Nouvelle-Zélande : abandon du virage Net Zéro initié par Jacinda Ardern

Jonathan Leake rapporte dans The Telegraph, le 22 mai 2025, que la Nouvelle-Zélande a officiellement tourné le dos à l’une des principales politiques écologiques de l’ancienne première ministre Jacinda Ardern. Le gouvernement actuel a annoncé, dans le cadre de son plus récent budget, la levée de l’interdiction de forer pour le pétrole et le gaz offshore, une décision assortie d’un investissement de 200 millions de dollars néo-zélandais (environ 90 millions de livres sterling) pour encourager la relance du secteur.

Fin de l’ère Ardern : retour des hydrocarbures dans les eaux néo-zélandaises

Jonathan Leake souligne que cette annonce met fin à un moratoire adopté en 2018 par Jacinda Ardern, alors première ministre, qui déclarait alors que « le monde avait tourné la page des combustibles fossiles ». Inspirée de politiques similaires promues au Royaume-Uni par Ed Miliband – aujourd’hui secrétaire au Climat – l’interdiction visait à bloquer toute nouvelle prospection pétrolière et gazière, y compris dans les fonds marins prometteurs du pays.

Cependant, le nouveau gouvernement néo-zélandais, dirigé notamment par la ministre des Finances Nicola Willis, renverse cette politique, jugeant ses conséquences économiques et énergétiques trop graves. Mme Willis a confirmé la mise en place d’un fonds public de 200 millions de dollars néo-zélandais destiné à attirer les grandes compagnies pétrolières et gazières internationales. Ce virage est justifié par un double constat : la flambée des prix de l’énergie et le risque croissant de pannes d’électricité, en particulier lors des vagues de froid.

Une transition énergétique qui a tourné au fiasco

Shane Jones, ministre des Ressources, n’a pas mâché ses mots : « L’interdiction de Mme Ardern a été un désastre ». Il insiste sur les dangers de l’insécurité énergétique pour l’industrie et l’économie du pays. L’association de consommateurs Consumer NZ fait état de 110 000 foyers incapables de chauffer leur domicile au cours des trois dernières années. Quant à Transpower – équivalent néo-zélandais du National Grid britannique – elle a alerté à plusieurs reprises sur les risques élevés de coupures de courant, les énergies renouvelables ne suffisant pas à alimenter le réseau pendant les périodes critiques.

Selon Leake, la Nouvelle-Zélande a pourtant découvert d’importantes réserves gazières dans ses fonds marins. Leur exploitation restait pourtant interdite, paralysant de fait tout nouveau développement. Sean Rush, juriste britannique spécialisé en droit de l’énergie installé à Wellington, va plus loin : « Le gouvernement néo-zélandais a enfin fait preuve de courage. Le vrai danger existentiel n’est pas le climat, mais une économie privée de combustibles fossiles. »

Le gaz naturel, pilier de l’économie néo-zélandaise

Depuis 1959, la région de Taranaki est le cœur de la production de gaz naturel en Nouvelle-Zélande. Aujourd’hui, six grands gisements demeurent en activité – trois en mer, trois sur terre. Environ 30 % de cette production est destinée à la génération d’électricité, tandis que le reste alimente l’industrie chimique, notamment les engrais agricoles. Le déclin de cette production a directement entraîné une hausse des prix de l’électricité, une pression accrue sur les exportateurs et les fabricants, et une menace sur l’agriculture.

Leake indique que la législation qui mettra formellement fin à l’interdiction du forage devrait être adoptée dès le mois prochain, ouvrant la voie à de nouvelles demandes de prospection.

Pour John Carnegie, de l’organisation Energy Resources Aotearoa, il s’agit d’un tournant nécessaire : « Le gaz soutient l’ensemble de notre tissu économique, des transformateurs alimentaires aux exportateurs industriels. Cette décision devrait permettre d’enrayer le déclin actuel. »

Résonance internationale : un signal pour les autres économies occidentales?

Jonathan Leake conclut son article en soulignant que cette volte-face néo-zélandaise résonne bien au-delà du Pacifique. Alors que le Royaume-Uni, sous l’impulsion d’Ed Miliband, a lui aussi interdit tout nouveau forage en mer du Nord, les conséquences de telles politiques pourraient bien s’inviter dans le débat britannique. Le Royaume-Uni tire encore plus de 75 % de son énergie totale du pétrole et du gaz, dont moins de la moitié provient désormais de ses propres eaux.

Les critiques envers les politiques de type « net zéro » s’amplifient alors que les tensions sur les prix, les coupures et les pertes industrielles s’accumulent. La Nouvelle-Zélande devient ainsi le premier pays occidental à renoncer explicitement à une transition énergétique rapide au nom de la stabilité économique et énergétique.

Crédit principal : Jonathan Leake, The Telegraph, 22 mai 2025.
Sources additionnelles : Consumer NZ, Transpower, Energy Resources Aotearoa.

La Rédaction

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