manière de s’éclairer ou se chauffer. Mais vous imaginez le bordel si, en plus, les transports deviennent paralysés par ces pannes?
La question du transport et de la distribution de l’électricité, c’est-à-dire le réseau de pylônes, de poteaux et de fils qui se rendent jusqu’aux foyers, est évidemment une question distincte des capacités énergétiques d’Hydro-Québec en tant que telles. Mais les problématiques qu’elles engendrent sont semblables.
Nous savons que les surplus énergétiques d’Hydro-Québec fondent à vue d’œil et devraient disparaître dès 2027, forçant la société d’État à mettre en branle rapidement de nouveaux projets de centrales électriques. Au même moment, le gouvernement veut forcer une transition énergétique vers l’électrique en bannissant les voitures à essence, en convertissant le chauffage au gaz des édifices publiques à l’électricité, etc. Et pour en rajouter, des groupes de pressions vont même jusqu’à proposer de bannir complètement le chauffage et les poêle au gaz naturel…
En bref, Hydro-Québec se dirige déjà vers une tâche monumentale, et nous ne cessons de rendre la tâche de plus en plus insurmontable en bannissant les autres sources d’énergie sur le territoire. Et ce faisant, nous consolidons notre dépendance à une source d’énergie qui, dans des pics de consommation, pourrait en venir à manquer.
C’est donc un peu la même dynamique pour ce qui est de l’état du réseau électrique. La vérificatrice générale nous informait récemment de son piètre état à l’heure actuelle et de la nécessité de remise à neuf d’une immense proportion de ses lignes. C’est donc dire que notre réseau en arrache et a été mal entretenu ; raison de ces récentes pannes majeures. Et au même moment, on électrifie toujours davantage, rendant toutes nos activités dépendantes de ce réseau vieillissant.
Ce faisant, tout comme en termes de production, nous mettons plus de pression sur le réseau et se rendons plus vulnérables en cas de pannes.
Le climat de Québec et ses caractéristiques géographiques font en sorte qu’il ne devrait y avoir aucune négligence d’un point de vue énergétique. Le froid, ici, peut carrément tuer. Dans ces circonstances, dépendre d’une seule source d’énergie pour l’ensemble de nos activités est un pari extrêmement risqué. Les Québécois devraient avoir le droit de choisir ce qui est le mieux pour eux pour chauffer, éclairer et nourir leurs familles. La diversité énergétique devrait être prônée plutôt qu’une transition risquée et à sens unique. Du bois de chauffage, du gaz naturel, une bouteille de propane, une voiture à essence ; c’est parfois ce qui sépare une panne tolérable d’une panne catastrophique ; jamais on ne devrait empêcher les gens de choisir.
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