Pourquoi les sociétés occidentales sont-elles si accueillantes envers des populations démunies provenant de pays en difficulté ? Pourquoi faisons-nous preuve d’une telle générosité dans l’aide humanitaire, alors que d’autres régions du monde, comme l’Orient, ne semblent pas éprouver le même besoin ? Ce phénomène porte un nom en sciences sociales : l’altruisme pathologique. Sans vouloir psychiatriser la bonne conscience occidentale, il s’agit d’un concept qu’il est pertinent d’explorer.
C’est le youtubeur Maudin Malin qui en parlait récemment, dans la seconde partie d’un reportage consacré au livre de Robert Putnam, un intellectuel progressiste américain. Putnam, qui souhaitait initialement démontrer les bienfaits du multiculturalisme, a fini par constater, à travers ses recherches, que ce modèle engendrait plutôt une méfiance accrue envers les voisins et les institutions.
L’altruisme pathologique est un concept développé par Barbara Oakley et d’autres chercheurs. Il désigne une forme d’aide qui, bien qu’animée de bonnes intentions, finit par nuire autant à celui qui la reçoit qu’à celui qui la donne. On observe cela, par exemple, chez les parents qui nuisent à leurs enfants en cédant à tous leurs caprices. Mais cette logique peut aussi s’appliquer à l’échelle des sociétés.
Une partie du cerveau est activée lorsqu’on fait le bien : il s’agit d’un mécanisme de récompense, comparable à celui ressenti pendant le sport ou les rapports sexuels. Mais pourquoi l’Occident est-il particulièrement touché par cette forme d’altruisme ? Les ressorts neurologiques sont encore mal connus, mais cela pourrait s’expliquer par nos conditions matérielles.
L’Occident a atteint un niveau de confort tel que beaucoup cherchent à combler un vide existentiel. Cela se manifeste peut-être par le désir d’aider les plus vulnérables — ou du moins, ceux que nous croyons vulnérables. Ou bien est-ce le poids d’une culpabilité historique, notamment liée à la colonisation, qui pousse les sociétés occidentales à vouloir « réparer » leur passé ?
L’Europe a en effet colonisé presque tous les continents. En Amérique, on rappelle régulièrement — notamment par la voix de militants indigénistes — que nous vivons sur des territoires non cédés, et que nous n’avons donc pas de légitimité historique à y être. Ce sentiment de culpabilité n’existe pas dans des pays comme l’Arabie saoudite, la Chine, le Japon ou l’Inde, qui n’estiment pas devoir régler tous les problèmes du monde.
L’altruisme appliqué à l’immigration se traduit par l’acceptation massive de nouveaux arrivants, souvent pour des raisons purement émotionnelles. Car qui voudrait voir souffrir des enfants ? Bien sûr, il est moralement juste d’aider autrui, mais lorsque cela se fait sans discernement, au nom d’un idéal cosmopolite mal défini, cela peut devenir contre-productif.
À Paris, par exemple, le théâtre de la Gaîté lyrique est aujourd’hui occupé par des migrants africains venus chercher de meilleures conditions de vie en Europe. Le théâtre ne peut plus fonctionner, et même un média d’extrême gauche comme StreetPress, qui y avait ses locaux, a dû lancer une campagne de dons pour se reloger. Ironie du sort : la gauche militante, longtemps mobilisée contre le racisme et pour l’accueil inconditionnel, se retrouve à devoir faire ses cartons pour laisser la place à ceux qu’elle a défendus.
À force de vouloir aider tout le monde, on finit parfois par se nuire à soi-même. Au Canada, par exemple, la crise du logement s’aggrave : les prix explosent, et les locataires n’ont plus le pouvoir de négociation qu’ils avaient lorsque l’offre était supérieure à la demande.
De plus, faire venir toujours plus de personnes des pays pauvres peut nuire à leur développement local. Des millions de jeunes diplômés d’Afrique ou d’Inde quittent leur pays, mais leurs diplômes sont souvent non reconnus ici, car difficilement comparables à ceux des meilleures universités occidentales. Le système ne leur rend pas forcément service.
À cela s’ajoute la volonté de certaines industries de recruter des travailleurs peu exigeants en matière de salaire et peu enclins à dénoncer des conditions de travail parfois illégales. Cet alignement entre bons sentiments et intérêts économiques donne naissance à une société fragmentée, où règne la méfiance : envers ses voisins, les autres communautés, et même les institutions.
Or, une société heureuse est avant tout une société fondée sur la confiance. C’est peut-être ce qui explique pourquoi les pays scandinaves — Norvège, Islande — sont perçus comme des modèles d’égalité et de démocratie : la confiance y est la norme. Au Canada, cette confiance s’érode. Aux États-Unis, elle semble avoir disparu, remplacée par la crainte de l’autre — souvent armé.
Cela nous pousse à nous interroger : quel genre de société voulons-nous construire ? Une société de confiance, comme en Scandinavie ? Ou une société fragmentée et méfiante, comme les États-Unis ou le Brésil ?
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