Vous savez ce qui commence à m’agacer? C’est que, nous, les conservateurs, au Québec et au Canada, nous ressentions une certaine impuissance face à la pandémie de la covid-19. Mais qu’en même temps, nous jouions au gérant d’estrade pour critiquer les mesures sanitaires trop souvent excessives. Cela, sans vraiment expliquer ce que nous ferions différemment si nous étions au pouvoir.
Bien sûr, un système de santé plus efficient, avec une forte composante privée, n’aurait pas rationné l’offre de soins depuis des années et nous aurait donné plus de moyens et de souplesse pour affronter cette tragédie. Il va falloir rappeler cela dans les années qui viennent.
En attendant, je crois qu’il y a au moins un mouvement que nous devons appuyer, clairement et fortement, c’est la campagne de vaccination.
C’est le succès de cette campagne qui sauvera des vies, nous fera sortir du confinement et permettra la reprise normale des activités pour nos concitoyens.
Les experts estiment qu’il faudra que plus de 70 % des gens l’aient reçu pour atteindre une vraie immunité collective, bien plus rapidement et avec bien moins de morts que si on avait simplement laissé la maladie circuler.
Selon un sondage Ipsos, 70 %, c’est la proportion de Québécois qui pensent se faire vacciner dès que les doses seront accessibles. C’est bon, mais on est sur la ligne. Il faudrait plus.
C’est l’enjeu le plus important de la période actuelle et nous devons y contribuer de façon énergique et responsable.
L’attitude de la droite envers la science
La relation de la droite envers la science et le développement technologique est celle d’un enthousiasme modéré. C’est au cas pas cas. L’être humain est capable du meilleur comme du pire. L’amélioration de la productivité fait partie des aspects positifs des technologies. Et force est de constater que les vaccins, depuis Pasteur, ont contribué à une augmentation phénoménale de l’espérance de vie au XXe siècle.
Mais lorsque des innovations technologiques nécessitent la collaboration de la population, il faut être plus circonspect, car chaque individu est capable de juger ce qui est bien et ce qui est mal. Alors, on ne peut imposer de changements par la force. C’est vrai pour la vaccination.
Revenons la situation actuelle et n’y allons pas par quatre chemins : la mise au point rapide des vaccins contre le coronavirus est une victoire de la science, de l’industrie et de la libre concurrence. On est en droit de célébrer ce succès.
Le cas des pharmaceutiques
Est-ce que des compagnies pharmaceutiques pourraient mettre en marché un vaccin qu’ils savent non efficace ou même dommageable pour la santé? Non.
Pourquoi? Parce que cela va se savoir, forcément. Un vaccin est mis au point par des centaines de personnes. Les résultats du vaccin seront documentés dans tous les pays du monde.
Et ensuite parce que les concurrents d’une entreprise fautive, que ce soit Pfizer, Moderna, BioNTech ou Spoutnik, ne leur feraient pas de cadeaux; ils ne vont pas critiquer une entreprise négligente, ils vont la tuer. Une telle erreur, on ne la fait qu’une seule fois. Les actionnaires n’accepteraient pas une baisse massive de la valeur en Bourse et la faillite probable d’une compagnie qui aurait investi des milliards de $ dans une imprudence ou une fraude.
L’individualisme et le sens civique
À écouter certains anti-vaccins et même certains défenseurs des libertés individuelles, on éprouve une curieuse sensation : ces gens semblent avoir mis de côté toute compassion et avancent leurs seuls intérêts à court terme : sortir, faire ce qu’ils veulent, négliger les mesures sanitaires. Ils rejettent systématiquement toute limitation temporaire de leur liberté individuelle.
Cependant, les défenseurs de la liberté admettent généralement qu’elle doit être balancée avec le principe de responsabilité. Défendre les droits individuels ne met pas une croix sur l’altruisme. Nos droits ne se limitent pas au principe du plaisir et ne doivent pas porter atteinte aux libertés des autres.
Il me semble, pour paraphraser Alain Peyrefitte, qu’il est souhaitable de favoriser le fonctionnement d’une « société de confiance » qui facilite les transactions et des ententes libres entre individus. Une société de confiance est une bonne nouvelle pour ceux qui sont épris de liberté et de développement économique, mais elles suscitent naturellement la méfiance des complotistes et de l’extrême gauche.
Cette attitude de confiance raisonnable peut avoir un impact plus large. Beaucoup d’entre nous, à droite, souhaitons des réformes majeures de notre système économique et de notre réglementation. Ne nous y trompons pas : ce ne sont pas les sociétés méfiantes qui vont entreprendre ces changements; ce ne sont pas des sociétés qui passent leur temps à se chamailler, comme en France, ou à se plaindre, comme dans bien des pays de gouvernemaman, ce sont des pays où la liberté et la responsabilité sont une valeur cardinale (j’ai en tête les États-Unis, mais aucun pays n’est parfait).
Attention au flirt avec les anti-vaccins
Laisser se développer des accointances avec le mouvement anti-vaccin, ce serait le baiser de la mort.
Maxime Bernier a fait une grosse erreur en conversant amicalement devant les caméras avec le complotiste en chef Alexis Cossette-Trudel. Il a envoyé le mauvais signal.
Dans le mouvement anti-vaccin, il y a ceux qui croient que le Covid n’est pas vraiment une maladie sérieuse, que les chiffres de mortalité sont exagérés ou que la pandémie a été créée pour diminuer la population mondiale, nous inoculer des puces électroniques ou simplement pour vendre des vaccins. On navigue entre le délire et le marxisme de bas étage.
Ce dernier argument qui dénonce la cupidité des multinationales et des pharmaceutiques montre que certains anti-vaccins rejoignent l’extrême gauche dans leur détestation du big business.
Il ne faut pas caricaturer ceux qui se méfient des vaccins, mais répondre à leurs questions légitimes. Cependant, une bonne part de ces questions ont déjà des réponses connues et les leaders des anti-vaccins ne veulent pas les entendre. Ces leaders sont déjà brûlés et ils le savent, ils veulent juste exister encore un peu sous le soleil médiatique.
Ça fait des mois que ces vaccins sont testés sur des dizaines de milliers de personnes, sans sauter d’étapes, mais en conduisant certaines d’entre elles simultanément pour gagner du temps. On a pu constater que les effets secondaires qu’il peuvent causer sont beaucoup moins graves et récurrents que ceux attribués à la covid-19.
La réalité, c’est que les pays comme Israël et la France qui ont commencé à compiler des statistiques sur des centaines de milliers de personnes, relèvent très peu d’effets indésirables graves.
Les anti-vaccins sont souvent les mêmes qui refusent toutes les mesures sanitaires. La vie est faite de risques, disent-ils. Mais il ne veulent courir aucun risque avec les nouveaux vaccins. Étrange.
Le vaccin devrait-il être obligatoire?
Non. Le socialisme a tendance à privilégier cette approche : tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire. Il faut plutôt informer et mobiliser les citoyens. Ce sera la méthode la plus efficace et la plus respectueuse.
Il y a de nombreux vaccins qui sont devenus obligatoires au Québec, particulièrement ceux destinés à la petite enfance. Cependant, il faut créer un consensus avant d’imposer ce genre de mesure; souhaitons de ne pas en arriver là.
Pour la même raison, il ne faut pas interdire certains lieux, certaines activités et certains déplacements aux personnes non vaccinées. Cela pourrait alimenter les discours complotistes et conforter dans le refus une partie de la population.
Il faut, en contrepartie, appuyer les campagnes de persuasion. La droite peut jouer son rôle en parlant une frange non négligeable de l’électorat.
Demander des comptes à l’État bureaucratique impuissant
Le Québec dépense près de la moitié de son budget en santé. Mais les hôpitaux sont démunis. Une armée de fonctionnaires et un enchevêtrement de structures n’arrivent pas à répondre aux besoins, car il n’y a pas de mécanismes de marché qui permettent de s’adapter à la demande en temps réel. Il faudra débloquer politiquement cette situation en permettant au secteur privé de répondre à des besoins négligés et de fertiliser la gestion publique.
En attendant, la droite pose déjà les bonnes questions et doit demander des comptes aux gouvernements provincial et fédéral :
Le prix à payer pour l’impuissance de nos gouvernements sera encore plus de temps de confinement, une dévastation plus profonde des petites entreprises canadiennes et des délais inacceptables pour que les Canadiens puissent reprendre une vie quelque peu normale.
Quand nous serons sortis de la période où des mesures de protection doivent être suggérées et coordonnées, il faudra que les conservateurs et les personnes éprises de liberté s’assurent que l’état d’urgence sanitaire ne continue pas de traîner dans le paysage.
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